Doppler – Si Nihil Aliud

Doppler – Si Nihil Aliud

neurotool
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Auteur
29 décembre 2006
il y a 18 ans
7 commentaires
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Année de sortie
2004
Note

Avant un nouvel opus à paraître courant 2007, retour sur un groupe phare de la scène noise française actuelle, originaire de Lyon et oublié jusqu’ici dans ces colonnes. On ne s’invite pas dans l’univers de DOPPLeR. On choisit d’appuyer sur le bouton play mais la distraction qui nous habitait se trouve figée sur place pendant […]

Doppler – Si Nihil Aliud

Avant un nouvel opus à paraître courant 2007, retour sur un groupe phare de la scène noise française actuelle, originaire de Lyon et oublié jusqu’ici dans ces colonnes.

On ne s’invite pas dans l’univers de DOPPLeR. On choisit d’appuyer sur le bouton play mais la distraction qui nous habitait se trouve figée sur place pendant une bonne minute. La musique vous a choppé à la gorge. Il fait froid. Les riffs lacèrent l’espace. La basse et la batterie martèlent. La voix hurlée se noie. Puis silence. Une voix hagarde « Ils n’ont jamais eu d’oreille. Ils font une musique que personne ne danse. » La noyade continue. Pénétrer cet univers c’est accepter ses peurs, les affronter, regarder en face l’azur glaciale des yeux d’une mourante, accepter sa condition et souffrir la sienne. C’est entrer dans les romans noirs de Robin Cook, crier dans un dernier soupir au tueur « J’étais Dora Suarez ! » alors qu’il empoigne votre dépouille avec une violence dont il ne se savait pas capable, mourir sous le choc, le corps brisé, les sanglots se perdant au fond de la gorge, le regard figé. Ainsi voir le tueur absent, subjugué par l’extase et l’excitation du meurtre qu’il vient de commettre. Le voir absorbé d’un tel vide à combler : de longs mois, un enchaînement inexorable de jours et de nuits voués à un combat atroce et sans merci serrant de toutes ses forces les montants noircis de sa fenêtre sans vitre où il avait gémi et hurlé dans la nuit en attendant de passer de nouveau à l’action.

Et la musique d’enchaîner les morceaux comme une fuite en avant sans fin, perdue au cœur de cette violence. La tension inéluctable qui règne au sein de chaque morceau fait de cet album de noise un véritable brûlot abrasif qui accompagnera très certainement avec subtilité vos moments de déchirement les plus intenses tant l’homme semble se perdre dans les limbes de ces morceaux à tiroirs, longs, étirés ou éthérés, où la fureur et la rage n’en finissent plus de sombrer dans les flots de vos remords en résonance à ces thèmes tournant en boucle jusqu’à l’hypnotique laminage, les riffs froids et cinglants bien en avant, la voix disparue et les rythmiques martelant avec violence les derniers résidus de cette condition humaine. Entre calme apparent et explosion de fureur, DOPPLeR ne choisit pas. DOPPLeR ne fait plus seulement une musique sombre mais une musique en deuil à même d’accompagner ces gens abandonnés par la société qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent descendre la pente sans même une plainte. Affronter le désespoir, c’est le défi de cet album. Superbe.

  1. roquette
  2. chausson 24
  3. metallic tambura-like drones
  4. nihilismus
  5. bâtonnet
  6. rail ! chien !

Artistes / Groupes

Record Label

Genre selon le Chroniqueur

noise

Catégories

Famille/Genre

Tags Styles

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