Oh qu’il était attendu ce premier album des suisses de Bölzer… Après 3 EP, le duo se devait de concrétiser les espoirs placés en lui, notamment sur le fabuleux (2ème EP) Aura d’autant que sa dernière sortie en date, Soma, avait quelque peu douché les espoirs de certains (dont les miens). Le tandem allait-il réussir à accoucher de son premier album sans décevoir ses fans ?
Ce qui est clair, c’est que la première écoute de ce Hero est bel et bien déroutante. On sent en effet que Bölzer s’est décidé à ne faire que ce qui lui plaisait sur ce premier effort longue durée, quitte notamment à décevoir ceux qui l’avaient catalogué un peu vite comme nouveau porte-étendard d’un death metal old-school et caverneux qui se serait éventuellement enfoncé plus profond dans la noirceur et le doom.
Dès le démarrage de « The Archer » qui suit une courte introduction on se rend compte en effet que quelque chose a subtilement changé. Le ton apparaît moins sombre, moins death metal, plus lumineux, à l’image de cette pochette et des ces tons inhabituels (en particulier dans le metal). Pourtant la compagnie créole est encore loin et on reconnaît rapidement le style des suisses, notamment du fait des vocaux atypiques de KzR, qui demeurent facilement identifiables, même s’il use davantage de vocaux clairs, déclamés et pour tout dire assez théâtraux qui apportent une variation bienvenue et renforcent cette impression de clarté (forcément). De façon surprenante il m’a parfois fait penser à la voix de Tommy Victor (chanteur de Prong) comme sur « I am III ».
Qu’on se rassure en tout cas, là où Soma était décevant par son manque d’impact, Hero, pour peu que l’on adhère à ce léger changement de ton, renoue avec la qualité d’accroche, proposant nombre de passages marquants tant vocaux qu’au niveau des riffs, même s’il faudra 2-3 écoutes afin de bien les percevoir et de s’en satisfaire. En dehors des 3 interludes/intro les 6 vrais titres que l’album contient sont tous franchement très réussis sans passage à vide à déplorer avec des durées pourtant casse-gueule oscillant entre 5 et 9 minutes.
S’il fallait citer quelques passages, l’arrivée des vocaux enragés sur « Phosphor » est assurément l’un des grands moments du disque, de même que ces sonorités tribales/indiennes en fin de titre qui apportent une ambiance aussi réussie que prenante.
Après ça, « I am III » qui avait été diffusé en avance de phase pour annoncer la sortie de l’album se conclut après plus de 9 minutes dans une ambiance quasi funèbre et gothique.
« Gothique » c’est d’ailleurs un qualificatif qui semble mieux correspondre à la musique de Bölzer qu’une affiliation pure et simple au death metal dont elle est aujourd’hui plutôt éloignée malgré un riffing gras et un accordage à l’avenant.
Dernier titre en tant que tel, « Chlorophyllia » marque encore par son riffing engagé, ces vocaux clairs très graves et ce quasi-refrain à base de « Ouk ! Ah ! » que balance KzR. Sans parler de ces cris de loups à 5min30 et du final mélancolique enchaîné avec la conclusion « Atropos » avant que le silence ne se fasse.
La déception de Soma a finalement eu l’avantage de me rendre prudent et de modérer d’une heureuse façon mon enthousiasme à l’idée de découvrir ce premier album des suisses. Ne m’attendant plus à être déçu en ayant revu mes attentes à la baisse, j’ai au final été très positivement surpris, et cet excellent Hero m’a redonné foi en nos amis suisses. On peut penser que cet album divisera certainement, espérons que les suisses trouvent néanmoins leur public, ils le méritent bien.
Tracklist :
01. Urdr
02. The Archer
03. Hero
04. Phosphor
05. Decima
06. I Am III
07. Spiritual Athleticism
08. Chlorophyllia
09. Atropos