Abigor – Fractal Possession

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Style: black metalAnnee de sortie: 2007Label: End All Life Productions

Fractal Possession, 7ème album d’une série pas prête de s’arrêter à en juger par la productivité du groupe et ce malgré un arrêt brutal à la fin du 20ème siècle.

A paraître dans quelques semaines, le nouvel album des autrichiens fera sans doute comme à chaque fois couler pas mal d’encre, on a souvent reproché au groupe son manque de cohérence rythmique, ses envolées martiennes et dans une scène symphonique emmenée par un Emperor despote du genre difficile de faire son trou. Il reste néanmoins que les immersifs Orkblut – The Retaliation et Nachthymnen (From the Twilight Kingdom), albums de la première « vague » Abigor valent clairement le détour.

Et c’est dans cette optique de débat d’idées que beaucoup ont reconnu au projet, là où d’autres ne voyaient qu’un manque de cohérence, une prise de risque certaine quant aux structures des morceaux du trio, un vent frais soufflait alors dans la plaine que Marduk et Immortal avaient foulé avec une vélocité jamais désavouée.
C’est sur les traces « cosmiques » d’Emperor, depuis Opus IV qu’Abigor chasse le fantôme d’une énigmatique quête salvatrice qui ne le limiterait plus à produire ce que l’on pourrait appeler strictement un album de black metal traditionnel.
Fractal Possession est l’aboutissement de cette complexe recherche musicale qui s’amorce par une ouverture au monde de l’électronique et de l’industriel, une logique presque inespérée mais qui trouve une véritable contremesure à l’écoute de cet album.

 

 

Le nouvel Abigor rejoint donc la grande école industrielle où Thorns, DHG, Emperor, Aborym et d’autres se sont fait les griffes avec la réussite toute relative que l’on peut accorder à chacun.
On peut parler à son écoute d’un mariage totalement réussi, et pas d’un simple concubinage foireux sans saveur, les teintes indus se fondent dans le paysage apocalyptique et burlesque de la musique du trio, « Warning » ouvre l’album comme une balise pour mettre en garde de la tempête qui risque d’émerger très vite et c’est dans sa nature électronique que l’on est surpris de retrouver un Abigor ragaillardi par une expérience tout à fait inédite tant l’ouverture rappelle un Frontline Assembly sorti de l’oeuf, la séquence d’initialisation peut alors débuter.

Sèche et affutée pour le combat, épileptique et vive, la musique du groupe toujours aussi brutale et acérée montre les crocs, rafraichie par la coupe en biseau de son endémisme industriel, les riffs meurtrissent sur le front de la propagande par cascades, endiablés et vivifiés pour l’attaque subsonique, la tornade se déchaîne tous azimuts.
« Lair of Infinite Deparation » s’épluche comme un oignon et laisse apparaître le travail des chirurgiens, arrogant jusqu’au bout des décibels, marqué par cette envie de bien faire qui parcourt l’album,couche par couche on observe le travail, et il n’y a pas à dire, rien n’a été laissé au hasard, du moindre blast au plus futile tintement de ride, tout participe à la démesure de la réussite qui nous est offerte ici, entre les breaks monstrueux, les parties symphos qui ne tombent pas à plat, la cohésion, le sens du jeu, la dramaturgie et la mise en scène; il y a de quoi avoir le gourdin à l’écoute des titres qui s’enchainent à vitesse grand V.

On peut très bien penser en écoutant ce disque au Chimera de Mayhem comme au premier album d’Ihsahn en solo, la folie qui se cache derrière chaque plan de la galette ouvre des perspectives assez larges, assez larges pour perdre en route la moitié des auditeurs que le groupe connaissait, une prise de risque qui valait certainement le coup tant le résultat est estomaquant.
L’opus disjoncté de ce fait ne sera pas à conseiller aux personnes n’aimant que le black traditionnel et ne jurant que par Mjolnir où les forêts noires des hauts plateaux, il ne trouvera pas non plus une quelconque tendresse chez les amateurs exclusifs de pourriture noire, mais à tous les autres, tous ceux qui vouent pour la musique extrême quelle que soit sa forme une passion immodérée il agira comme un corrupteur des plus déliquescents.

La nature futuriste et survoltée de Fractal Possession, sa schizophrénie menaçante alternant le blast et les tempos plus atmosphériques par sadisme pur et le chant d’A.R oscillant entre un shriek guerrier, émotionnellement chargé, et une voix pleine discrète, comme sur « Vapourized Tears » ajoutent au panorama mélodique d’Abigor qui signe là un album complet digne du plus vif intérêt et sûrement aussi son témoignage le plus abouti.

 

Fractal Possession éloigne la ligne d’horizon, se résorbe dans son audace, s’épanche dans sa soif de tournures miraculeuses, se cherche dans le labyrinthe de ses microcosmiques impulsions montées en série et dans la mécanisation macroscopique de son état primal industrialisé, une seule chose pourrait peut être gâcher un peu de la fête, une production un peu sèche, mais c’est comme ça que la fractale se déguste avec un bon retour de mandale dans la gueule, dans son écrin noir, sans aucune pause, avec violence, je peux vous dire que s’il en reste un sur le ring, ce ne sera pas vous. Superbe.

 

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2 Commentaires

  1. Uter says:

    Grosse déception pour moi, encore une reformation qui n’apporte pas grand chose, aucun titre ne m’a réellement intéressé, cet album est à mes oreilles pire que « Satanized » la misère :-(((

  2. guim says:

    Je ne suis carrément pas de cet avis,ça arrive,au contraire je trouve que cet album apporte au genre bien plus que les deux derniers albums,c’est un retour très abouti avec une personnalité qui reste ancrée dans le passé d’Abigor avec force ambition nouvelle.En même temps je m’attendais à ce genre de réactions et je conçois parfaitement qu’elles puissent avoir lieu;de mon côté ce fractal possession est un des meilleurs Abigor jamais paru,je persiste et je signe ;)

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