Satyricon – Now Diabolical

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Style: black metalAnnee de sortie: 2006Label: Roadrunner Records

D’habitude Satyricon n’était pas ce genre de groupe que l’on attend des années et des années avant qu’il nous propose quelque chose à nous mettre sous la dent. Avec environ un album tous les 2 ans, le duo norvégien nous avait habitué à son rythme. Seulement voilà avec 2002 et son Volcano, le groupe rencontre un plus large succès et se permet donc d’interminables tournées aux Etats-Unis notamment, ou en Europe. C’est donc le double de temps qu’il aura fallu attendre pour voir arriver le successeur du volcan. Autant dire qu’après les déceptions de Darkthrone et celle, relative, de Volcano (qui contenait quand même le morceau le plus exceptionnel du groupe selon moi avec ce « Fuel for Hatred » divin), on était en droit de se demander ce qu’un des leaders de la scène black norvégienne allait être capable de nous sortir. Les choses ont commencé à s’éclaircir au début de l’année quand un bout du morceau Now, Diabolical était mis en ligne sur le site officiel du groupe. Ils allaient garder le style mis en place sur Volcano, à savoir un black à l’arrière gout de thrash, loin de leurs débuts atmosphériques et symphoniques de The ShadowThrone ou Dark Medieval Times. Comme on peut le lire dans l’interview de Satyr publiée ici même, on était clairement toujours dans ce « Satyricon volume 2 », débuté avec Rebel Extravaganza en 1999. Certains ont donc définitivement tourné le dos au groupe, se sentant trahis par la nouvelle orientation de la bande, d’autres ont pris le virage avec Satyr et ont continué à suivre le groupe dans sa recherche musicale. En 2006, qu’allait donc apporter Satyricon à l’ouvrage black métal. Grande question…

Constatons d’abord que Satyricon a toujours été le genre de groupe à prendre des risques. Après un Nemesis Divina applaudi par la presse et les fans, le groupe se permet de prendre à contre-pied tout le monde avec son Rebel Extravaganza. Croire donc que Now, diabolical serait la suite logique de Volcano tenait plus du suicide mental que de la divination. Alors certes, les ambiances au clavier ne sont toujours pas là, les mélodies à la « Mother north » mortes et enterrées et le côté thrash/black toujours bien là.
Mais première différence de taille, le son est étrange, un peu étouffé, les guitares très raw et bien tranchantes et la batterie n’en fait pas trop. La où Volcano s’amusait à être plus énergique, ce petit dernier retourne au fin fond des ténèbres nous sortir une nouvelle bande son composée par notre pote Satan. Evidemment la première écoute choque, on se sent repartis quelques années en arrière. Pourtant le son est à l’image de la musique, plus froide, plus intime presque, et gueuler contre ce son serait gueuler contre l’essence même de la musique. « KING » par exemple sait être à la fois terriblement catchy avec son riff wak’n’wol tout en gardant en arrière plan cette noirceur dont je parlais et se précipiter pour râler contre le son c’est avoir loupé l’intérêt du disque. J’en parlais plus avant, ce disque est loin de mettre notre ami Frost à la peine, les tempos sont lents, les passages en double très discret et très courts (cf. « The Pentagram Burns ») et surtout le son de celle-ci est très en retrait. Pas franchement habituel pour un Frost me direz-vous et tant mieux vous répondrais-je. Inutile de nous pondre un 1349 bis, ces derniers proposant un exercice de vitesse intéressant pour notre batteur poulpe à la hauteur de sa réputation. Ici, son jeu en break, en ralentissement et en finesse est mis en avant (cf. « Delirium »).

Point intéressant pour cet album, il ne souffre pas du « syndrome tube » duquel patissait son prédécesseur. Et même si des morceaux peuvent clairement être mis en avant sur cet album comme le final « To The Mountains » ou le fameux « King » aucun de ceux-ci ne va compromettre le reste de la galette comme le faisaient « Fuel for Hatred » et « Possessed » sur Volcano, qui avaient la fâcheuse tendance de capter l’attention de l’auditeur pour finalement avoir bien du mal à la relâcher. Le soufflet n’en retombait que trop vite quand le morceau suivant n’était pas de la facture de celui se terminant.

Revenons maintenant sur le cas « To The Mountains » car ce morceau est tout à fait intéressant. Outre une structure soignée au tempo très lent mais aux accélérations de batterie surprenantes, le titre se termine par une présence remarquable de cuivres. Des trompettes sur un album de Satyricon ? Forcément ca surprend mais non seulement le résultat est excellent mais il peut peut-être nous donner des indices sur les expérimentations futures du groupe. Mais ne faisons pas de plans sur la comète et apprécions le morceau pour ce qu’il est, une magnifique démonstration du talent de compositeur de Satyr. N’occultons pas le travail de Frost sur ce morceau qui est, comme je l’ai dit et comme toujours avec ce type, proprement excellent.

