Lacuna Coil – Karmacode

14 Commentaires      1 837
Style: metal gothique à chanteuseAnnee de sortie: 2006Label: Century Media

Nightwish sans chanteuse, Evanescence au fond du trou, les hauts des charts sont donc totalement ouverts à Lacuna Coil et il n’y a pas de doute qu’avec ce nouvel opus cela arrivera sans peine. Forts de plusieurs années sur les routes, les italiens ont mûri et savent placer leurs billes là où il faut pour que leurs compositions soient des hits sans pour autant que l’on les classe dans la catégorie des vendus. En effet, suite à la sortie de Comalies je me souviens avoir lu une interview de Christina Scabbia où elle semblait assez choquée que l’intervieweur lui demande si son groupe allait devenir plus pop maintenant que les possibilités de vendre à un public déjà réceptif à un mélange de chants féminin / masculin sur fond de guitares lourdes étaient plus grandes. Un « non » fut la réponse de la chanteuse qui affirmait que le futur du groupe était dans un son encore plus heavy au fur et à mesure des albums. Et elle n’avait pas menti, la belle. « Plus heavy et plus mélodique », la voilà la ritournelle que sortent beaucoup de groupes lorsqu’on leur demande comment sera leur prochain effort. Et dans le cas présent, c’est l’explication la plus simple mais aussi la plus honnête qu’ils auraient pu fournir. Maintenant voyons voir cela en détail.

Dès les premières notes, les guitares se font déjà plus présentes ainsi que la voix masculine. Sur Comalies, le seul autre album de Lacuna Coil que j’ai entendu à ce jour, la voix de Mademoiselle (ou madame, je ne me tiens pas au courant de la rubrique potin) Scabbia se posait un peu trop souvent comme un ballon dirigeable sur le reste des instruments. Le résultat était loin d’être inécoutable, mais il fallait tendre l’oreille pour que les guitares se fassent plus sentir. Là, la production met tout le monde sur un pied d’égalité, autant les guitares que la basse ou les deux voix qui ont toutes les deux le droit de cité pour envelopper encore mieux ces chansons, certes assez pop, mais tout de même encore assez metal et surtout très bien écrites. De plus, alors que Comalies avait des consonances « gothiques », un je ne sais quoi de mélancolique dispensé à dose thérapeutique, Karmacode se veut plus positif mais sans être pour autant enjoué. Attention, je ne veux pas dire pour autant que le groupe est devenu plus gentillet et tient à tout prix à vendre. Loin de là ? Je pense que s’ils avaient voulu emprunter cette voie il y a beaucoup de choses qu’ils auraient pu se dispenser de faire, surtout au niveau de la production, comme je viens de l’expliquer. Cependant il y a un ton, pas plus léger, mais plus enthousiaste dans ces chansons, comme si le groupe voyait l’avenir d’un œil meilleur. Et puis, ce que je retiens surtout de cet album, malgré mon manque d’intérêt pour ce style, ce sont les petits détails insérés par les instruments qui montrent bien que tout cela n’est pas un vulgaire copié / collé enfilé en deux temps trois mouvements à coup de Pro Tools mais un album bien réfléchi constitué de chansons dont ils peuvent être fiers.

Enfin, fiers… dans une certaine mesure. Il y a tout d’abord ces riffs groovy évoquant une sorte de neo metal un peu plus couillu qui n’est pas fait pour me plaire. Mais bon, cela s’accorde bien avec les autres instruments donc pourquoi auraient-ils cherché à faire des riffs plus metal ? Par contre quand l’ensemble d’une plage se fait plus pop et un peu moins rythmée ça ne passe pas aussi bien, comme sur le « pas très inspiré » « Within me » ou quelques accords de guitare acoustique sans grand intérêt palissent de honte entre des titres très efficaces comme le premier single, « Our truth » ou « To the edge ». A l’opposé de ce moment doux mal foutu on trouve par contre une autre réussite, le surprenant « What I see », plus violent mais toujours très accrocheur, qui m’a fait relever le nez de surprise quand je l’ai entendu débarquer après l’interlude / introduction qu’est « You create » (pas mal non plus d’ailleurs, soit dit en passant). Lacuna Coil ouvre donc la voix vers de nouvelles idées ou des petites variations au fil de cet album et ce n’est pas plus mal. Les petits bouts d’électronique, qui me font penser à ce que In Flames incorpore maintenant au détour de certains riffs, sont très synthétiques mais s’accordent parfaitement avec la surproduction de l’album. Mais bon, c’est de Lacuna Coil qu’on parle, pas d’un groupe de brutal death metal donc il ne fallait pas s’attendre à un virage progressif ou trve black metal.

