Lacuna Coil – Comalies XX

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Style: Metal gothiqueAnnee de sortie: 2022Label: Century MediaProducteur: Marco Coti Zelati

L’idée des italiens de Lacuna Coil était intrigante… Profiter des 20 ans de leur cultissime (et excellentissime!) album Comalies, pour proposer non pas simplement un bête remaster, mais carrément une nouvelle version de cet album, entièrement déconstruite, revue et réenregistrée, avec également un nouvel artwork, plus sombre (et assez réussi quoique bien froid).

Intrigante mais en réalité extrêmement casse-gueule. En effet, si Comalies reste encore un album excellent, j’ai tendance à penser que le son très typé fin 90’s / début 2000s qui le caractérise y est probablement pour beaucoup. Alors même si on reconnaît parfois (mais pas toujours!) les mélodies des morceaux, les italiens ont fait l’erreur de densifier leur musique en rajoutant des couches notamment d’éléments symphoniques, qui viennent alourdir de façon maladroite la plupart de leurs compos. On perd le charme et la légereté de la version 2002 qui m’a toujours fait penser que cet album était un peu leur propre interprétation du metal gothique, version grand public, à la Draconian Times de Paradise Lost (également parce que la voix d’Andrea faisait penser à celle de Nick Holmes à l’époque), influence assez évidente à l’époque. « Heaven’s a Lie » qui est une compo phare de l’album, se retrouve par exemple alourdie de 100 kilos de guimauve symphonique qui rendent sans surprise le résultat aussi écoeurant qu’on pourrait l’imaginer, idem pour la très jolie « Entwined » qui a pris du kilo en 20 ans et dont on ne reconnaît plus du tout les charmes…

Au-delà de cette nouvelle dimension symphonique d’autres changements ne manquent pas de surprendre : les sons électro pouet pouet de « Unspoken »,  les gros riffs de guitare beaucoup plus metal et durcis sur « Daylight Dancer » (peut-être à l’origine mon titre préféré de Comalies avec « Unspoken » justement dont la mélodie est également complètement afadie sur cette nouvelle version) ou cette façon quasi systématique de durcir le chant masculin d’Andrea, qui se retrouve désormais très souvent à chanter en voix death sur la plupart des titres. On comprend bien qu’il s’agit pour ce dernier changement d’accentuer encore davantage le contraste avec la voix toujours superbe de Cristina (le fameux effet « belle et la bête » dont on parle depuis leurs débuts s’agissant du groupe), mais le résultat laisse perplexe, le pouvoir des mélodies d’origine s’atténuant malheureusement du même coup, car elles n’étaient pas à l’origine portées uniquement par Cristina mais également par Andrea, ce qu’il ne fait plus en gueulant de cette façon. S’agissant de « Daylight Dancer » dont je parlais juste avant, la conjonction de tous ces éléments fait très mal au titre dont la mélodie (pourtant magistrale) est complètement transformée et afadie de façon dramatique. Sur « Heaven’s a Lie » le chant d’Andrea quoique plus dur, apparaît paradoxalement plus plat, cassant du même coup la mélodie qu’il incarnait en 2002 et qui en faisait l’un des tubes de l’album. Idem pour « Self Deception » qui était peut-être le titre sur lequel l’interprétation d’Andrea ressemblait le plus à celle de Holmes, et qui devient ici une espèce de gros pâté bien confus.

On voit bien que le groupe met en avant d’autres titres en poussant des singles qui n’en étaient pas à l’époque, justement pour renforcer l’idée qu’il s’agit d’un album différent, mais il est à la fois différent et trop proche pour qu’en connaissant l’album original on ne passe pas toute l’écoute à se dire : « ah mais merde c’était mieux avant », « elle est où la mélodie que j’aimais tant? » ou « c’est quoi ce changement étrange? »…

Allez soyons généreux, il y a bien un ou deux titres qui ne passent quand même pas trop mal l’épreuve du changement : je pense à « Humane » même si on perd le synthé un peu vintage qui faisait aussi le charme de la compo d’origine, ou « Tightrope » (mis en avant comme premier single) même si la mélodie est très différente de l’originale. Mais globalement j’ai du mal à imaginer que quelqu’un connaissant et appréciant la version d’origine puisse lui préférer cette nouvelle version. Peut-être en revanche que ce sera une façon de faire venir à cet album les nouveaux fans du groupe qui n’auraient pas encore fait l’effort d’aller écouter les premiers albums du groupe (c’est-à-dire les meilleurs, dommage)… Simple hypothèse de ma part, tant je ne peux évidemment pas me mettre dans leurs baskets…

Pour ma part donc vous l’avez compris, c’est un grand « NON » au final pour cet album dont l’intérêt réside finalement uniquement dans le fait qu’il contiendra en plus de cette version XX… la version originale sur un autre disque. Un comble.

Evidemment si vous ne connaissez pas Comalies, je vous invite à aller l’écouter d’urgence dans sa version originale qui n’a pas pris une ride et reste à mon sens une pierre angulaire du metal gothique de la fin des 90’s/début des 2000’s mais vous pouvez sans problème faire l’impasse sur cette nouvelle version très (très) dispensable. Heureusement Century Media nous propose un album autrement plus intéressant et réussi, qui sort le même jour (le 14 octobre 2022). Rendez-vous demain pour la chronique de cette pépite!

Tracklist :
01. Swamped XX
02. Heaven’s a Lie XX
03. Daylight Dancer XX
04. Humane XX
05. Self Deception XX
06. Aeon XX
07. Tight Rope XX
08. The Ghost Woman and the Hunter XX
09. Unspoken XX
10. Entwined XX
11. The Prophet Said XX
12. Angel’s Punishment XX
13. Comalies XX

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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