S’il fallait uniquement pour se donner bonne conscience n’user que d’un algorithme pour trouver la solution à la genèse de toutes les possibilités,si la création n’était qu’un éternel recommencement sans saveur comment l’hérétique pourrait à son tour devenir son propre rocher de rédemption et se dégager du chemin que l’on a déjà tracé inconsciemment pour lui?
Fas – Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum est un hommage à la décadence magnifiée de la chute, civilisationnelle, philosophique et morale où la matière s’affranchit par sa dureté des vérités que les grandes illusions sociétales ont accompagné pour bercer le monde de leur tendre désaveux.
Bien sûr l’épicentrique Si Monumentum… nous avait prévenu et entre temps aussi, même si l’acte n’était pas en lui même un signe de la direction du méfait chroniqué ici, Kénôse indiquait l’azimut que les trois continuaient de suivre dans leur théo-belligérance.
Avec Fas-Ite tout le travail dogmatique effectué précédemment retrouve un sens plus lointain, comme exalté par le mysticisme des cabalistes, le ton se veut inquisiteur mais tombe moins dans l’imagerie ésotérique, la réflexion se fait alors plus personnelle mais est toujours empreinte de religiosité comme un élément intégrant le contre argumentaire du belliciste; Deathspell est bien là, travailleur et besogneux, évitant les analogies bibliques faciles et aiguisant les aphorismes pour donner un écho direct et puissant à son album, faisant trébucher la figure sacrée dans l’ombre des promesses qu’il lui destinait depuis le début et l’Homme avec pour retrouver sa piste.
Les terres noires que le combo esquisse ne sont pas un simple portrait sensitif baclé, il y a derrière cette orfèvre la pointe du ciseleur érudit, la passion de l’esthète pour le brillant assemblage, le bel esprit qui veut s’affranchir du genre tout en le propulsant plus loin encore.
A l’écoute de cet album et de ses chaotiques convulsions, il est une chose qui saute aux oreilles, non pas que la révolte ait sonné mais la mobilité et la tenue de Fas Ite entraînent l’auditeur à surpasser ses propres appréhensions, progressif et évolutionnel; dissonant et capricieux, occulte et intraitable; la saillie auditive pratiquée avec toute l’intelligence et la malfaisance d’un groupe qui se débarasse de quelques chaînes trop pesantes a vite fait de jeter un froid si l’on n’est pas préparé à affronter cet univers en ébullition.
Fas Ite est nerveux comme le cheval avant une course, exubérant et diaboliquement frondeur, indiscipliné et vicieux, hargneux et aussi glacial que The Mystical Beast Of Rebellion de Blut Aus Nord dans sa logique blasphématoire volontaire et sa longue déliquescence crépusculaire, mais là où ses contemporains affichent une linéarité endolorissante et dépréciatrice, Deathspell opte pour une tectonique musicale où les glissements d' »humeurs » se mêlent dans d’extrêmes mouvements tirant l’œuvre vers un baroque aliénant; les sons s’enchevêtrent dans des avalanches de notes, cherchant la capitulation à chaque seconde, intransigeants mais mettant en évidence leurs brisures par des breaks qui effritent l’imperméabilité du disque, car derrière chaque ténébreuse accalmie le déchaînement en attente demeure tapi et affamé, et quand les bourrasques se déchaînent avec force dissonance ce n’est que pour renforcer cette atmosphère sulfureuse et chaotique, la gifle elle n’est cependant pas informelle.
L’orchestration offre une lisibilité réduite mais passionnante, on se laisse happer par ce conte maudit et complexe, de ce tourbillon les images fusent dans un rayonnement apocryphe, les folies se démultiplient pour embraser l’espace sonore, que ce soient la frénésie de ces riffs, les plans de batterie névrotiques, ou les intermèdes solennels que l’on connait plus volontiers chez Deathspell avec ce goût prononcé pour le sacré, tout participe à cette dose d’excentricité et d’extravagance servie en filigrane sur cette galette de métal extrémiste où les titres mettront du temps à divulguer tout leur potentiel, perverse séduction.
On aura tout loisir de penser aux prédécesseurs, à un disque comme le Draco sit mihi dux d’Ondskapt, aux besogneuses sessions et atmosphères qu’un von Meilenwald a esquissées avec ses projets en Allemagne, au travail d’un Mayhem ou d’un Abigor au niveau du riffing, mais rien ne laissait présager cette émeute de décibels venu botter des culs et des cerveaux à grand renforts de passages atmosphériques béatifiants, puisant autant dans le post rock que certaines structures dans des genres beaucoup plus… mathématiques…
Il n’empêche que la dose émotionnelle que délivre le brûlot n’a rien d’anecdotique, sentiment enrichi par une production adéquate et généreuse, on ne tombera pas dans la sensiblerie mielleuse pour autant, la verve satanique des séditieux étant toujours à l’ordre du jour.