Et d’ailleurs, même en ne voyant cet album que comme un compromis entre le monde de la pop et du metal, il n’en reste pas moins que la plupart des chansons sont très bonnes et montrent une évolution lente mais nette dans leur carrière. Le problème majeur c’est que toutes ne sont pas des réussites et que certaines idées tombent un peu à plat, comme ce solo très mal foutu dans « the Game » et leur reprise de « Enjoy the Silence » de Depeche Mode, assez personnelle pour ne pas être un échec complet mais pas non plus mémorable, d’autant plus qu’elle conclut alors Karmacode sur une note finalement en demie teinte. Et c’est bien dommage car le reste de l’album, surtout sa première moitié, vaut très largement le coup. Cela ne va pas conquérir de nouveaux fans de metal pur et dur (avec les cheveux gras et tout et tout), mais la course vers le sommet continue pour eux et ne risque pas de s’arrêter avec ce nouveau chapitre. Le simple fait qu’ils aient réalisé cet album sans faire de compromis pour autant est déjà très honorable dans un monde où la musique populaire se résume à des accords basiques répétés sur tout un album. Ce Karmacode n’est donc sûrement pas le meilleur album du groupe, je laisse les fans faire ce choix, mais il y a tout de même de très beaux morceaux (« Our truth », « What I see », « In visible light ») et ça un métalleux de mon genre ne peut pas le nier.

  1. fragile
  2. to the edge
  3. our truth
  4. within me
  5. devoted
  6. you create
  7. what i see
  8. fragments of faith
  9. closer
  10. in visible light
  11. the game
  12. without fear
  13. enjoy the silence (depeche mode cover)

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

hororo a écrit 395 articles sur Eklektik.

Up Next

Du meme groupe

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

14 Commentaires

  1. Veusti says:

    Ca m’a l’air fini la mode groupe avec belle brune chanteuse.En tout cas j’ai beaucoup aimé Comalies. Il faudra que je jette une oreille la-dessus, même si cegenre de métal n’est plus mon trip.

  2. Firecat says:

    Mais combien de groupes ont repris Enjoy the SIlence ?!
    Lacuna Coil, j’ai eu une période ou j’ai kiffé les singles des albums précédents. Mais ca m’est vite passé, je m’ennuie quand j’écoute ca. Mais je suis pas contre écouter ce nouvel opus.

  3. Ilhan says:

    C’est pas que ce sois foncièrement mauvais, mais ya juste zero emotion à l’écoute de ce cd. Comalies etait déjà trop pop a mon gout, je resterais sur les premiers cd’s du groupe (encore? je vais passer pour un vieux con).

  4. Monster says:

    Ouaip ben moi j’ai trouvé ce disque execrable…

  5. benjouz says:

    Lacuna Coil cède complètement aux lois du marché, leur but actuel est de percer aux USA… Pour les amateurs des premiers albums il ne reste plus qu’à se les ré-écouter parce qu’il n’y vraiment plus beaucoup de saveur dans leur musique…

  6. benjouz says:

    Je viens de lire la chronique, et des conscessions ils en ont fait des dizaines!!!
    Ecoute leurs 2 premiers albums Hororo et tu verras que les quelques influences gothiques que tu avais décelé dans Comalies constituaient une bonne partie de leur charme et de leur identité à la base. Tout ça est malheureusement passé à la trappe. Ne reste plus que des riffs sous-Kornesque et des chansons préfabriquées & taillées pour les passages radios.
    J’étais fan de Lacuna Coil mais là ce n’est plus possible. =-(

  7. schrissse says:

    l’amérique, l’amérique, ils veulent l’avoir et ils l’auront…

  8. Gorth says:

    Ce disque pue l’opportunisme et le billet vert à plein nez.
    Comalies n’était pas mauvais sans être génial non plus mais là c’est définitivement trop.
    Aucune inventivité, production lissée et formatée. Passage en radio obligatoire. Ils l’on voulu et ils l’auront.
    Moyenne d’age des concerts : 16 ans… Dommage pour un groupe qui sans être génial avait du potentiel.
    07/20.

  9. dah-neir says:

    Ouais bah si je l’avais chroniqué celui la il aurait pas passé la barre des 10/20. Qu’est ce qu’on s’emmerde, qu’est ce que c’est nul. Et pourtant j’adore Comalies mais là c’est vraiment de la merde. Et la reprise d’enjoy the silence est misérable. Alors evidemment avec une jolie nana ca marche du tonerre, on nous aurait mis un thon a la place, je suis pas persuadé qu’il aurait autant de succès cet album….
    poubelle

  10. dark hypp says:

    Je n’ai écouté que le titre présent sur Rock hard qui a très peu de charme….
    Je ferai pitetre l »effort de l’ecouter dans son intégralité mais sans grande conviction

  11. Lacuna Coil says:

    Je passe jute pour dire que j’ai fait ma chroniques par rapport a mon ecoute de Comalies, donc peut être que les precedents sont meilleurs mais ça je n’en ai aucune idée.
    Et en ce qui concerne les accusations de ventes et bien je ne les ai pas sentis et j’ai apprecié beaucoup de titres alors que je suis generalement très peu enclin a aimé les titres très pop.

  12. Hororo says:

    Ah et puis precision, même si c’était evident, c’était moi au dessus.

  13. Emma Peel says:

    En tous cas bordel de cul la chanteuse est plus bonne que Johnatan Davis.

  14. biss says:

    il change carrément des autres albums, mais y’a toujours un son lacuna coil. et même si ça peut paraitre plus pop, plus accessible moi j’adore. j’pense qu’à leur niveau j’aurai fait pareil. et ça veut pas dire qu’ils ne reviendront pas à des choses plus « violentes ». y’a qu’à voir static-x ……

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *