Avec son flocon de neige en guise de cover, Clegane apparaît bien en décalage avec les chaudes températures actuelles. Après son très bon Funeral At Sea (2018), le trio parisien fait son retour dans le doom game avec cinq nouveaux titres fleuves, froids et douloureux, empruntant à nouveau au sludge et même au grunge.
En apparence répétitifs dans leur minimalisme, les cinq titres de White Of The Eye sont baignés d’une atmosphère immersive unique, que ce soit grâce à des mélodies renversantes où la voix tire sur le grunge (« Cara Muerte ») ou par un surplus de sensibilité apporté par la présence de Sam Pillay (Point Mort) sur l’excellent « White Of The Eye » (au rendu émotionnel dingue).
Clegane a beau délivrer des morceaux aux durées conséquentes (dépassant tous les sept minutes), le groupe ne donne jamais l’impression de tourner en rond ou de faire du remplissage. En effet, que ce soit dans ses passages aériens ou dans les moments les plus rudes, les parisiens demeurent dans une gestion optimale de leurs atmosphères, versant la plupart du temps dans un désespoir poignant (notamment sur le surprenant final « Healed In Vain » où l’on est majoritairement dans un dénuement tant vocal que rythmique sur les couplets avant de nous gratifier d’un chorus déchirant).
Malgré ses moments aériens et mélodiques, White Of The Eye apparait beaucoup plus sombre et pessimiste que son prédécesseur. Clegane met ici à l’honneur des sentiments douloureux comme la frustration ou la solitude au travers de compos très riches, à écouter au casque et dans l’obscurité pour un meilleur effet cathartique (et un bon coup de froid sur votre organisme !).
- Fractured
- Cara Muerte
- White Of The Eye
- Water & Stone
- Healed In Vain