De par son éclectisme, le rock progressif n’est pas un genre qu’il est aisé d’apprécier de manière universelle et par conséquent de chroniquer. Les partis pris de chaque groupe, certains privilégiant les ambiances et une apparente simplicité, là où d’autres lui préféreront une forme de virtuosité baroque et des morceaux aux structures complexes, étant souvent bien tranchés il n’est pas toujours facile de trouver chaussure à son pied. D’autant plus que le prog reste depuis les 70’s un genre fortement peuplé (qui a dit surpeuplé?) et la profusion de groupes se réclamant de cette scène n’aide pas vraiment à s’y retrouver.
Aussi, à une époque où certaines formations comme Opeth opèrent un demi-tour complet, s’essayant avec succès au revival 70’s, d’autres comme Izz gardent un cap plutôt classique et s’affinent avec le temps, au risque de parfois sonner un brin kitsch. Très travaillé, Crush Of Night l’est indubitablement, avec ses structures fouillées et ses morceaux à tiroirs fourmillant d’arrangements. Ici, pas de parties étirées sur plusieurs minutes, visant à cultiver une atmosphère lourde ou éthérée, mais plutôt des pistes polymorphes, tortueuses et suffisamment variées pour éviter à l’auditeur de s’ennuyer. Car voilà le nerf de la guerre pour Izz : éviter à tout prix la lassitude à son auditoire. A ce titre, on peut sans conteste affirmer que le groupe s’en sort avec les honneurs. Loin d’être des manches de pioche, les musiciens rivalisent d’ingéniosité pour nous emmener avec eux dans leurs pérégrinations, à force de breaks variés, de vocalises complexes et de soli étudiés mais pas exempts de feeling. Le clavier ici se taille définitivement la part du lion et donne une couleur certaine à la musique du combo. En effet, omniprésent sur tout l’album, ce dernier alterne les différentes sonorités allant du piano (réussi) au gros lead bien 80’s, qui nous rappelle à quel point ce genre de son a pris un coup de vieux. Pour peu que l’on aime, on ne trouvera rien à redire à ce Crush Of Night, mais si par malheur on y est un tant soit peu allergique, la pilule aura parfois du mal à passer et on décrochera alors suffisamment pour avoir envie d’écouter si la prochaine piste nous semble plus à notre goût. Il serait dommage, cependant, de ne résumer l’album qu’à ce seul aspect, car ce serait passer à côté d’une musique riche et fouillée, notamment sur le diptyque « This Reality », « The Crush Of Night » qui ne manque pas d’intérêt et ravira les fans de rock prog épique avec ses deux fois treize minutes au compteur. La production reste quant à elle à l’image de l’album, honnête, précise et soignée, jamais excessive, adjectifs que l’on pourrait attribuer sommes toutes à l’ensemble de l’opus.
Avec Crush Of Night, Izz nous offre un digne successeur à The Darkened Room, album avec lequel il est censé entretenir un lien étroit puisque la volonté affirmée du groupe est de nous servir une trilogie tournant autour d’un concept commun aux trois volets . En attendant l’avènement du prochain bébé du combo, la cuvée 2012 reste a n’en pas douter des plus fréquentables.
http://www.youtube.com/watch?v=TI8T86WCUT8
Tracklist:
1 You’ve Got A Time
2 Words And Miracles
3 Solid Ground
4 Half The Way
5 This Reality
6 The Crush Of Night
7 Almost Over