Cependant tout n’est pourtant pas rose sur cette galette certains reproches peuvent pointer le bout de leurs petits nez par ci par là. Premièrement, le morceau-titre de l’album est trop long. 5 minutes 30 avec à peu prêt la même structure tout du long et une répétition…répétitive… du nom du morceau finit par gaver au bout de 4 minutes. Même punition pour « Delirium » où, si à la fin du morceau on a pas compris qu’il s’appelait « Delirium » le rendez vous chez l’ophtalmo est indispensable. C’est pas grand-chose mais je trouve ça un poil pénible. Ensuite même si le tout nous est présenté sous la forme d’un album de true iveul black métal (pochette bien moche, nom d’album ténèbre et noms de morceaux tellement dark que même Dark Funeral va être jaloux) on est très loin du true-raw-méchant-black-métal-sataniquetamère et ce, malgré les aspects sombres abordés précédemment. Une imagerie un brin moins sataniste n’aurait pas vraiment été un luxe et n’aurait peut-être pas induit en erreur une partie des auditeurs du groupe qui pensaient, au vu de la pochette, que Satyricon allait replonger dans son passé.

Malgré ces quelques points vous en conviendrez sans grande importance, Satyricon nous offre un grand disque de black/thrash sombre et efficace. Si vous cherchez un Nemesis Divina 2, ce disque n’est clairement pas fait pour vous, ni même si vous cherchez un disque de raw (ou true) black pour faire peur à mémé. Le voyage vers les abysses que nous propose Satyr est un voyage qui se fait en s’imprégnant de la musique, sans déluge de bruit, la violence suggérée, toujours tapie dans l’ombre, prête à bondir. Et même si le black brutal est un genre que j’apprécie, ce type de black que je qualifierais d’intelligent est tellement plus rare que ne pas sauter sur l’occasion de découvrir son meilleur représentant depuis longtemps serait une erreur. Sur ce…

  1. now, diabolical
  2. k.i.n.g.
  3. the pentagram burns
  4. a new enemy
  5. the rite of our cross
  6. that darkness shall be eternal
  7. delirium
  8. to the mountains
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17 Commentaires

  1. krakoukass Krakoukass says:

    Pas très familier de ce genre et pas du tout de la discographie de Satyricon, j’ai bien accroché sur cet album très prenant de bout en bout. Mention spéciale à « The Pentagram Burns » que j’adore. Je précise qu’on retrouve déjà les cuivres de « To The Mountains » (certes plus subrepticement) sur « The Rite Of War Cross ».

  2. darkantisthene says:

    mou du slibard

  3. krakoukass Krakoukass says:

    Ouais, lent mais bon néanmoins.

  4. darkantisthene says:

    ah mais c’est pas la lenteur en soi qui me dérange seulement je ne le trouve pas puissant, pas malsain====>mou du slibard form da hell of da bloody sky

  5. Timmy says:

    Le plus grand album de tous les temps ? Probablement.
    Bénéficiant d’une unité que n’avait pas I.T.P et d’une beauté cristalline que n’avait pas Human, Death se lance dans des structures progressives avec majesté.
    Jamais techniques et émotions ne s’étaient accouplées avec tant de brio, et la technicité des musiciens – que ça soit Chuck, dieux bénisse sa voix et son touché, Kelly Conlon et sa basse au son délicieux, Gene Holgan et son jeux – parfait, tout en finesse, imprévisible, varié, jamais un batteur n’avait à ce point magnifié son instrument, des blasts absents, et qui s’en plaint ? – – ne fait que sublimer des morceaux pleins d’une beauté qui force à l’observation contemplative. C’est beau.

  6. Timmy says:

    Oh là, trompé de rubriques les amis !

  7. Hallu says:

    Pas dément cet album… Loin du côté froid et abyssal dont parle Satyr. Et j’en ai un peu marre du « poum tchak » toujours redondant chez Satyricon, qui est encore plus visible ici de par l’absence de blasts ou de parties rapides. Certes les riffs sont toujours aussi bons et les quelques cuivres intéressants, mais ça ne suffit pas à palier au manque d’ambiance.
    PS : chronique démeusurément longue, c’est de pire en pire.

  8. darkantisthene says:

    tu as raison c’est de pire en pire ici, je ne peux que te conseiller d’aller voir l’herbe plus verte qui se trouve ailleurs, loin, très loin…

  9. dark hypp says:

    Au moins il y a un effort d’écriture….
    je ne comprendrai jamais l’interêt de la plupart de tes interventions!

