Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Entité hybride, insondable, dérangeante, Blut Aus Nord nous offre avec MoRT un album exceptionnel, dans les deux sens du terme. De par sa qualité et son caractère unique. Un chef-d’œuvre baroque, qui déconstruit pierre à pierre le socle du Black Métal pour le reconstruire à sa guise, en gardant le côté noir (mais noir….) et dérangeant (mais dérangeant….) du BM et pour finalement réussir à transcender un style complet. Un album qui ouvre des perspectives hallucinantes tout en ne niant rien du passé d’un courant désormais établi.
BaN, à mon sens, comporte deux périodes bien distinctes : une première Black raw as fuck , minimaliste (les puristes me corrigeront), puis une seconde vie qui débute avec The mystical beast of rébellion qui, bien que conservant un côté BM radical, rapide, froid, entame la lente recherche vers l’atonalité qui domine désormais l’œuvre des frenchies. En additionnant le côté clinique, déshumanisé des sons électroniques et de la boite à rythme plus des guitares inventives à souhait, personnelles, complètement hors des sentiers battus de la guitare metôl actuelle, Blut Aus Nord arrive, pierre après pierre, en un lieu qu’il est le seul à parcourir. Faute de poursuivants ou à cause d’une création musicale hors norme.
Détaillons. Après un détour expérimental indus/ambiant sur l’avant-dernier opus Thematic emanations of archetypal multiplicity, les gaillards remettent la guitare aux avant-postes, tellement qu’elle en éclipse presque la voix, désormais instrument à part entière, saupoudrée avec parcimonie de temps à autres (dont quelques parties claires superbement placées). L’utilisation de guitares fretless (sans frettes donc avec utilisation possible de tout le spectre sonore des micro-intervalles, comme par exemple le violon ou la contrebasse) permet, outre d’utiliser des intervalles complètement inusités actuellement, de travailler sur une dynamique spéciale, moins d’attaque mais plus de « coulant », si l’on peut dire. L’album est une entité à part entière, difficile d’en sortir un morceau. On a surtout l’impression d’entendre une œuvre complète, extrêmement travaillée et réfléchie. Essoufflant, éprouvant, apnéique (ça se dit ?), le voyage proposé par Blut Aus Nord est unique en son genre. En décrire les finesses, les subtilités, relève de l’impossible. On pourrait faire une thèse universitaire juste sur ces quelques titres qui vont, je l’espère, révolutionner la musique extrême. Pas besoin de blast, la violence et l’agression sont ailleurs, quelque part dans votre cerveau, qui ne reconnaîtra plus la droite de la gauche après une écoute de cet album. On peut juste se dire qu’une telle densité met du temps à s’apprivoiser, et qu’elle nécessite un effort auditif avant de pouvoir goûter pleinement au nectar. Violence viscérale, d’une noirceur absolue, MoRT dépasse un genre musical et s’inscrit, je n’ai pas peur des mots, comme une œuvre musicale de premier plan, tout genre musical confondu.
Blut Aus Nord ne convaincra pas tout le monde. Cet album est d’une richesse incroyable, mais aussi certainement d’une opacité repoussante qui peut ressembler à un certain élitisme musical. Les réactions seront partagées. N’empêche qu’il marque un tournant dans l’histoire du métal extrême, j’en suis persuadé. A moins qu’il ne fasse office d’ovni sans lendemain…
Pour moi, certainement le meilleur album de métal extrême de ces dernières années, avec le Painter’s Palette de Ephel Duath. Un autre ovni. D’ores et déjà culte.
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ça me fait envie
concernant BaN, la première époque (2 premiers albums – les meilleurs pour moi) est tout sauf « raw » :-) bref je trouve que le titre du nouvel album porte bien son nom, faut vraiment adhérer à ce genre d’album expérimental, c’est d’un chiant terrible, ou est l’élitisme ? ou est la richesse incroyable ?
un chiant terrible > tout est dit, autant la kronik que la musique, bravo !
