Septaria – A*

Pas de commentaires      196
Style: Post Metal ModerneAnnee de sortie: 2024Label: Klonosphere / Season of Mist

Premier album pour les français de Septaria, A* (ou Astar), sort chez Klonosphere le 15 novembre. Ce quatuor originaire du sud de la France, revendique un mélange de post-metal et de metal progressif avec plus précisément deux influences citées par la fiche promo : Gojira et Slowdive. Autant l’influence du deuxième semble un poil capillo-tractée (on imagine qu’il s’agit de faire référence aux passages en chant clair assez fréquents d’ailleurs, mais on y reviendra), autant on aura à l’inverse énormément de mal à oublier celle des basques, tant le son de Gojira imprègne ce premier effort de Septaria. Après tout pourquoi pas ? D’autant que, de façon un peu étonnante, alors qu’il jouit maintenant d’une aura et d’un poids certains sur la scène metal internationale, rares sont encore les groupes se revendiquant de Gojira aujourd’hui.

Avec ses 67 minutes, A* est un album dense et long, ce qui se répercute également sur les morceaux composant l’album qui sont plutôt longs également avec 6 titres dépassant (ou quasi) les 6 minutes. On sent que le groupe a énormément travaillé ses compos, pour proposer quelque chose de puissant, riche, et très émotionnel aussi, sans jamais sombrer dans la complexité stérile. De nombreux passages s’avèrent ainsi réussis et font bien taper du pied (comme sur « Psyché ») même si on ne peut pas ne pas penser au groupe des frangins Duplantier (« Nocturne » est sans doute le plus criant exemple, tant l’influence vire presque au plagiat), et ce à de très nombreuses reprises, y compris lors des passages en tapping, très utilisé par Septaria aussi (« Centaure », « Sagittarius », « Psyché », « Persephone », et il n’est pas exclus que j’en oublie au passage). Pour autant Septaria est plus « post-metal » dans l’esprit et plus progressif aussi, d’autant que Gojira est devenu au fil du temps beaucoup plus direct et concis. Un morceau comme « Being » et ses près de 10 minutes permet de prendre bien conscience des qualités du groupe (capacité à développer une atmosphère, à balancer des passages puissants et entraînants), mais aussi de ses faiblesses…

Il y a en effet quelques points qui restent à améliorer à mon sens pour franchir un cap et concrétiser le potentiel : le chant clair d’abord, particulièrement fragile et même parfois plus que limite (sur « Being » les passages en voix claire contrebalancent de façon peu agréable ceux, beaucoup plus convaincants en voix hurlée). On ne peut que saluer la volonté du groupe de proposer quelque chose de varié vocalement, notamment en partageant le chant entre Hugo et Maxime, les deux guitaristes du groupe, malheureusement le chant clair (qui semble être assuré par Hugo) n’est pas suffisamment bon pour être un atout pour le groupe. Il est au contraire pour le moment un handicap à mon sens, qui va nécessiter un peu de travail ou de revoir l’équilibre chant hurlé/chant clair. Et cette volonté de se lancer dans plein de choses : chant hurlé, chant clair, passages parlés, effets sur la voix (« Being »), finit par trahir un éparpillement qui nuit à l’ensemble (éparpillement qu’on ressent aussi musicalement, il n’y a qu’à écouter « Skys Words » pour bien le mesurer tant on a subitement l’impression d’avoir affaire à un autre groupe en particulier à la fin du titre quasi ambiante avec également ce saxophone au loin), montre que le groupe se cherche probablement encore (ce qui peut se comprendre) et rend l’album difficile à écouter d’une traite.

Et sur ce dernier point, mentionnons l’autre écueil dans lequel tombe le groupe : la longueur de l’album ne joue clairement pas en sa faveur. On ne peut que saluer la volonté du groupe de ne pas se censurer et de nous donner tout ce qu’il a à donner sur A*. Mais si l’on dit souvent que la durée idéale pour un album est entre 40 et 50 minutes, c’est car cela permet de gagner en efficacité, de miser davantage sur ses forces, de moins s’étaler et délayer son propos, pour ainsi risquer de se perdre dans des passages faibles. « Persephone » est un bon exemple de morceau relativement inutile, reposant pour une large part sur un passage en tapping dont on voit bien une fois encore d’où vient l’idée et l’influence. Idem pour le final « Psithurism » qui vient rallonger inutilement l’album.

Sans même tenter de les comparer à Gojira, en entrant en concurrence frontale avec d’autres combos comme, pour n’en citer qu’un, Psychonaut (même si les belges sont beaucoup moins influencés par Gojira évidemment), il est à craindre que Septaria ait bien du mal à s’imposer et à faire son trou. Ce n’est malheureusement pas la pochette franchement moche (même si l’on devine qu’il s’agisse certainement d’aller à contre-courant du recours de plus en plus fréquent à l’IA) qui les aidera à amener à eux des auditeurs curieux.

A* est donc un fruit encore trop vert, venant d’un tout jeune groupe, dont on sent bien qu’il peut avoir le potentiel pour nous proposer mieux à l’avenir. A suivre!

Tracklist :
01 – Moment Présent
02 – Centaure
03 – Psyché
04 – Abyss
05 – Sagittarius
06 – A*
07 – Persephone
08 – Being
09 – Nocturne
10 – Embers
11 – Skys Words
12 – Psithurism

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1206 articles sur Eklektik.

Up Next

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *