Jolly est un groupe new-yorkais qui, ça vous a peut-être échappé, a sorti l’année dernière le deuxième volet de son Audio Guide to Happiness, un double album donc (dont le premier volet date de 2011), au concept un poil fumeux puisque le groupe met en avant le son « binaural » utilisé sur l’album, qui serait paraît-il un artefact sonore permettant de produire une fois perçu par le cerveau, un état de bonheur chez les sujets exposés à cette technique sonore.
Je ne rentrerai pas dans le détail d’une part car les subtilités techniques m’échappent complètement, et d’autre part parce que je n’ai absolument rien perçu de particulier à l’écoute des Audio Guides to Happiness de Jolly. Point d’état euphorique ou même particulièrement extatique, mais il faut tout de même reconnaître que l’écoute de ces deux albums s’avère une expérience agréable, à défaut d’être inoubliable.
Nonobstant cette histoire de binaural machin, Jolly pratique un rock/metal légèrement progressif mais avec un songwriting très clairement orienté sur un format « chansons ». Certains titres ont beau aller chercher les 6-7 minutes, on reste le plus clair du temps sur un format plutôt classique, bien loin des épanchements prog’ titillant fréquemment la dizaine de minutes. C’est donc du metal prog easy listening si l’on peut dire, qui trouve ses influences chez les ténors du genre mais en particulier chez Riverside, avec qui Jolly ont d’ailleurs tourné récemment. On retrouve ce goût pour le muscle, comme sur « Firewell » ou « The Pattern » qui savent taper fort et s’avèrent très accrocheurs et réussis, ou sur le non moins réussi « Dust Nation Bleak » avec ses rythmiques syncopées (titre illustré par un clip tourné dans le studio du groupe, ou ce qu’il en est resté après le passage de l’ouragan Sandy).
Ces titres peuvent cependant s’avérer un peu trompeurs car les autres sont beaucoup moins nerveux, et Jolly sait d’ailleurs varier intelligemment son propos entre Ying et Yang, s’aventurant sans crainte sur des terrains plus calmes comme sur « Joy » ou recourant à l’électronique sur « Aqualand and the Seven Suns ». Tout n’est cependant pas réussi, la variété est une chose, mais garder le cap reste important et sur ce point le groupe se perd parfois dans des excès de guimauverie ponctuels (« Storytime » par exemple), ou dans des choix un peu surprenants et pas forcément très heureux, comme ce break quasiment reggae sur « You Against the World ».
Sont aussi de la partie un clavier fréquemment utilisé, ainsi qu’une basse très audible et même particulièrement mise en avant (une fois n’est pas coutume). Le tout étant porté par un chanteur au timbre vraiment agréable et de qualité, le sieur Anadale ayant une voix efficace sur les parties claires chantées, et capable de se laisser aller à quelques hurlements bien sentis ponctuellement.
La variété est bien présente sur les deux volumes de cet Audioguide on l’a dit, et c’est ce qui en fait certainement la force même s’il est fort probable que les puristes amateurs de prog’ trouvent le programme beaucoup trop gentillet et pas assez technique pour les intéresser. Les autres, qui apprécient aussi les bons morceaux entraînants, variés et parfois un peu proggy quand même trouveront avec ce double album de quoi passer un (double) agréable moment, et qui sait, peut-être ressentiront-ils les fameuses ondes de bonheur tant promises.
Tracklist Audio Guide to Happiness (Vol I – 2011)
1) Guidance One
2) Ends Where It Starts
3) Joy
4) Pretty Darlin’
5) The Pattern
6) Storytime
7) Guidance Two
8) Still a Dream
9) Radiae
10) Where Everything’s Perfect
11) Dorothy’s Lament
12) Intermission
Tracklist Audio Guide to Happiness (Vol II – 2013)
1) Guidance Three
2) Firewell
3) You Against the World
4) Aqualand and the 7 Suns
5) Dust Nation Bleak
6) Golden Divide
7) Guidance Four
8) Lucky
9) While We Slept in Burning Shades
10) Despite the Shell
11) As Heard on Tape
12) The Grand Utopia