Helloween – Keeper of the Seven Keys Part 3

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Style: heavy metalAnnee de sortie: 2005Label: SPV

Chronique Alchemist :

22 ans de carrière au compteur, 12 albums studio dans la musette, de multiples changements de line-up dont un de taille puisque Andis Derris a succédé à Michael Kiske au poste de chanteur en 1994. Bref une carrière bien remplie et émaillée de haut et de bas pour nos citrouilles préférées. Avec leur Heavy enjoué (Parfois franchement déconnant même), copié, repompé, photocopié mais jamais égalé, nos amis teutons ont plus fait pour la réconciliation franco-allemande que toutes les fêtes de la bière réunies. Quoique…

Bien venons en au faits… Voici donc le fameux successeur des deux premiers épisodes de Keeper of the 7 Keys acclamés à juste titre par la foule en délire. Le suspense est insoutenable, ce dernier opus tiendra-t-il la route ? Après un The Dark Ride fort réussi qui avait marqué un virage sombre et moderne dans la carrière du groupe et un Rabbits Don’t Come Easy plus conventionnel et en demi-teinte, comment se portent donc nos citrouilles ? Et bien elles ont un peu perdu de leur couleur et de leur inspiration. Pas un naufrage en soi, mais tout de même une déception.

Nous avons tout d’abord affaire à des titres de remplissage, assez quelconques et dont le groupe aurait pu facilement se passer. ‘Pleasure Drone’ ou bien ‘Come Alive’ sont bien ennuyeux et n’apportent franchement rien de bien excitant. ‘Do you Know What You’re Fighting For ?’ aurait pu figurer sur un album de Hard-rock datant des années 80/90 et son refrain faible et gentillet n’arrange rien à l’affaire. Pas loin de 5 titres rentrent dans cette catégorie, sur les 13 qui constituent l’album, cela fait déjà beaucoup…

Venons-en aux déceptions. Des morceaux qui auraient pu prendre une tournure fabuleuse et nous emporter là où Helloween le souhaitait. En tête ‘The King for a 1000 years’ : A l’écoute de l’introduction et de l’entame de cette pièce de près de 14 minutes, on se prépare à un grand moment. Mais lorsque survient le refrain, complètement convenu et linéaire, tout retombe à plat. La seconde partie du morceau est pourtant très bonne, mêlant des ambiances symphoniques aux sonorités plus sombres expérimentées sur The Dark Ride, mais le mal est déjà fait, le groupe s’est vautré au décollage. ‘The Invisible Man’ et son refrain Helloweenien en diable est plombé par des breaks assez irritants quand ils ne sont pas niais et un solo bien mal placé qui coupe toute la dynamique de la chanson. Enfin, le splendide et imparable refrain de ‘Light the Universe’ ne pourra pas faire oublier ses couplets bien plan-plans.

Bien heureusement, les citrouilles ont plus d’un tour dans leur sac. Et la qualité est tout de même au rendez-vous avec quelques morceaux de bonne facture. On notera la prestation d’Andi Derris toujours très en voix qui nous démontre une fois de plus l’étendue de son registre et la puissance de feu dont il dispose. Il survole l’ensemble des débats, compositions faibles ou pas, de son timbre si particulier. Le sympathique Markus Grosskopf met la basse à l’honneur à plusieurs occasions, notamment dans l’honnête et efficace ‘Born on Judgment Day’ qui fait écho aux deux premiers Keeper. Le groupe sort de son chapeau (Non, non, pas des lapins !) au détour de chansons telles que ‘Silent Rain’ ou ‘Mrs God’, des titres assez enthousiasmants qui font mouche et nous rappellent des moments plaisants des deux premiers épisodes.

Pour finir, deux excellents titres surpassent sans difficulté l’ensemble. Le puissant ‘Occasion Avenue’ et ses 11 minutes nous dévoile un groupe au top de sa forme, enfin original et convaincant. Riche de ses ambiances variées, c’est une pièce de choix évidente qui rappellera aux nostalgiques les fabuleux moments du titre éponyme de Time of the Oath. Un dernier morceau de bravoure consolera les fans les plus déçus avec ‘My Life for One More Day’ et sa lead accrocheuse. ‘Don’t be afraid my friends’ nous déclare Derris… et on veut croire que cet épisode ne sera qu’un mauvais moment dans la carrière du groupe qui en a vu d’autres.

