Bien que ce ne soit pas vraiment en accord avec la philosophie du groupe, je dois faire une confession : je fais partie de ceux qui aiment Fuck the Universe, prédécesseur de ce Void. Comme beaucoup, bien sûr, j’adore Terror propaganda qui est l’un des albums de black qui ressort régulièrement des tréfonds. Mais j’aime FTU.
Pourquoi ce préliminaire Saint Augustinien ? Eh bien pour vous faire comprendre que j’attendais quelque chose de Void. Six ans d’attente pour un album annoncé depuis belle lurette ça met en appétit. Appétit pas vraiment vorace, rassurez-vous mais suffisamment présent pour avoir laissé tomber Void après deux écoutes.
Mais les temps sont durs (je ne vous apprends rien) et j’ai donc décidé de redonner une chance au successeur de l’album que j’aime, FTU (je ne vous apprends rien).
La musique de Craft ne relève pourtant pas de la frange technico-progressive du black, loin s’en faut. Cela ne signifie pas pour autant qu’elle s’offre au premier venu qui aimerait rapidement lui écarter les cuisses pour un p’tit coup vite fait. La haine aussi prend quelques détours, emprunte des chemins sinueux ; elle aussi se mérite.
Et il aurait été stupide de conclure un peu trop hâtivement que Craft n’avait plus grand chose à dire d’intéressant en la matière. Il me semble que la musique torturée des Suédois a gagné (si j’ose dire) en hermétisme. Et c’est cet élément qu’il m’a fallu outrepasser, avec bonheur.
Lorsque j’insinue qu’un hermétisme accru est un gain, je ne rends peut-être pas service à cet album et à l’image du black en général. Ça peut apparaître comme un propos teinté d’élitisme.
Et là, autant vous le dire tout de suite, je préfère ne pas lancer un débat qui nous mènerait trop loin.
Je reconnais malgré tout que Void est aux antipodes de la musique qu’on se colle rapidos sur un lien facebook et qu’il serait presque indécent de commenter sa teneur si on ne l’a pas écouté avec un maximum d’attention (c’est-à-dire sans gonzesse autour), assis dans la pénombre sur un fauteuil en cuir rouge avec à ses pieds 2 jeunes vierges prêtes à subir tous les supplices (notamment celui qui consiste à ne pas pouvoir parler pendant la musique). J’ai moi-même hésité à faire cette chronique (mon fauteuil est marron).
Si, d’aventures, il vous prenait l’envie, à la première ou deuxième écoute, de trouver quelques longueurs à la bête, pensez à vous munir de tous les ustensiles auxquels j’ai fait référence ci-avant, éteignez les lumières et laissez-vous aller à vouloir vomir le monde sur fond de Craft. Pour moi le groupe garde la flamme vivante, ne trahit pas et réussit le tour de force d’évoluer. La marque des grands ?
http://www.youtube.com/watch?v=hEQffjTOevI
tracklist :
1. Intro (John’s Nightmare)
2. Serpent Soul
3. Come Resonance of Doom
4. The Ground Surrenders
5. Succumb to Sin
6. Leaving the Corporal Shade
7. I Want to Commit Murder
8. Bring on the Clouds
9. Void
Très bon album, assez classique dans l’ensemble mais plein de groove. On y revient avec plaisir.