Du calice aux contours mordorés et rouillés par le sang bruni coule la sève qui établira le lien entre l’officiant et sa cérémonie. A poil, les duchesses aux peaux de velours et aux seins triomphants gisent au sol dans des fourrures fraichement dépecées, miaulant comme des chattes en chaleur qu’on ne les fasse pas languir plus longtemps. Le bouc s’occuppera d’elles une fois ce crâne fendu par la lame.
Orchid avait surpris son monde avec son petit EP qui développait en quelques titres la fureur d’une cylindrée qui pouvait monter assez aisément dans les graves. Pêchu, enjoué, le disque montait la vieille pierre comme le lierre grimpant et poussait comme sous l’effet d’un engrais dopant la plante sabbathienne pour une floraison accélérée, mais du genre bien consistante l’accélération, le genre de produit qui transforme ton hydroponique en datura si tu doses trop méchant. Forcément les sorciers d’Orchid ne sont pas allés chercher bien loin la prière du maître dont ils ont réécrit les saintes écritures pour l’occasion. Comme un constituant logique de leur acide désoxyribonucléique Orchid fait résonner sa musique avec ce qu’il est et ce qu’il respire, témoin privilégié de son affiliation avec le passé, c’est avec Capricorn son premier disque longue durée que le groupe vient esquisser sa nouvelle glyphe histoire de veiller à ce que l’aura de la paroisse DOOM ne faiblisse pas depuis le cuir de sa montagne.
Autant dire que ça tabasse, sil’EP avait pour lui cette frappe juvénile, ce côté siège à la catapulte rock’n’roll monté sur chassis pneumatique produisant un groove à toute épreuve, Capricorn tape direct dans le fumé avec un son lourd qui percute les culasses à chaque titre, riff mastocs, rythmique bullmastiff, sur « Black Funeral » l’impression de voir et entendre Iommi invoqué dans le feu de Satan, apparaître dans un nuage de fumée pour venir poser les accords sur le titre qui a tout d’un classique ou encore de voir sous l’ombre d' »Albatross » planer l’épée d’un « Planet Caravan » , les ailes de l’oiseau ressemblant plus à celle d’un Phénix tant l’affiliation apparait naturelle.
Incroyable force de frappe pour des morceaux carrés, taillés comme des patrons, se fondant dans l’Histoire du Doom avec cette malice avenante et cette production parfaite qui se gorge des effluves heavy pour restituer avec une chaleur bien mesurée l’aura de cette supernova se déplaçant aussi vite que l’idée sous opium, dans des mondes qui dépassent le simple concept de frontières et dont les contours flous rejaillissent sur la réalité, dans ses distortions les plus enclines à faire basculer la pensée dans un tunnel de verre, à en apprécier la puissance de saturation avec un bonheur tout ce qu’il y a de légitime et de progressif le groupe peut pondre des trucs comme « Electric father ».
Capricorn place un coup de corne décisif dans la carrière d’Orchid, fucking classic shit.
http://www.youtube.com/watch?v=Ln-e2lQ4Lh4