Coilguns - Odd Love | Eklektik Rock

Véritable électron libre de la scène helvétique, Coilguns fait enfin son retour sur long-format quelques mois après son très bon split en compagnie de Birds In Row. Une rencontre qui aura vraisemblablement marqué le quartet de la Chaux-de-Fonds puisque cet Odd Love possède d’emblée quelques similitudes avec les lavallois, avec des titres punk hardcore comme « We Missed The Parade » ou « Generic Skincare » qui apparaissent comme un prolongement du split, offrant ici une mixture de nerfs et de mélodies aussi exaltées que déchirantes.

Mais Coilguns reste Coilguns et se plait toujours à expérimenter et prendre des directions parfois surprenantes, comme l’atteste le chaotique « Placeholders » et son entêtant refrain sifflé, tout simplement irrésistible. Puis il y a aussi de nombreux chemins de traverse, parfois plus atmosphériques comme sur la triplette « Caravel » et son final au piano semblant improvisé, l’indie habité « Venetian Blinds » et « Featherweight », ce dernier nous gratifiant même d’une première partie complètement « post ». Des envies d’immersion qui font ici le lien avec les activités de certains d’entre eux chez Trounce (dont le très bon premier album est sorti il y a déjà un an).

Passant de la tempête à un minimalisme mélancolique (« The Wind to Wash the Pain »), Odd Love se termine avec un impressionnant « Bunker Vaults », synthétisant quasiment à lui seul tout ce qui le précède: urgence, frénésie, poids et sensibilité se voyant ici réunis dans un imposant maelström.

Bref, un cinquième album magistral, brouillant toujours un peu les pistes mais sachant néanmoins rester accessible. Et s’ils font généralement quasiment tout tout seul, les suisses ont sollicité pas mal de grands noms pour sortir cet Odd Love: il a été enregistré par Scott Evans (Kowloon Walled City, Thrice) en Norvège, mixé par Tom Dalgety (The Pixies, Ghost, Royal Blood) et masterisé par Robin Schmidt (Liam Gallagher, The Gaslight Anthem), du personnel pro (et un peu étonnant vu le style pratiqué) mais de quoi avoir un album qui en impose ! Et c’est bien le cas, il compte comme l’un des incontournables de cette fin d’année 2024 !