Il y a deux façons d’aborder ce nouveau Satyricon. Soit l’on fait partie de ceux qui espèrent un retour aux sources, et, autant le dire tout de suite, ceux-là risquent d’être déçus, soit l’on fait partie de ceux qui ont accepté depuis bien longtemps que Satyricon est une entité en évolution constante. Si vous faîtes partie de cette dernière catégorie, il se pourrait malgré tout que l’écoute de ce nouvel album vous perturbe quelque peu, avant probablement d’y succomber définitivement.
De toutes manières Satyricon a régulièrement pris ses fans à contre-pied. On ne peut pas dire que Nemesis Divina, Rebel Extravaganza, Volcano, et Now Diabolical aient quelque chose à voir entre eux. Pourtant à chaque fois ces albums sonnent comme du Satyricon sans aucune discussion possible. Là a toujours été la force des norvégiens, proposer quelque chose d’évolutif tout en restant eux-mêmes. Par contre, on ne peut pas dire que le fossé était aussi énorme entre Now,Diabolical et The Age of Nero. Ces deux albums étaient assez proches l’un de l’autre stylistiquement parlant, et on pouvait craindre un début d’essoufflement pour ce nouvel album.
Soyons franc, ma première confrontation avec le nouvel album des norvégiens ne s’est pas bien passée. A la première écoute, je n’y ai pas trouvé un grand intérêt, je dois bien l’avouer. Conditions d’écoute mauvaises et peut-être pas dans le bon état d’esprit, peu importe, j’avais décrété que cette fois-ci il ne serait pas pour moi. Et puis, j’ai décidé de réessayer. Et là tout s’enchaîne, « Ah ouais finalement l’enchaînement « Voice of Shadow »/ »Tro og Kraft » est vraiment pas mal, sympa les passages calmes d’ailleurs… Tiens « Our world it rumbles » passe mieux en album qu’en titre isolé…, Eh « Nocturnal Flare » est vachement bien en fait… » bref je vous passe tous les commentaires que j’ai pu émettre. Et d’un coup, la claque est venue de là ou je ne l’attendais pas. On en rediscutera plus bas dans cette chronique, mais cette claque a pris la forme d’un oiseau de feu. La seconde moitié de l’album n’en a eu que plus de saveur avec notamment les très réussis « Ageless Northern Spirit » et « The Infinity of time and space ». L’outro, « Natt », venant clôturer magnifiquement le tout.
Alors, si Satyricon reprend dans les grandes lignes quelques éléments de ses deux prédécesseurs (« Nekrohaven », « Our World it rumbles », exemples les plus parlants), il prend une direction légèrement différente. Plus posé, plus « calme » (tout est relatif) et globalement plus progressif, cet album procure une sensation étrange. Comme le laisse supposer la pochette et le livret, on navigue constamment entre ombre et lumière. Mais quand la lumière se fait, c’est pour mieux accentuer la face sombre qui émane du morceau. Un peu comme si l’on se promenait en sous bois par une belle fin d’après midi d’automne, mais tout en se sachant épié à travers les feuilles. C’est d’ailleurs cette image que je retiens le plus souvent, et qui se vérifie lorsque l’on se plonge dans le très joli livret du disque. C’est un album qui sent la forêt, et la feuille morte, ou il règne une douce ambiance automnale. Il règne aussi dans ce disque une forme de mélancolie, de tristesse larvée qui donne cette couleur particulière aux compositions. Les riffs plaintifs et le rythme relativement lent de l’album accentuent cette impression, cette langueur procurant un côté faussement rassurant. En témoignent « Tro og Kraft », « Nocturnal Flare » ou encore « The Infinity of Time and Space ». L’intro et l’outro de l’album participant aussi pleinement à la mise en place de l’atmosphère particulière qui règne tout au long de ce disque.
