Peut-on encore dire que Rage soit un groupe allemand ? Constitué d’un batteur américain musclé et très véloce (Mike Terrana), d’un guitariste biélorusse virtuose et fin technicien (Victor Smolski) et d’un bassiste chanteur allemand sympathique à la voix grave puissante (Peavy Wagner), la formation a tout de la dream-team heavy metal internationale. Faut dire que Peavy Wagner en a vu de toutes les couleurs avec son groupe depuis sa création en 1984 ( !!!!). Il a même fait équipe avec des grecs fut une époque. Mais ce trio qu’il forme actuellement avec Smolski et Terrana, ne serait-ce pas l’incarnation ultime du groupe ? Ça en a tout l’air en tout cas tant l’équipée sauvage a l’air forte ; l’entente entre les trois hommes étant au beau fixe et le succès au rendez-vous. La preuve : cette année le groupe joue en tête d’affiche de l’Elysée Montmartre à Paris. Ça paraît peu comme ça mais il y a quelques années le groupe en était réduit à des salles beaucoup plus modestes. D’habitude, j’ai tendance à pester face au succès rencontré par certaines formations de heavy metal qui me semble exagéré en proportion de leur talent, mais pour Rage je suis prêt à hurler à qui veut l’entendre que ce n’est que justice. Car voilà un groupe qui n’a pas pour habitude de se reposer sur ses lauriers et qui renouvelle et modernise son propos à chaque nouvelle réalisation. Bénit soit Peavy Wagner ! Mais trêve de tergiversation, qu’en est-il de cette nouvelle galette ?
Rage s’est retrouvé le cul entre deux chaises : soit proposer un album symphonique comme à l’époque de Ghost et XIII (pourquoi s’en priver si on dispose d’un Smolski qui a côtoyé de nombreux orchestres au cours de sa carrière car il est le fils d’un compositeur biélorusse) ; soit tout exploser avec des titres bruts de fonderie d’un heavy metal moderne comme sur Unity. Le groupe a choisi en faisant les deux à la fois. Une première partie composée d’un unique morceau symphonique de 25 min. et une seconde avec des titres purement metaaaaalllllll et rageurs.
« Suite Lingua Mortis » est le doux nom de ce morceau symphonique décomposé en huit pistes. C’est d’ailleurs le grand moment de ce disque. Impossible de s’ennuyer à l’écoute de cette pièce car le tout est très varié et fortement progressif. Tellement varié que ça en devient assez décousu par instants. On passe d’une intro très péplum (« Mortituri Te Saluant ») à un instrumental très Dream Theater (d’ailleurs nos trois héros mentionnent souvent l’influence du groupe américain dans leurs interviews). On a de tout durant les 25 minutes de cette pièce épique : du talkbox, des riffs un peu indus, des solos de gratte groovy, un orchestre qui explose ou qui joue sur la corde sensible, des chœurs, des passages tortueux dans une veine progressive, du solo de batterie assez court heureusement, de la guitare acoustique, le fromage, le dessert, le café, etc… Bref une pièce très dynamique qui, si elle peut paraître passionnante et fascinante à certains, ressemblera pour d’autres à une espèce de brochure de tout l’éventail de possibilités du groupe. J’ai tendance à penser que ce morceau aurait pu être plus long car la seconde partie du disque, de grande qualité aussi cela va sans dire, souffre de quelques lacunes. De plus, certains passages auraient mérité d’être plus développés.
Les morceaux de pur heavy metal sont moins bons que sur les albums Soundchaser et Unity, moins surprenants et originaux. Ils sont plus bruts que sur les deux derniers albums et les mélodies moins marquantes. D’une certaine façon certains morceaux font penser à ceux de l’album Black In Mind en plus moderne. Rage s’y montre cependant d’une efficacité à toute épreuve, le groupe maîtrise sa matière. Le style Rage ne peut pas être confondu avec un autre groupe, il est identifiable dès la première écoute. Les refrains sont, comme d’habitude, mémorables. Smolski montre qu’il est l’un des meilleurs guitaristes de heavy metal sur le marché à l’heure actuelle. Terrana est une véritable pieuvre derrière ses fûts et les vocaux de Peavy Wagner sont puissants tout en étant mélodiques. Quel bonheur d’écouter un heavy metal puissant et burné qui ne tombe jamais dans la mièvrerie et le kitsch !
Malgré le fait qu’on attendait plus de la part de ces trois monstres de technique, on ne pourra nier qu’à l’heure actuelle Rage est la meilleure formation de heavy metal originaire d’Allemagne. La seule qui après 20 ans de carrière ose encore évoluer et aller de l’avant à chaque nouvelle réalisation. Respect.
- morituri te salutant (instr)
- prelude of souls (instr)
- innocent
- depression (instr)
- no regrets
- confusion (instr)
- black (instr)
- beauty
- no fear
- soul survivor
- full moon
- kill your gods
- turn my world around
- be with me or be gone
- speak of the dead
Si on est du niveau de qualité de Unity et Soundchaser, ca va encore être la grosse claque …
Rage Rules, Smolski Rules …
Ben non on est un peu en dessous du niveau de qualité de ces 2 albums et ce n’est pas la claque escompté mais ça reste de haut niveau !
Après plusieurs écoutes, la claque est bien là…
Cela dit, c’est un peu frustrant, on dirait deux moitiés d’album qui n’ont rien à faire ensemble… mais chacune prise à part… ça claque quand même !