Allez avouez-le, vous avez sûrement plein d’idées reçues sur la Bretagne et les Bretons. Vous les imaginez tous en ciré jaune, sur des bateaux de pêche la semaine et au bistrot le W.E, buvant du chouchen en écoutant du biniou. Le tout par un temps déplorable évidement. De même, le touriste en vacances ira directement à la pointe du Raz au lieu de la pointe du Vent, à Belle-ile au lieu de l’île de Groix, et ramènera en souvenir un best-of de Tri Yann (le 13e… bien mieux que le 12e évidement) au lieu d’un album de Seven Reizh. Et oui les clichés ont la vie dure et de même qu’il fait beau plusieurs fois par jour en Bretagne, le plus intéressant n’est pas forcément le plus connu. mais ça je pense que vous vous en doutiez (sinon vous ne viendriez pas fouiner sur le net pour trouver la perle rare).
Eklektik n’étant pas le petit futé, je vais plutôt revenir sur le groupe Seven Reizh. En 2001, les bretons Claude Mignon (compositeur, claviers, guitare) et Gérard Le Dortz (parolier/ graphiste) se lancent dans un projet visant à mêler musique progressive et musique bretonne, une sorte opéra rock en quelque sorte. Cette idée n’est pas totalement neuve, car déjà tentée par un certain Alan Stivell en 79 avec sa symphonie celtique Tir Na Nog, disque intéressant mais un brin ennuyeux malgré l’arsenal de musiciens alors déployés.
Seven Reizh sort donc en 2001 Strinkadenn Ys le premier album d’une trilogie. Le second volet Samsara a vu le jour en 2005, sous la forme d’un superbe livre/disque de 60 pages avec photos, graphisme, paroles et concept. Une initiative qu’il est important de saluer, à l’heure ou le marché du disque est encombré d’objets fait à la va-vite, où l’on appelle collector le moindre album qui inclu un DVD bonus où l’on voit les groupes se bourrer la gueule en studio. L’investissement que s’est donné le groupe est donc palpable et pas uniquement pour le contenant.
Pour décrire brièvement le concept, l’histoire de Samsâra se situe dans un futur plus ou moins proche, où l’humanité est assujettie aux effets d’une drogue (le grand vaccin) qui les met dans un état de larve en extase perpétuelle. Un concept qui brise encore un cliché, celui que les bretons ne savent que conter des histoires de korrigans, villes englouties et de personnages encapuchonnés ramenant les morts sur une charrette.
C’est donc sur plus de 70 minutes que Claude Mignon et Gérard le Dortz narrent cette histoire entre conte et science-fiction, entourés d’une véritable armée de musiciens, aux horizons les plus divers. Le chant principalement féminin, superbe au demeurant, est assuré par Doro-T. Elle laisse le relais le temps de quelques titres à Farid Aït Siameur, chanteur Kabyle qui officiait au sein du groupe celto/berbère Tayfa. Sans lister tous les instruments croisés lors de ce périple, sachez que vous pourrez entendre, entre autres, du violoncelle, de l’accordéon, de la clarinette, des bombardes bien sûr (LE son de la Bretagne), du piano, de la guitare classique et électrique, j’en passe et des moins connus… Mais faire appel à autant d’instruments et musiciens n’est pas l’assurance d’un opera-rock-progressif réussi. La clé est bien évidement dans les compos et les ambiances développées. Et là, dès la première écoute on sent que quelque chose d’énorme se passe. Le travail de compo est simplement bluffant, de part la manière de développer les titres (pas forcément longs pour du prog, mis a part le 4e O Redek) et de créer des pics d’intensités et pur moment intimistes à vous coller la chair de poule. On est ébahis par la qualité des arrangements, pas forcément tape-à-l’oeil mais subtils et joués avec grâce. De plus, jamais on a l’impression d’avoir a faire à un mélange de genres, le terme prog breton utilisé d’avantage pour aiguiller le lecteur en mal d’étiquettes, n’a finalement pas tellement lieu d’être. On a plutôt l’impression d’entendre quelque chose d’inédit, ou d’universel au choix, une musique qui n’entre dans aucune case. D’ailleurs Seven Reizh est d’avantage connu dans les milieux prog que bretons, et c’est même dans un mag métal que j’ai la première fois vu le nom de Seven Reizh… allez comprendre. Celà dit l’amour que portent les piliers du groupe à la musique progressive se ressent fortement et les amateur de la bande Gilmour/Waters reconnaîtrons sans peine le pourtant subtil clin d’œil au titre Welcome to the Machine au début d’An Toriou. Les amateurs de Dead Can Dance devraient aussi pouvoir s’y retrouver, avec des ambiances étherées qui mettent en valeur la sublime voix aérienne de la chanteuse. Bref les atouts de séductions de Samsâra sont nombreux et même les réfractaires à la musique celte se doivent de jeter une oreille sur ce petit chef d’œuvre. Oui car c’est un chef d’œuvre, tout simplement.
- encore…
- soñj
- ay adu
- o redek
- qim iydi…
- awalik
- an touriou
- la longue marche
- a-raok
- vers ma maison
- all loen
- perdue au loin
- kouezhan
- samsâra
Je suis cette aventurière formation depuis Strinkadenn Ys et son format tout aussi appréciable que celui de samsâra avec cet artwork qui révélait déjà un certain sens de la générosité.Que dire de cet album sinon qu’il est encore plus abouti que son prédécesseur,que sa chaleur se teinte souvent de sentiments contradictoires sous les injonctions de Farid et Doro.t et que a composition révèle tout le talent des deux démiurges.Je ne peux qu’abonder dans ton sens Joss à la lecture de ta chronique,et je conseille tout aussi vivement de se procurer le premier album à tous les amateurs d’ambiances celtes et plus généralement de rock progressif.
C’est clair que je vais sûrement me procurer le premier album… peut-être pas en version livre par contre, je trouve l’artwork de couv très laid… de ce coté là aussi ils se sont améliorés.
oui Joss cette album est d’une beauté purifiante et le clin-d’oeil au floyd est exellent aussi…
Bon j’ai écouté et c’est la grosse grosse classe ! On en a même les larmes aux yeux tellement c’est beau, émouvant et tout et tout…
Ben dis donc c’est vraiment gentil tout ça !
Nous en sommes tout retournés !
Du coup gentil Joss il faut ABSOLUMENT que tu viennes au concert de samedi (15 sept) à Quimper)
on t’attend pour une bolée !
Merci encore
SEVEN REIZH
Ouais ba j’aurais évidement aimer venir mais malheureusement je part dans la direction inverse… à Auxerre pour être exact. En esperant que vous aurez l’occasion de refaire des concerts, ce qui ne semble pas évident vu la première tentative ratée :-s Merci pour le commentaire.
Ou avais-je la tête, Joss ta chronique est toujours magnifique mais il y a une erreur monstrueuse. Michel Gaurin est en effet la chanteuse de Kohann (groupe excellentissime) mais Doro.T n’est pas son pseudo. Doro.T c’est Doro.T : notre merveilleuse chanteuse. Corrige ça vite STP sinon je vais me faire gronder…
et Samsara est sorti le 15 Octobre 2006…
voilà…
Ouch, j’avais pris diverses infos à droite a gauches et certaines devaient donc être eronées. Sorry, je vais voir avec les admins pour changer ça.