En voilà un groupe qui était attendu au tournant. En balançant sans prévenir un premier album rock-metal-prog parfait puis deux autres bombes non moins excellentes, Riverside fut rapidement dans le collimateur de ceux qui exigent toujours plus. Beaucoup étaient prêt à parier que jamais le groupe ne réitérerait l’exploit de Out of Myself et qu’il était condamné à user encore et encore les mêmes recettes pour rester dans la course. Je continue toujours à défendre bec et ongle leur dernier méfait en date Rapid Eye Movement qui, même s’il n’apportait pas une grosse évolution par rapport à ses deux aînés, restait toutefois bien au-dessus de la production actuelle en matière de rock progressif a tendance métallique. De plus les 3 premiers albums ont toujours été considérés comme une trilogie, d’où une volonté de rester dans un style assez proche.
Pour ce 4e album et une fois libéré de la contrainte de la trilogie, nous étions donc tout à fait en droit d’attendre une évolution notable du son Riverside. Et à ceux qui veulent une réponse tout de suite : oui Riverside franchi un nouveau palier, même si on ne constate pas de changement majeur de leur son à proprement dit (encore heureux). L’identité du groupe est toujours là et reconnaissable immédiatement ; la voix charmeuse de Mariusz Duda, les soli limpides et débordants de feeling, la grosse basse ronronnante… Riverside n’opère pas de changement à 180°.
Cela dit un nombre important d’évolutions sont à constater. Une approche plus directe et plus brute, plus rock n’ roll par moments, un aspect voulu et ardemment défendu par le groupe (qui s’est peut-être trop souvent fait reprocher des prestations live en demi-teinte). Un groupe qui revendique par ailleurs une influence plus prononcée des pointures du rock 70’. Cette influence seventies est palpable à plusieurs niveaux. Tout d’abord ce choix d’un format d’album court, plus proche de ce qui se faisait il y a 30-40 ans (durée imposée à l’époque par la contrainte du support vinyle) au lieux de ces albums actuels qui s’obstinent tous à aller flirter avec les 70’ minutes. Des albums dont on a souvent bien du mal à aller au bout. Ici : 44:44 min et 5 titres (comme un certains Wish you were here de qui-vous-savez…). Riverside privilégie la qualité à la quantité. Autre exemple flagrant de l’envie de revivre une époque aujourd’hui révolue : l’utilisation prononcée de l’orgue hammond. Un instrument de plus en plus remis au goût du jour ces derniers temps. À ce propos, à l’écoute de ce ADHD, je ne peux m’empêcher de penser à l’évolution récente d’Opeth, un groupe qui a revendiqué aussi clairement des influences 70’. D’ailleurs les débuts du titre “Left out” ne sont pas sans rappeler l’ambiance d’un Damnation avec son ambiance bluesy-folk et ses claviers spatiaux. Ainsi beaucoup de sons inédits viennent faire leur apparition sur ce nouvel opus des Polonais. On constate une avancée non négligeable des sons électro (présents depuis le début chez Riverside mais avec une utilisation plus éparse) ou alors l’apparition totalement inattendue de cuivres au sein du titre “Egoist Edonist”. Une fois l’effet de surprise passée la sensation est jubilatoire. Mais parallèlement à ce flot de nouveautés, Riverside affirme plus que jamais son appartenance à la scène metal. “Hybrid Time”, le dernier titre (et le plus long), voit le groupe s’énerver comme jamais il ne l’a été (petite précision : on est loin de Behemoth tout de même).
44 minutes et 44 secondes, il n’en faut pas une de plus à Riverside pour s’affirmer aujourd’hui comme un incontournable de la scène prog actuelle. Anno Domini High Definition dévoile cinq compositions finement ciselées, arrangées avec un travail d’orfèvre, et balancées avec grâce et énergie. Personnellement je n’aurais pas exigé mieux.
- hyperactive
- driven to destruction
- egoist hedonist
- left out
- hybrid times
Aucun commentaire pour ce magnifique album ? J’aurais du faire de l’humour raciste dans ma chro…
Enfin je vais compléter cette chronique en précisant que l’album est dispo dans une très belle édition double digipack (superbement illustrée par Travis Smith) avec un DVD bonus. Le DVD propose un petit live d’une quarantaine de minutes filmé à Amsterdam (une très belle salle dont je n’ai pas le nom en tête). On y découvre un groupe très pro, certes assez statique mais qui retranscrit très bien l’émotion présente sur CD. Le leader Mariusz Duda affiche une grande assurance et un sacré charisme. Une édition limitée plus que recommandée.
Bah c’est à dire que celui d’avant m’avait un peu emmerdé, contairement à SLS.
Il sera écouté en temps voulu ;-)
J’attends de bien le connaitre pour donner un avis solide sur la chose..Mais pour l’instant,je le trouve très bon mais je trouve pas que ca soit ce que j’apelle un chef d’oeuvre.
je suis fan. c’est l’album le plus « métal » et le plus prog (surtout dans les claviers et certains sons) à la fois. « Egoist Hedonist » est un titre sublime. mon préféré de Riverside, juste devant Out Of Myself.
Après une bonne poignée d’écoutes, je peux affirmer être d’accord avec la chronique de Joss. On a bien affaire à un chef d’œuvre. Autant, j’avais plus de mal avec leurs albums précédents, autant celui-ci me plait grandement. L’album compte 2 très bons morceaux (Driven to Destruction et Left Out), et 3 morceaux cultes, avec un Hyperactive qui annonce la couleur, un surprenant Egoist Hedonist très organique sur la fin du morceau, et Hybrid Times qui clôture habilement ce disque de haute volée. Je reviens régulièrement sur cet album avec beaucoup de plaisir. L’album de l’année pour le moment (à mon goût évidemment).
C’est du très très bon!!!! J’ai eu la chance de les voir à Colmar le 4 novembre et c’était tout simplement génial. En plus des tubes des anciens albums on a eu droit à tout l’album d’une traite :-) et on était pas à plus de 3 m du guitariste. Du pur bonheur. un must have cet album et si vous avez l’occaz d’aller les voir n’hésitez surtout pas.