L’Auvergne méritait mieux que Gergovia. La voilà exaucée. Bien qu’exaltant sans retenue le fonds patrimonial et les horizons bombés de la ravissante contrée qui est la sienne (et aussi la mienne, voilà c’est dit), Sühnopfer n’a nul besoin de se retrancher derrière une coulée de lave ou une saillie d’oppidum pour gonfler artificiellement la valeur ajoutée de son disque. Visitant des recoins très classiques du black mélodique/épique estampillé mid-90’s – quelques références captées au vol : old-Satyricon, old-Setherial, old-Abigor voire old-Taake – L’Aube des Trépassés déploie en quatre titres copieux et magistralement pilotés ce que l’on a coutume d’appeler un (old-)potentiel. “Brume sur le Chastel” impose sans préambule une déferlante de riffs asociaux et de leads tranchants comme le silex, rendus terriblement efficaces par une assise rythmique à la mobilité étonnante pour un one-man band. On peut parler de travail d’orfèvre, en tout cas de songwriting affirmé : le polyvalent Ardraos – que l’on retrouve aussi au générique d’Endymion et Veratyr pour les spéléologues de la jeune garde nationale – parvient à force d’enchaînements subtils et d’embrasements persuasifs à préserver de bout en bout le caractère bouillonnant et dramatique de ses morceaux. Un exercice exigeant, bien des groupes au demeurant capables s’éliment les canines sur le cap des six minutes. Pas Sühnopfer. Dont les guitares cavalent aux grands vents, frémissent au combat et broient les cuirasses. Et pas que du noir. Car bien que dotées d’un moteur féroce et saturé à l’ancienne, les compos n’esquivent pas à l’occasion des thèmes plus lumineux (“Tourments et Pleurs”), parfaits émissaires de la chaste contemplation dont se réclament les photos composant le livret. Voilà qui inonde les papilles en prévision d’un album que l’on espère prochain, et qui tiendra à n’en pas douter de la révélation, et a fortiori si Ardraos parvient à gommer les quelques scories mineures qui se baladent çà et là (une poignée d’arrangements brouillons, un chant parfois trop forcé). Peut-être L’Aube des Trépassés aura-t-il un profil un peu daté pour certains. C’est vrai qu’à l’écoute de ce mini on est bien loin de la plastique décadente et de la poisse dogmatique qui gouvernent la plupart des (bonnes) sorties black actuelles. Mais plutôt que de s’émouvoir d’un regard en arrière, on peut saluer l’éclatante remise au goût du jour d’un style qui, en France du moins, n’a pas connu de plus belle envolée depuis Hirilorn.
- brume sur le chastel
- aux aurores
- l’aube des trépassés
- tourments et pleurs
Connait pas et ça donne envie,par contre je connais un peu mieux Veratyr pour le split avec Zarach’ ,de ce que tu dis on est loin du style pratiqué sur ce disque si j’en juge du comparatif avec Hirilorn.A tester donc
je me permets de corriger une petite inattention: il ne s’agit pas d’une autoprod, l’objet étant sorti sous le jeune et prometteur label Eisiger Mond Productions. Voilà.