  10. dah-neir says:

    Hallu ferme ta grande gueule… merci de ta comprehension…

  11. cava76 says:

    Et si on lui trouvait une femme? si on s’y met tous …

  12. Ellestin says:

    C’est compulsif chez lui de collectionner les « la ferme! » et les « va te faire voir! ». Mission accomplie la plupart du temps et ce sur tous les webzines :o)

  13. Solarfall says:

    M’a tout l’air excellent ce ptit Satyricon. C’est vrai que les tempos sont relativement ralentis (je ne m’en plains pas, j’ai jamais pu encaisser Rebel Extravaganza), mais l’inspiration est toujours là. On est dans la droite lignée de Volcano, la surprise n’est donc pas au rendez-vous, mais les head banguent toujours :o)
    Darkantisthène, tu as deja trouvé la musique de Satyricon malsaine ? Parce qu’a y réfléchir, je n’ai jamais rien trouvé de « malsain » chez eux à aucune époque…

  14. darkantisthene says:

    effectivement malsain n’est peut-être pas le terme le plus approprié pour qualifier la musique de ce groupe… je suis joué!

  15. Solarfall says:

    Je confirme, c’est une bombe… Je ne parle pas d’une originalité hors du commun, mais les morceaux de ce dernier Satyricon font tous mouche (avec KING et delirium en retrait des autres, sans doute), c’est direct, efficace, addictif, bref un album excellent dans la directe lignée de son prédecesseur, qui se termine sur un To The Mountains de toute beauté… J’achète (c’est bien la 1ere fois que j’adore 2 albums consécutifs de Satyricon ! ^^)

  16. Alexandre says:

    Il est là, enfin, ce tant attendu “Now, Diabolical”!
    Mais, quatre ans après la sortie de “Volcano”, que peut bien nous réserver le duo SatyR-FrosT, frères d’armes dans l’armée des Ombres Norvégiennes, depuis les débuts du groupe?
    Tout d’abord, un changement de label: départ de la major E.M.I, sur laquelle ils sont restés le temps pour eux d’enregistrer un album (“Volcano”; 2002), pour rejoindre l’écurie Roadrunner.
    Puis, autant le dire tout de suite, ce CD ne s’encombre pas de fioritures.
    Après une première approche, au début de leur carrière, donnant dans un Black Médiéval, unique, avec notamment le cultissime “Dark Medieval Times” (1993), suivit d’une phase plus expérimentale, trouvant son paroxysme avec “Rebel Extravaganza” (et ses plans complexes), SatyricoN amorce avec l’avant dernier album “Volcano”, un virage qui le dirige vers un Black plus direct, mais encore teinté “d’effets divers” de par l’utilisation de samples.
    Sur ce dernier effort “Now, Diabolical”, SatyricoN continue dans cette même voie, avec cette volonté d’aller à l’essentiel qui se fait nettement plus sentir. Point de superflus! Sur cet essais, qui se révèle être un coup de Maître, le groupe va droit au but. Et de quelle manière! Les compositions, mid tempo, sont particulièrement soignées, l’atmosphère qui s’en dégage, est lourde, pesante, aidée en cela par la voix maudite de SatyR (parfaitement compréhensible), et le jeu de batterie si particulier du sorcier Frost.
    Les deux compères sont ici à leur affaire, et démontrent avec force que simplicité peut encore rimer avec qualité et efficacité!
    Comment font-ils pour arriver à pondre de telles oeuvres?
    “Now, Diabolical” , sorti 13 ans après “Dark Medieval Times”, est gorgé d’idées lumineuses, éclairant, telles des flammes rageuses, la noirceur de morceaux, repoussant encore un peu plus les limites d’un style; qui joué de la sorte par d’aussi bons et passionnés musiciens, peut être ici qualifié d’Art. Un Art sombre, mystérieux, inquiétant, gorgé de mélodies implacables, de refrains et de riffs entêtants, ayant sur l’auditeur un effet hypnotique.
    Tout sur “Now, Diabolical” est parfaitement dosé, pensé, agencé, réalisé, executé; et les éléments “thrashisant” réhaussent la saveur d’un Opus déjà bien relevé.
    L’artwork pour sa part, et au regard de la musique proposée, est sobre, sombre, et somptueux.
    2006 restera pour SatyricoN un Grand Millésime.
    Je vais d’ailleurs en reprendre un verre sur le champ. Et après j’en ouvre une autre bouteille; hum! Excellent!
    Que dis-je: DIABOLIQUE!!

  17. wise says:

    juste un truc qui commence à me gonfler un peu mais rien de grave: c’est « The rite of OUR cross » bordel ;-)
    A part ça, excellent album, comme tous les autres d’ailleurs !

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