Avec à son bord des membres de L’Effondras, Poil ou également PinioL (bah voyons!), soit des groupes (français au moins dans leur noyau dur s’agissant du deuxième) connus pour leur capacité à tricoter dans une +/- joyeuse et saine ambiance, on se doutait qu’on aurait affaire avec Ni à de sacrés clients très aguerris et beaucoup plus que capables.
Et pour autant, à l’image de cette pochette bien bouffone, la musique de Ni est difficile à classer autrement qu’en utilisant des qualificatifs issus du registre de la santé mentale ou de l’épilepsie. Tout va très vite, c’est très technique à tous les postes (mention spéciale à la batterie, mais on n’oubliera ni la guitare ni la basse toutes parfaitement audibles et plus que carrées), saccadé façon math-rock presque jazzy, et là où les rhône-alpins sont (très) bons, c’est qu’ils parviennent régulièrement à incorporer ce qu’il faut d’accroche dans leur musique 100% instrumentale (les quelques cris sur « Brusquet » ou « Rigoletto » ne suffisant pas à parler de chant) pour qu’on suive finalement assez facilement ce qui aurait pu apparaître autrement comme une pénible cacophonie. En comparaison des morceaux de L’Effondras ou PinioL, Ni propose des morceaux moins post-rock et ambiancés que le premier, et plus directs et concis que le deuxième (même si « Berdic » et « Cathelot » font figure d’exceptions en dépassant les 7 minutes, le premier ayant le bon goût de reposer un peu -j’ai bien dit « un peu« – les tympans après les assauts continus des 3 premiers titres, ce que fait également la triplette « Triboulet » plus nuancée et variée dans son approche).
Nul doute que la musique de Ni donne un sacré coup de fouet. On pense un peu à Zu pour rester dans les groupes à deux lettres pas seulement à cause du saxo présent sur « Brusquet », mais probablement aussi à défaut de réferences plus pertinentes (et plus récentes, notre connaissance des italiens restant figée sur l’excellent Carboniferous).
Ce sera là mon seul grief à l’encontre de Fol Naïs : ces 47 intenses minutes sont un peu fatiguantes sur la longueur pour être honnête (et pour autant l’écoute n’est pas recommandée avant de se coucher sous peine de risquer de ressentir les mêmes effets qu’une grosse surdose de caféine).
A écouter donc peut-être en deux fois, quand on n’a pas le coeur suffisamment jeune/accroché pour tenir la cadence, mais difficile de ne pas reconnaître à Ni un grand talent dans ce qu’ils font, et de proposer une musique à la fois riche, intéressante et ô combien énergisante!
Tracklist :
01 – Zerkon
02 – Dagonet
03 – Brusquet
04 – Berdic
05 – Chicot
06 – Rigoletto
07 – Triboulet (Part I)
08 – Triboulet (Part II)
09 – Triboulet (Part III)
10 – Cathelot