Le bilan est finalement maigre. En choisissant de donner une suite à deux albums légendaires, Helloween prenait le risque d’une comparaison qui tourne malheureusement à son désavantage. L’inspiration n’est vraiment pas au rendez-vous et quasiment aucun des titres ne fait le poids face à ceux de The Dark Ride pour parler d’un passé plus récent. Le groupe a raté une belle occasion de surclasser tous ses suiveurs et contrairement aux deux premiers chapitres de Keeper où il marquait des points à chaque titre, laisse le tableau d’affichage vierge ou presque. La magie n’a pas opéré pour cette fois. Comme disait l’autre : It’s the rise and fall, the prize for all, that ain’t nice at all…

Note Alchemist : 08/20

Chronique Monster :

Maître Weikath sur une branche d’un bonzaï tenait dans son bec un trousseau de 7 clés (et aussi une clope). Maître Derris, par l’odeur alléché, lui tint ses propos de façon amicale : « dis donc toi là haut le mal rasé qui fume et qui tire la tronche en concert, il serait ptêtre temps que tu les laisses tomber tes 7 clés à la con, parce que depuis le temps que tu baves dessus elles commencent à rouiller ». Maître Weikath ouvrit son bec pour l’insulter gracieusement et laissa tomber les 7 clés devant le fourbe Derris qui esquissa un sourire tout en lui disant : « merci, si ton riffage est l’égal de ton rasage, ça risque d’être mal parti ». Et voilà comment le 3ème volet de la saga des Keepers, intitulé l’héritage, était en route. Tout du moins, je suppute…

Faut dire que les Keepers c’est culte. Voyez-vous ma bonne dame, c’est avec ces 2 opus que ces bonnes gens de Hambourg connurent leur heure de gloire. C’est aussi ces deux albums qui installèrent le style heavy speed mélodique et qui furent l’influence principale de nombreux groupes répertoriés true metal, n’étant pour la plupart que des versions faisandées et clichesques du « vrai Helloween ». Mais voilà, pour certains, et notamment pour la part la plus ancienne (et grincheuse, il faut bien le dire) du public, le vrai Helloween c’est celui des Keepers, après c’est du bluff. De ce « vrai Helloween », ne reste aujourd’hui que le guitariste et fumeur infernal Mickael Weikath (Weiki pour les intimes) et le souriant et sympatoche bassiste Markus Grosskopf. Mais voilà, le problème pour les grincheux c’est qu’un Keeper nouveau ne peut être fomenté sans le reste du line up culte des Keepers. Or, faut bien que les grincheux se fassent une raison : on ne ressuscitera pas le regretté batteur Ingo Schwichtenberg ; Michael Kiske n’aime plus le metal ; quant à Kai Hansen, il préfère s’occuper de son Gamma Ray où il reste le grand manitou, plutôt que de revenir s’engueuler à Weiki comme à la grande époque.

Depuis l’excellent The Time Of The Oath, Helloween semblait reparti sur de bonnes bases. Preuve en est le plus que bon Better Than Raw et le surprenant The Dark Ride. Les citrouilles laissaient loin derrière toute la concurrence en matière de speed metal mélodique, empêtrés dans leurs clichés et pataugeant dans la kitchitude la plus ingrate. Certes, le Helloween de cette période dorée ne sonnait plus comme celui des Keepers. Mais après tout, ce n’est pas plus mal. Même Gamma Ray et son pourtant très bon Powerplant paraissait à des années lumière en retard face au son moderne de The Dark Ride. Derris, Grapow et Kush sauveur d’Helloween ? Farpaitement !

Mais voilà, une grande partie du fan base des citrouilles, composée d’une bonne part de vieux grincheux, n’a pas acceptés que leur Helloween change de façon aussi brutale. Résultat : des ventes de disques décevantes. Conséquence : le Weiki prend peur de ne plus avoir assez de jetons
dans l’avenir pour pouvoir s’acheter ses clopes (déjà qu’il semble avoir quelques problèmes pécuniers pour pouvoir se raser convenablement). Stratégie du Weiki : pester que The Dark Ride c’est caca et que lui ne voulait pas faire ça, qu’on lui a forcé la main et que les fautifs ce sont Roland Grapow (le guitariste) et Uli Kush (le batteur). Au revoir messieurs. Depuis, Helloween semble bien condamné à la banalité du heavy speed mélodique dans son acception la plus classique. La preuve en est la tentative de rallier de nouveau les grincheux à sa cause en nous concoctant ce 3ème épisode de la saga des Keepers, subtilement appelé « L’Héritage ».

