Le black est un des styles de metal les plus foisonnants ; dresser un panorama serait fastidieux tellement ça part dans quasiment tous les sens. Sans aller jusqu’à plaider pour des retrouvailles exclusives avec l’essence même du genre, il faut bien reconnaitre que la nécessité de se recentrer est parfois salutaire. Malgré les nombreuses sorties scandinaves, il n’est pas impossible qu’en 2016 l’étendard de la haine soit porté par les USA. La collaboration entre les Etats-Unis et la France ne date pas d’hier. Et sans doute Washington et Lafayette seraient émus d’apprendre que le premier album des Américains de Black fucking cancer est adossé à l’écurie française Osmose. Ces derniers ont eu le nez creux car, si les membres du groupe ne sont pas de jeunes puceaux, on ne peut pas dire que leur carrière a jusqu’à présent été notable. Si je vous dis Necrite, Circle of eyes ou Sentenced to burn, je ne pense pas que beaucoup vont se dire « ah bon c’est les mecs de ces groupes qui sont aux manettes ?! ».
Osmose a très peu accordé d’attention à la mièvrerie depuis sa création. Que les adeptes se rassurent, cette tendance se poursuit très nettement avec ce Black fucking cancer qui pue la putréfaction et la sauvagerie.
Je pourrais dire qu’on n’a pas eu le cul aussi rouge depuis les premiers albums de Craft et de Katharsis. Mais il faut raison garder et attendre de voir si ce gros glaviot rouillé se bonifie avec l’âge. En attendant, il n’est pas exclu de se laisser voluptueusement titiller le fondement par ces 7 titres avoisinant l’heure de musique.
Oui, c’est long. Mais il faut dire que les premières amours – le drone, l’ambient – des membres du groupe n’ont pas totalement été laissées au vestiaire ; les passages poisseux et pesants de « Acid ocean » ou « SinnRitualVoid » ne permettront pas vraiment à l’auditeur de se détendre après l’assaut de rafales diaboliquement efficaces (la version live de « Exit wounds » doit forcément entrainer la mort violente de plusieurs personnes ; « Wall of corpses », dont le riff d’intro de est clairement inspiré de celui de « Hallowed point » de Slayer, nous plonge dans une ambiance authentiquement cloutée). Je n’aurais personnellement pas tenu si tout l’album s’était inscrit dans cette voie. L’exercice n’est pas inintéressant mais à petites doses. Espérons que les successeurs à ce coup de genou dans les roustons sauront garder ce dosage. Il faudra de toute façon s’armer de patience pour éventuellement le regretter étant donné que le trio a mis 5 ans pour pondre un album dont 3 titres sur 7 sortent tout droit de la démo de 2011. Un peu des branlots les Amerlocs.
La longueur, la lourdeur et la noirceur du propos ne sont clairement pas enclines à conquérir le premier fan de metal venu. Si l’envie de chier sur le cadavre d’un fennec infesté de mouches pendant qu’un représentant en encyclopédies unijambiste dépèce une colombe décapitée ne vous a jamais effleuré l’esprit, réfléchissez à 2 fois avant de vous lancer dans l’écoute de Black fucking cancer. J’ai connu une Polonaise qui en écoutait tous les matins mais, faut admettre, c’est du brutal.
Je commence à me demander s’il ne faut pas définir un nouveau sous-genre : le very black metal.
tracklist :
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01-A Sigil of Burning Flesh
02-Acid Ocean
03-Blood Stained Whore
04-SinnRitualVoid
05-Wall of Corpses
06-Exit Wounds
07-Communion of the Blood Unholy