Associé par certain à Mare, mais sans preuve à l’appui, Pyramids est donc une entité étrange arrivant sur HydraHead sans que personne n’ait jamais entendu parler d’eux. Catapulté sur le catalogue de Aaron Turner, couverture designée par le bonhomme, voilà un disque qui ne demande rien à personne et ne souffre d’aucune attente particulière.
Le lien, même s’il reste au stade de la rumeur, avec Mare n’est toutefois pas infondé puisque dès le début on est accueillis par des choeurs évoquant, autant par leur voix que par la production (des couches de la même voix en canon), la conclusion du mythique et unique EP que nous a laissé ce groupe. Tout aussi avant gardiste que ces canadiens dont on a perdu la trace, la musique de Pyramids joue avec les étiquettes pour se retrouver derrière celle de l’avant garde. Une étiquette passe partout qui convient finalement très bien à décrire le mélange de leurs influences.
Comment décrire un tel disque ? My Bloody Valentine remixé par Xasthur ? On serait franchement loin du compte avec une telle équation car il y a vraiment beaucoup plus que cela dans la musique de ce groupe. Preuve à l’appui, la pléthore de noms associés à l’album de remixes vendu avec la première édition du disque pour un prix défiant toute concurrence : Toby Driver (Kayo Dot), James Plotkin (ex. Khanate), Justin Broadrick (Jesu), Vindsval (Blut Aus Nord). Cette dernière plage est d’ailleurs notable rien que pour le fait que le remixe est tellement personnel que l’on ne retrouve plus la chanson originale mais, un nouveau titre de Blut Aus Nord période Thematic emanation of archetypal multiplicity.
Pourtant, dans cette assemblage hétéroclite de noms, si l’on prenait un peu de la musique de chacun on obtiendrait peut-être un mélange qui ressemblerait à Pyramids, toute proportion gardée. Car si ce premier disque relève de l’ovni inattendu il n’est pourtant pas dénué de défauts. Le premier : le son de la boite à rythme. Le reste du disque, pourtant très bien produit donne une dimension étrange, noyée dans des tonnes d’effets, aux différents instruments alors méconnaissables, qui est en partie gachée par ce rythme synthétique. Parfois rapide, ces quelques moment de « blast » évoque alors Xasthur mais, sans que le mélange de l’électronique et de l’organique se fasse avec autant de bonheur que sur les albums de Malefic.
Le second « problème » de ce disque est par contre propre lié à la nature même de la musique. Expérimentale et étrange, elle navigue entre tant de territoires que l’on se perd souvent pendant l’écoute sans pouvoir distinguer clairement chacune des plages. Les dix titres forment alors un ciel nuageux, complexe et dense, dans lequel on peut se perdre pendant un peu plus d’une demi-heure. Ceux qui attendront donc des plages plus séparées et plus mémorable seront peut-être déçu du voyage.
La courte durée du disque l’empêche par contre d’être trop long et d’éviter le piège de l’œuvre chaotique et impénétrable. Après le dixième titre on s’échappera quelques instants de ce labyrinthe de rythmes et de guitares shoegaze possédées pour avoir de suite envie d’y revenir et de gouter de nouveau à ce mélange. Il y a du potentiel dans Pyramids, beaucoup de potentiel. Seulement, à l’heure actuel, ce potentiel n’est pas encore totalement formé et les éléments qui pourraient faire de ce groupe une révélation avant gardiste ne sont pas encore dans le bon ordre. Cependant, s’il y a bien un groupe à surveiller de près c’est celui-ci donc ne passez pas devant l’occasion de l’acquérir afin d’ajouter un ovni de plus, et pas des moindres, à votre collection. D’autant plus que l’album de remixes est pour une fois très intéressant. Chaque compositeur ajoute ainsi une perspective supplémentaire à un disque qui peut être abordé de mille et une manière tant ses différentes faces sont étranges et surprenantes. Un prisme qui n’a surement pas fini d’être tourné dans tout les sens.
- sleds
- igloo
- the echo of something lovely
- end resolve
- hell monk
- this house is like any other world
- hillary
- ghost
- monks
- 1,2,3
Une sacré découverte. le squeud me plait, c’est un voyage unique dans un univers complexe et décalé. Par contre se farcir d’une traite cet album est un sacré challenge…
Mouais. J’aime autant que Xasthur enlève ses sales pattes de My Bloody Valentine.