Faut arreter de se branler sur ce groupe, c’est la derniere mode des amateurs de post rock que d’aimer le black sectaire, c’est triste.
@ « Sammy&Scooby »
N’importe quoi !!! C’est triste de juger les gens seulement en se basant sur ce qu’ils écoutent !!! Pfffffffffff qu’est ce qu’on peut en lire des conneries de nos jour sur le net !!!
Bonne chro et magnifique album, Blut aus nord est un grand groupe qui me procure toujours autent de frissons, cet album est ce qui représente le plus le noir abyssal !!!
Mais pourquoi les gens, au lieu d’admettre qu’ils ne comprenent pas un groupe doivent absolument cracher dessus et sur ceux qui aiment ?
Allez je vais en rajouter une couche : comme quoi ya du bon aussi dans le black metal :)… Enorme cet album!
pour moi BAN n’a pas 2 periodes,c’est juste un groupe qui n’a jamais fait 2 fois le meme disque.D’ou l’interet…les mecs se la racontent peut etre mais la musique suit.la richesse? etant guitariste dans les riffs (autant memoria que mort),ou est l’elitisme?ce n’est pas le propos…
Maintenant il est tres facile de critiquer BAN par rapport a leur « hype »est on a le droit de ne pas aimer cependant et ce n’est que mon avis mais je pense qu’on tient là un bijoux qui je l’espere ne sera pas reconnu apres son split….
de la diversité des goûts…..
pfff d’toute façon c’est la nouvelle (non, pas sûr ça) mode que de cracher sur tout ce qui n’est pas trve-evol-BM-of-the-deadly-MLO-of-the-doom-night-of-satan….
maintenant, curieux de trouver un rapport entre le post-rock et ça.
euh… les 2 premiers albums de B.A.N. sont loin d’être raw, surtout le deuxième avec ses claviers et ses solos de guitare simples et melodiques. A ce titre, « The Mystical Beast… » sonne bien plus raw…
Sinon j’ai écouté ce disque, un peu, et je lui prefere le precedent. J’ai du mal à concevoir ce M.o.R.T. comme étant du black metal. Un disque interessant cependant…
c’est clair que les 2 premiers albums ne sont pas « raw », j’ai été très étonné de lire çà, le chroniqueur a du découvrir B.A.N. bien après cette excellente période ;-)
Nan pas vraiment. Mais je parlais pas du style raw, mais du son cradingue.
Bref…
Il est sympa ce Blut Aus Nord mais de la à le mettre en chef d’oeuvre, y’a un terrible goufre
faut ecouter un peu plus le disque avant de dire des conneries.c’est plus que tres certainement un chef d’oeuvre.
Ce groupe est hallucinant. La musique unique dérange forçement. je ne suis pas fan du groupe mais j’écoute très volontier leur oeuvre. « MoRT » reprend la musicalité de « The work which transforms God » couplée avec la froideur polaire de « Thematic emanation of archetypal multiplicity ». Parait que le permafrost en Chine est en train de fondre… on a qu’à y envoyé BaN.
Une des grosses sorties française de l’année en comptant le « Blood libels » d’Antaeus…
2/10 sur myrrthronth
Album du mois dans Terrorizer
2/10 & album du mois, ça résume bien ce qu’on peut ressentir par rapport à ce skeud. ça laisse pas indifférent et c’est tant mieux. Je le trouve juste incroyable ce disque. Il va là où personne n’est allé. Black metal, indus post truc, rien à battre. BaN transcende les étiquettes. Juste un groupe indispensable qui fait le lien entre tellement de styles, au même titre que Sonic Youth, Swans, Neurosis ou Godflesh. On en reparle dans 10 et 20 ans.
Complètement d’accord avec cette chronique ! Album de l’année ! Même si il faut l’écouter plusieurs fois pour bien capter l’essence de cette musique.