Quand on parle de The Legion , il n’est pas rare d’entendre un « ah ouais l’autre groupe du batteur de Marduk ». Même si cette phrase est techniquement correcte elle fait oublier que Emil Dragutinovic était chez The Legion bien avant d’être dans Marduk et que par conséquent cela serait plutôt ce dernier « l’autre groupe » du cogneur fou. Pourtant si les analogies avec Marduk ne manquent pas dans ce disque, d’un point de vue musical on en est plutôt à 100 lieues et tant mieux. Cette phrase vous rend perplexe peut-être ? Si d’un point de vue musical on est loin de Marduk comment peut-on décenler des analogies? Pour la simple et bonne raison qu’outre le fait qu’Emil soit dans les deux groupes, la production de l’album a été confiée non plus a Tommy Tägtgren comme pour Unseen to Creation mais à Devo Andersson. Et qui est Devo Andersson ? Bah oui, le bassiste de Marduk et producteur du dernier méfait de ceux-ci Plague Angel . Pour ce qui est des analogies avec Marduk on en restera là, passons à la musique.
Là où The legion se vautrait dans un black vraiment trop conventionnel sur leur précédent album, ici nos amis suédois se sont lâchés et sortent carrément du black traditionnel pour frapper un grand coup avec un black technique des plus aboutis. Evidemment on ne pourra pas passer sous silence la prestation spectaculaire de Emil qui se lâche complètement dans un déluge de technicité à faire pâlir des Hellhammer par exemple. Aucun doute que l’on tient ici une des nouvelles grandes pointures de la batterie dans le métal extrême. Soulignons au passage également que le brailleur du groupe sur cet album n’est en fait que le bassiste de l’époque Larz Martinsson, viré depuis peu. Ici on pourra donc entendre Kjetil Hektoen recruté depuis peu, et accessoirement batteur de Crest of Darkness . Ca va vous suivez ? Prenez des notes hein… Dommage que le groupe ne parvienne pas à trouver une stabilité de line-up, on ne peut que s’inquiéter de la suite des événements pour eux. Mais revenons à nos moutons avec ce Revocation.
Dès l’entame on en prend pour son argent avec cette petite intro de guitare sur « Grotesque Savior » préparant le terrain pour la moissonneuse batteuse Emil et son armée de décibels. D’abord très Death/Black Suédois dans un premier mouvement le groupe s’envole dans la destruction en seconde partie de morceau et en un seul morceau on peut déjà comprendre tout ce qu’on va se prendre en travers des dents. La basse est toujours très avant et facilement identifiable, loin des habituelles productions black suédois où la basse est noyée, la voix bien qu’un peu en retrait est correcte sans apporter de réelles nouveautés et les guitares au mieux de leur forme. Inutile encore une fois de vous bassiner avec Emil qui, d’entrée de jeu prouve qu’il fait partie de l’élite, et qu’il ne sait pas que taper comme une brute et que de technique il ne manque pas le bougre. Après ce déluge de décibels le carnage est loin d’être fini avec un « Virtue of Sin » typiquement 1349ien. Mais là ou le groupe fait très fort c’est qu’il est capable de nous pondre des monstres comme Virtue of Sin mais aussi et je dirais surtout des morceaux plus calmes, plus atmosphériques comme sur « Bloodgate ». Une fois encore l’occasion pour Emil de nous montrer que quand il faut freiner il est toujours là et que la puissance reste intacte.
Même si le groupe n’a pas inventé quelque chose de très nouveau il nous offre un album de brutal black death technique de très grande qualité. Comme Dark Funeral qui fut ma surprise de l’année 2005 je parierais sur The Legion comme un de mes albums black de l’année sans pour autant trop s’avancer avec l’arrivée prochaine de la grosse pointure Satyricon. Gageons en tout cas que l’effet sticker saura propulser le groupe sur le devant de la scène, l’effet « Featuring Emil Dragutinovic from Marduk » aura donc un bon côté, répandre la destruction de The Legion dans le plus grand nombre de chaumières. C’est Maman qui va être contente.
- grotesque savior
- virtue of sin
- annihilation chaos
- horror vacui
- impious gathering
- bloodgate
- deadlight afterglow
- carnal harvest
- nocturnal apparition