Que les grincheux qui ressassent la bonne époque des 2 premiers Keepers à chaque sortie des citrouilles se rassurent, ce n’est pas avec cet album qu’ils vont pouvoir changer leur discours. Helloween fait du Helloween classique, mais sans génie. Les fourbes ont placé au début de chaque disque les meilleurs morceaux. C’est en effet sur les longs morceaux épiques tel « The King For 1000 Years » et « Occasion Avenue » que le Helloween de 2005 se montre le plus pertinent. Bon certes, « King For 1000 Years » n’est pas au niveau de « Halloween », « The Time Of The Oath », « Mission Motherland », « Midnight Sun » ou encore « The Dark Ride » ; mais ça reste de la bonne came quand même. Mention plus à ces claviers symphoniques et ces chœurs braves qui rendent chatoyants ces presque 14 minutes. Quant à « Occasion Avenue », ça frappe fort avec une basse pleine et solide en ossature et un riff principal costaud, propre au headbanding. Quelques chœurs bien placés pour remuer la sauce et le tour est joué. On a aussi les 7 minutes de « The Invisible Man », qui commence par quelques notes de basse du décidément très en forme Markus Grosskopf – dont l’instrument est plus en avant que sur les précédents opus, ce qui n’est pas un mal, ceci apportant un certain groove. Bref, à part un refrain bien banal et quelques longueurs, les claviers plus inhabituels que jamais et le beau solo de gratte fin et rempli de feelings font de ce morceau une des perles de l’album.

Sinon le reste… Comment dire… Sans allez jusqu’à hurler à la nullité comme mon respecté et éminent confrère AlCheMist de cette éminente institution (mazette, on se croirait à la Sorbonne) qu’est EKLEKTIK (finalement ça n’a pas grand intérêt que je fasse de la pub pour le zine dans le zine mais bon c’est l’intention qui compte hein ?), disons qu’il n’y a pas de quoi hurler au génie non plus. Tout cela reste sympathique, allant du moyen au bon. Helloween fait du classique, mais a déjà fait mieux dans le classique. Pas de « Dr Stein » en vue ou de « Eagle Fly Free » pour l’occasion. On a droit à quelques hits, vous savez le genre de truc assez pop qui pourrait faire un malheur à la radio, le genre de cochonnerie qui vous pourrit la journée en vous restant définitivement planté dans le crâne, en premier lieu desquels le single « Mrs God ». Et puis il y a le passage obligé de la ballade avec « Light Of The Universe », ou une demoiselle bien fraîche vient roucouler avec Andi Derris. On est loin de la poignante « If I Could Fly » ou de la tout aussi émouvante « If I Knew » en terme de qualité. J’ai quand même remarqué une différence entre les deux disques – je dois pitêtre être le seul à l’avoir remarquée aussi – le second cd est plus rock n’ roll que le premier. Preuve en est du riff pétaradant de « Occasion Avenue » dont j’ai déjà parlé par ailleurs ou encore de morceaux tels que « Do You Know What You’re Fighting For », « The Shade In The Shadow » avec son orgue hammond, du bien fun « Come Alive » ou du banal « Get It Up ». Si bien que ce second skeud sonne plus rafraîchissant dans mes pauvres oreilles déjà bien maltraitées par des années de vulgaires décibels. Mais bon, dans le genre plus rock, les Allemands ont déjà fait bien mieux sur Better Than Raw avec « Hey Lord ! » ou « Don’t Spit On My Mind ».

Ouhlalaaaa moi qui était parti pour faire une chronique courte est vite expédiée, c’est encore raté. De ce fait, j’en profite pour expédier vite fait mal fait la conclusion que tout le monde attend avec impatience. Et bien vous voilà exaucés. J’en viens au fait. Ne tergiversons pas. Allons droit au but. Arrêtons de tourner autour du pot tout de même. Hein ? Quoi ? Je suis lourd ? Bon d’accord…
Keeper III n’a finalement de Keeper que le nom. Helloween a tout simplement capitalisé sur son glorieux passé en utilisant ce titre maladroitement, histoire de rameuter le plus de curieux. L’ensemble est agréable, bien sympathique, bon en somme, mais ne comblera de joie que les fans les plus assidus des citrouilles, sympathiques allemands imbibés de bière pour la plupart. Les autres attendent bien mieux de ces gens là (Helloween hein, pas les sympatoches teutons bourrés). Le seul album qui mérite bel et bien le titre de Keeper 3ème du nom, c’est l’excellent The Time Of The Oath qui est pour certains (dont votre serviteur) le meilleur album des citrouilles.

Note Monster : 13/20

  1. cd 1 : the king for a 1000 years
  2. the invisible man
  3. born on judgment day
  4. pleasure drone
  5. mrs. god
  6. silent rain
  7. cd 2 : occasion avenue
  8. light the universe (feat. candice night)
  9. do you know what you’re fighting for
  10. come alive
  11. the shade in the shadows
  12. get it up
  13. my life for one more day

Chroniqueur

alchemist

Chroniqueur inter mi-temps, amateur de chats, de Metal mélodique sous toutes ses formes, de fromages de caractère, de bons bouquins, de radios intelligibles... et de zombies.

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