Major Parkinson – Valesa Chapter 1 : Velvet Prison

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Style: Arty Cinematic Progressive & Electronic RockAnnee de sortie: 2022Label: Apollon Records / Degaton Records

Il n’y a pas que des pandas amateurs de black metal en Norvège! Il y a (au moins) aussi Major Parkinson, qui s’illustrent maintenant depuis de nombreuses années, dans un genre bien à eux, mêlant approche arty et très cinématographique, avec des éléments issus du rock, de la musique de cabaret, de la pop, du prog ou encore du metal, le tout avec un chanteur au timbre bien particulier (qui peut provoquer l’adhésion ou le rejet et qui hasard du calendrier des sorties me fait à chaque fois penser à celui du chanteur de Disillusion).

J’avais déjà eu l’occasion en 2017 de vanter les mérites de la troupe de Bergen, et de son album Blackbox, et je suis vraiment ravi de pouvoir désormais dire quelques mots sur le successeur de cet excellent album. Un successeur qui n’est pas moins méritant d’ailleurs, car la qualité de ce nouvel opus est largement à la hauteur de celle du précédent. Ce Velvet Prison me semble même le surpasser légèrement en proposant des morceaux encore plus accrocheurs baignés dans une ambiance (non pas urbaine comme pourrait le laisser présager la pochette) synthético délirante (comment ça, ça ne veut rien dire ?) mise à l’honneur dans un concept album en forme de comédie musicale d’une grande richesse et variété avec ses 17 titres pour près d’une heure de musique. Un concept album peut-être en forme de rêve (c’est ce que pourrait laisser penser cette « alarme » qu’on entend si l’on tend l’oreille à la fin du morceau « Heroes » qui clôture l’album). Les morceaux s’enchaînent en tout cas sur la totalité du disque confirmant l’existence (a minima) d’un pseudo concept. Qu’on s’y attarde ou pas, l’important est que les morceaux soient de qualité et qu’on ne voit pas le temps passer à l’écoute de l’album.

Un album qui présente par ailleurs quelques particularités notables par rapport à ses prédécesseurs, à commencer par un recours plus important à l’électronique, même si des instruments plus organiques sont toujours utilisés (mais aucune trace de cuivres cette fois-ci contrairement au précédent album), à commencer par le piano qui nous accueille d’ailleurs d’entrée sur le premier véritable morceau de la plaque : « Behind the Next Door ». Il n’y a en tout cas plus grand chose de metal sur ces nouvelles compositions qui sonnent plus synthétiques mais non moins efficaces et réussies. Des morceaux comme « Behind the Next Door », « Live Forever » ou « Jonah » (qui apparaît dans une version très différente de celle que le groupe avait diffusée initialement en 2020) sur lequel on retrouve des chœurs gospel, s’avèrent être de véritables pépites inspirées, efficaces et plus subtiles qu’il y paraît de prime abord (écoutez les paroles de « Jonah » pour vous rendre compte de cette facette aigre-douce pas forcément évidente de prime abord du fait de la tonalité plutôt positive de la musique des norvégiens). Le groupe poussera régulièrement les amateurs de rock dans leurs retranchements, testant au maximum leur ouverture d’esprit tout au long de l’album avec des passages très 80’s dont « Saturday Night », les beats techno de « Live Forever » ou encore la première moitié très guillerette et sautillante du néanmoins excellent « Fantasia Me Now! » ne sont que quelques exemples.

Quelques passages feront aussi peut-être dresser l’oreille des plus vieux, sonnant au final plutôt (à mon avis) comme des hommages (volontaires ou involontaires d’ailleurs). En effet, parler de plagiat me semblerait exagéré s’agissant de morceaux aussi entendus et réentendus que ceux dont il s’agit à savoir « Time After Time » de Cindy Lauper qu’on perçoit sur une ou deux lignes vocales de « The Room » et « Radio Ga Ga » de Queen auquel il est difficile de ne pas penser sur le démarrage de « Fantasia me Now! ».

Entre ces différents moments, l’album est rempli de morceaux assez courts qui font office de transitions, ou d’intermèdes, mais qui ne sont pas là que pour décorer et participent au concept et au côté bordelico nawak que cultive Major Parkinson : on passe ainsi d’une pièce purement instrumentale (au piano) sur « Ride in the Whirlwind », à un morceau cabaret / piano (« Sadlands » qui démontre les qualités de chanteur de Jon Ivar qui sonne ici presque comme Bruce Springsteen) au délire de « Posh-Apocalypse » par exemple sur lequel notre chanteur en chef voit son timbre complètement déformé (j’ai pensé à « Das Boot » de U96, clin d’oeil aux plus vieux qui savent ce qu’était le Top 50), jusqu’au pétage de cable du plus excité « Moma » sur lequel il est secondé une fois encore par l’une des deux voix féminines qui l’accompagnent sur la totalité de l’album. L’une douce/doucereuse, presque enfantine même (incarnée par Peri Winkle qui me fait souvent penser à la chanteuse de Purity Ring), l’autre plus « sérieuse » (Linn Frøkedal qu’on entendait déjà sur Blackbox), elles font en tout cas aussi bien merveille sur des apparitions parfois fugaces comme sur « The Room » que lorsqu’elles tiennent presque le premier rôle à l’image de « Fantasia Me Now! » sur lequel la voix de Peri est saturée d’effets accentuant encore le côté naïf de son timbre.

Un joyeux bordel en apparence que ce Velvet Prison qui semble donc être le premier volet de cet énigmatique Valesa, mais un joyeux bordel qui n’en est pas un en réalité et qui démontre surtout la maestria du groupe pour proposer son propre univers et jouer de ses codes, et s’avère au passage rapidement aussi infectieux et contagieux que son grand frère.

Probablement quand même à réserver aux plus ouverts d’esprit ou amateurs de musique aventureuse donc (quoique) mais ceux-ci devraient être ravis de la découverte (les amateurs de 6:33 par exemple, qui trouveront d’ailleurs ici un album bien meilleur que le dernier en date des français). Major Parkinson confirme en tout cas pleinement l’intérêt que je lui trouvais déjà et nul doute que ce superbe nouvel album figurera en haute place dans mon top annuel 2022.

Tracklist :
01 – Goodbye Blue Monday
02 – Behind the Next Door
03 – Saturday Night
04 – Ride in the Whirlwind
05 – Live Forever
06 – Sadlands
07 – Intermezzo
08 – Jonah
09 – Velvet Moon
10 – Irina Margareta
11 – The House
12 – The Room
13 – Posh-Apocalypse
14 – MOMA
15 – Lemon Symphony
16 – Fantasia Me Now!
17 – Heroes

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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