Unfold the God Man, Le premier album des belges de Psychonaut initialement sorti en 2018 et réédité par Pelagic Records en 2020, avait à juste titre été l’album de l’année de la Rédaction cette même année. La barre avait donc été placée très haut par le groupe et la suite extrêmement attendue.
Avant de rempiler pour son deuxième album, le trio a fait le choix l’année suivante de sortir du format classique « album » pour proposer un unique titre à rallonge (de 16min30) qui figurait sur un split avec le groupe norvégien Sâver (qui de son côté proposait deux titres). Sans qu’il s’agisse d’un mauvais titre loin de là, il faut reconnaître qu’il ne nous avait pas enthousiasmé comme leur album de 2018/2020. Il faut dire qu’on préférait déjà sur Unfold the God Man, le côté frondeur de Psychonaut, davantage que son côté psychédélique le poussant parfois à délayer inutilement son propos et à perdre en efficacité.
Le groupe a lu dans nos pensées pour revenir avec ce nouvel album, Violate Consensus Reality à quelque chose qui fait davantage la part belle à des compositions, non pas courtes, mais d’une durée plus raisonnable, et résolument plus agressives. Du tapping endiablé à la Gojira sur « All Your Gods Have Gone », sur lequel les riffs dissonants m’ont aussi un instant fait penser à du MGLA, au final éblouissant de puissance mélodique de « Age of Separation », c’est simplement un festival et une énorme régalade pour qui appréciait déjà les moments les plus chaloupés du premier album des belges.
Mais le groupe belge ne s’est pas mué en monstre metal monolithique et bas du front, il conserve cette facette atmosphérique/prog à l’image de ce qu’il propose sur le morceau titre de plus de 8 minutes : une approche (partiellement) plus atmosphérique, mais ô combien pertinente compte tenu de l’alternance avec les coups de boutoir assénés par ailleurs sur ce même morceau. Un véritable voyage, presque shamanique d’abord puis carrément épique, qui permet au groupe de montrer l’étendue de son immense talent et une fois encore aux deux vocalistes (guitariste et bassiste) de faire admirer leur complémentarité que ce soit entre le chant hurlé et le chant clair, ou via les deux chants clairs harmonisés qui sont toujours de la partie.
Surtout là où on pouvait potentiellement trouver que le premier album souffrait d’un léger ventre mou, l’abdomen de ce nouvel album est parfait : entre les montagnes russes du morceau titre décrit ci-dessus, et le côté là aussi faussement apaisé -superbes parties de piano complétées par un violon plus discret mais non moins pertinent- mais magnifique de « Hope » (qui peut évoquer Klone), Psychonaut passe avec brio l’épreuve du milieu d’album, pour repartir plus enragé que jamais sur le superbe « Interbeing » qui est suivi par le furieux « A Pacifist’s Guide to Violence », 3min30 pied au plancher.
Le groupe n’a pas pour autant renoncé à ses élans plus progressifs, il clôture donc Violate Consensus Reality par un titre de plus de 12 minutes, « Towards the Edge », qui fonctionne d’autant mieux que son placement en fin d’album est très judicieux.
Une époustouflante réussite, un album absolument merveilleux, encore supérieur à son illustre aîné, et qui devrait en toute logique se hisser une fois encore tout en haut de notre top annuel.
Un grand merci à Pelagic Records de donner accès plusieurs mois en avance (en l’occurence ici 3!) au matériel promo (en haute qualité sonore) qui m’a permis de prendre mon temps pour déflorer et appréhender parfaitement les contours de cet album avant de jeter enfin des mots dans cette chronique. Une approche de plus en plus rare avec les embargos parfois interminables des labels, mais tellement appréciable tant elle permet de prendre le temps que certains albums nécessitent (même si Violate Consensus Reality m’a en l’occurrence harponné dès la première écoute).
Tracklist :
01 – A Storm Approaching
02 – All Your Gods Have Gone
03 – Age of Separation
04 – Violate Consensus Reality
05 – Hope
06 – Interbeing
07 – A Pacifist’s Guide to Violence
08 – Towards the Edge
Découverts sur scène cet été. Ils restent dans des terrains familiers mais le font vraiment très bien, ces Belges ont vocation à devenir un poids lourd de premier rang dans leur style. J’ai juste trouvé le chant un peu faible.