Originaire de Pologne, Entropia est un jeune groupe dans l’air du temps. En effet, le groupe mixe black metal, postcore et shoegaze, nomme ses morceaux « de manière conceptuelle » avec des noms d’illustres inventeurs/personnages historiques et met tout ça en libre téléchargement sur sa page Bandcamp. Un genre d’optique vu et revu sur les blogs spécialisés ces dernières années, si bien que c’est avec une certaine méfiance que se présente cet album, la faute à des wagons de groupes du style de qualité aléatoire.
Pourtant les premières mesures de Dante vont vite faire ravaler ces aprioris. Le black metal d’Entropia développe une atmosphère à la fois sombre et épique (par quelques discrètes touches de synthé). Gauss poursuit dans cette voie blackisante dans un esprit assez « cascadien » à la Wolves In The Throne Room tout en prenant le temps de surprendre l’auditeur (les chouettes arpèges en seconde partie de morceau). En tous cas, on est très loin du « blackgaze » sans âme auquel on aurait pu s’attendre !
Pascal montre une autre facette du groupe, la facette « post ». On la redoutait un peu celle-là… L’intro de ce titre est en effet beaucoup plus posée, très post-rock. Mais le black metal fait son retour, toujours dans cet esprit post façon Altar Of Plagues pour un long mid-tempo aux transitions ultra travaillées, entre tremollo et emploi parcimonieux de claviers atmosphériques. L’instrumental Vesper récupère ensuite cette enveloppe post-rock pendant huit minutes. Sans bouleverser le genre, ce morceau-titre fort bien exécuté sert de parfaite transition avant Tesla, qui gagne la palme du titre le plus agressif de l’album ! Si sa tension retombe pourtant un peu dans sa seconde partie, ce titre n’est pourtant pas désagréable à suivre (grâce à un superbe final). Enfin, Marat termine cet album comme on l’avait commencé, avec un post-black d’excellente facture, parsemé de multiples influences mais surprenant de bout en bout.
En s’attaquant à un tel style, Entropia a pris pas mal de risques, principalement celui d’être noyé dans la masse de clones « black metal à casquettes » ou autres appellations « post ». Or les polonais parviennent à s’en extirper en proposant un black metal dynamique, entre paysages poignants et pure agressivité. Ce serait donc bien dommage de passer à côté de Vesper, qui, en qualité de premier album, montre pas mal de promesses.
- Dante
- Gauss
- Pascal
- Vesper
- Tesla
- Marat