Le groupe semble confiant, proclame qu’on a affaire à un des meilleurs albums de goth rock de la voie lactée (sans pour autant avancer qu’il s’agit de LEUR meilleur album) et s’enorgueillit d’avoir pu travailler avec le boss en la matière qu’est John Fryer (Depeche mode, HIM, NIN). Les critiques, quant à elles, n’ ont pas l’air franchement hostiles à cette conception et n’ont de cesse de mettre en avant la supériorité de ce filthy notes for frozen hearts sur le reste des manifestations que le genre a pu connaître ces dernières années.
Mouais, à voir. Pourtant on ne peut pas dire que les allemands provoquent chez moi une poussée d’urticaire : j’ai quasiment toute leur discographie et ai su aisément m’adapter à leur évolution vers des compos de moins en moins metal (le titre Sad theme for a marriage va même lorgner du côté des Dreadful shadows peu suspect de débauches brutales).
D’autant qu’il n’y a pas de violents changements sur ce 7ème album si ce n’est un chant encore plus langoureux et envoûtant qu’auparavant et un son plus « alcoolisé » je dirais, moins propre et donc parfaitement adapté aux velléités décadentes et lascives de cette machine à émouvoir et pervertir les jeunes âmes qui ont des tresses. On peut même dire qu’il y a de très bons titres : en gros les 5 premiers. Sur 13 au total. On peut ne pas être diplômé en mathématiques appliquées et parvenir pourtant à se rendre compte du faible ratio de satisfaction que nous offrent Lacrimas profundere avec ce nouveau recueil de mélodies mélancoliques. Depuis que les premières notes ont raisonné dans la chaîne hi-fi, c’est à chaque écoute le même scénario : quel idiot, me dis-je à moi-même, j’ai encore été trop prompt à me laisser happer par la déception, c’est un bon album machin tout ça, ces types ont vraiment le truc pour choper la petite mélodie efficace qui ne lasse pas aussi facilement qu’on pourrait le croire, on tombe rarement dans la mièvrerie (Short glance l’évite, Sad theme for a marriage n’y coupe pas) etc, etc. Et puis les minutes défilent et les passages moyens (un Sweet caroline et un To love on her knees à la limite de l’inutile), ultra bateau (le refrain de Filthy notes) ou soporifiques en sont leurs tristes et fidèles compagnons.
Toutefois si mon regard, en parcourant les rayons de mes range-cd, vient à tomber sur la (fort belle) pochette de ce filthy notes for frozen hearts d’ici quelques mois je ferai sans doute chauffer les enceintes en souvenir d’un sentiment diffus de plaisir qu’il aura su laisser dans ma mémoire.
Car il ne faut quand même pas condamner sans appel les 7 derniers titres qui, s’ils ne provoquent pas un émoi digne des heures les plus glorieuses du groupe, n’est pas non plus à l’origine d’un rejet irrémédiable (My mescaline).
Bref les moments réellement transcendants sont trop rares sur cet album pour suggérer de foncer les yeux fermés ; néanmoins, certaines qualités invitent à ne pas lui réserver les oubliettes humides et profondes que mériterait une véritable daube. Le prochain ?
- my velvet little darkness
- again it’s over
- not to say
- no dear hearts
- short glance
- filthy notes
- sweet caroline
- an irresistable fault
- to love her on knees
- sad theme for a marriage
- should
- my mescaline
- shiver