Evidemment on ne peut pas parler de ce nouvel album sans parler de « Phoenix ». Ce titre est visiblement sujet à discussion et à division, mais de mon côté je trouve qu’il est tout simplement sublime. Malgré son aspect, certes, accessible, « Phoenix » reste une composition de Satyricon. Musicalement parlant, c’est évident. Vocalement effectivement, le chant clair, assuré par Sivert Høyem (Madrugada), surprend, mais reste impeccablement intégré dans le disque et ne désunit pas l’ensemble bien au contraire. Il ne fait absolument pas tâche dans un album plutôt bien construit.
Satyricon est un album en tous points remarquable, qui montre une facette et une évolution très intéressantes. Le coup de force de ce disque étant de proposer, encore une fois, quelque chose de relativement différent, tout en gardant la patte Satyricon. C’est léché, travaillé, et recherché, sans être ennuyeux à aucun moment, ce qui fait que les 51 minutes de ce disque passent toutes seules. Seul l’avenir nous dira quelle place prendra ce disque dans la discographie du groupe. En tout cas, chez nous, il a fait mouche, et dans mon esprit je le place parmi les meilleurs efforts du groupe.
http://www.youtube.com/watch?v=wX1A3SBBm8U
Tracklist :
1.Voice of Shadows
2.Tro og Kraft
3.Our World, it Rumbles Tonight
4.Nocturnal Flare
5.Phoenix
6.Walker Upon The Wind
7.Nekrohaven
8.Ageless Northern Spirit
9.The Infinity of Time and Space
10.Natt
Je suis d’accord avec cette chronique, l’album surprend, Phoenix surtout forcément (morceau digne d’un générique de Manga pour ma femme qui s’est montrée moins indulgente que moi, de nature assez friande de gothiqueries d’un goût douteux héhé). On sent une volonté de synthétiser un peu en bouffant à tous les rateliers de ce qui a fait leur brillante carrière jusque là, et dans ce sens, c’est meilleur que « the age of nero ».
Qualitativement parlant par contre, on reste à la heuteur de « the age of nero », quelques bons titres et pas mal de riffs peu inspirés sans être dérangeants pour autant. Je ne reproche pas à Satyricon je jouer du Satyricon mais…un peu quand même sur ce coup, ils ont mis beaucoup de temps pour nous pondre ça je trouve (c’est assez malin, ça ne fonctionnerait pas en sortant un album de ce calibre par année ^^).
On reproche souvent à Frost de ne pas étaler ses capacités dans Satyricon et pour cela je le remercie, j’aime beaucoup sa manière de jouer avec sobriété et efficacité. La production par contre… faudra encore une fois augmenter le treble sur votre equalizer… trop de basses, son un peu étouffé et paradoxalement la basse (l’instrument) est peu audible, dommage.
Subjectivement, j’adore ce disque, car je suis heureux de retrouver Satyricon, qu’ils aient pris des risques et livré un bon album. Mon amour presque aveugle pour ces gars qui m’ont fait vivre des concerts de malades surpasse ma capacité à les lyncher. Objectivement, je le trouve assez moyen, accessible et donc pas forcément d’un énorme intérêt sur le long terme (quoique….seul le temps me le dira). Je ne le choisirais pas pour faire découvrir le groupe à qqn qui cherche de la « bonne musique », mais je le proposerais volontiers à qqn qui les connaît et est ouvert d’esprit, ouvert à la facilité et à l’accessible aussi, car certains préféreraient se suicider plutôt que d’avouer que Phoenix tourne en cachette sur leur ipod non-scrobblé hahaha.
Un bon 3.5/5 pour ma part, afin de concilier ces deux visions. La même note que je donnerais aujourd’hui à son prédécesseur, sympa, voire jouissif par moments, mais pas du calibre de leurs albums jusqu’à « Now, Diabolical ».
Pour moi cet album est bien supérieur à The Age of Nero. Je suis toujours aussi fan de la voix de Satyr, de ses riffs et même du jeu de batterie de Frost. Reste un doute sur la durée de vie de l’album mais je suis vraiment très satisfait par ce cru 2013.