Il fallait bien frapper un grand coup pour retenir l’attention quitte à susciter l’indifférence et relancer par là même les débats sur ce que doit être le black métal. Seconde pièce et monument légendaire de l’aventure Deathspell Omega. Incontournable et magnifique disque, libérant un récit fantomatique tracé dans des incantations toutes plus magnétiques les unes que les autres, l’exhalation de l’horreur teintée par une mise en application épique et abyssale submerge les sens; les limites sont désuètes dans cette chute en avant où les anges ont sorti leurs armes pour le conflit divin, les frontières se muent en idées puis en mots, le verbe est modulable, mais certainement pas mon ressenti sur cette livraison.
http://www.youtube.com/watch?v=xDnwd9GLhe0
Un album qui déboite !!! Le lp est magnifique…
Album hyper complexe dont l’assimilation est longue, mais agréable car l’album agit de façon quasi ensorcelleuse en rappelant l’auditeur à lui régulièrement. Au final, il est évident que c’est une sortie majeure de l’année. On n’en attendait pas moins de ce groupe lui aussi majeur qui fait avancer les choses sans pour autant se révéler aussi difficilement abordable qu’un Blut Aus Nord par exemple…
J’ai du l’écouter 4-5 fois en tout et pour tout et j’en resterai là..pas l’ombre d’un petit frisson, pas de « mystique ».. c’est dommage pour ma gueule mais c’est comme ça. Déçu et blasé je suis.
Mathématique, c’est ce qui fait que je l’aimerai toujours moins que les précédents… Je l’ai pas encore cerné mais je sais que ca me bottera moins… C’est dommage, il y a de superbes moments mais le trop de technique m’empeche de prendre mon pied pour le moment (et je pense que ca restera ainsi malheureusement)… Sinon le LP est de toute beauté oui, comme d’habitude avec NoEvDia !
Un missile… On se prend le truc en pleine poire sans comprendre. Il est moins beau et baroque que SMR,C, mais plus vindicatif, ultra tranchant. Les passages les plus aggressif me donne la même impression de chaos maitrisé que Gorguts, en encore plus froid. Les deux « Obombration » sont énormes. Je l’ai pas encore assimilé mais il pète des rondelles cet album.
Album capricieux, difficile d’accès, brutalisant,techniquement très complexe et pourtant si captivant (tout à fait d’accord pour l’effet ensorceleur de la chose, on a bien rien comprendre au début, on en redemande ) .
DSO à sacrément évolué avec ce Fas Ite, moins directement black metal que ses anciennes sorties, on est dans autre chose là, je lui met un 17/20 remarquable album
Et le LP est magnifique en effet
Guim c’est le nouveau pseudo d’Uriel ? On retrouve le même style prétentieux et totalement imbouffable.
En ce qui concerne l’album, il est décevant après les deux disques précédents. Pas de passage d’anthologie, juste un black relativement efficace avec un son bien moins bon que Kenose. Le disque est de plus trop court, le groupe revient malheureusement au format de ses premiers albums. Les breaks et les mélodies ont moins d’impact, les explosions sont de plus en plus prévisibles, et on se retrouve même avec des riffs bien niais, comme sur le finish de « repellent scars ».
Hallu qui ne râle pas sur la durée de l’album n’est pas Hallu ! :)
@ Hallu : Oué je suis prétentieux et arrogant,et je t’e… bien profond ma biche ça va de soi!héhé.Tes interventions gaguesques doivent avoir le même mérite que mon style,elles ne laissent pas indifférent.En tout cas sympa d’avoir partagé ton point de vue,car tu n’es pas le seul à penser ça de cet album.Sans rancune et au plaisir
maintenant c’est sûr, le style de guim est vraiment insupportable. difficile de lire la chronique jusqu’au bout sans s’énerver devant ce chapelet de mots aussi rares qu’inutiles.
en effet ça ne laisse pas indifférent mais en l’occurrence ça ne sert à rien.
Bah si ça sert ,à avoir ton commentaire par exemple ;) .Par contre j’aurais préféré que tu fasses comme Hallu et que tu laisses tes impressions sur le cd,pour une prochaine,à plus l’ami
je l’ai pas écouté le skeud. j’ai juste lu ta chronique.
et mon commentaire ne sert à rien non plus. je ne veux pas que tu sois évincé d’eklektik! j’aime pas ton style mais je respecte ton travail.
C’est gentil à toi de ne pas vouloir que je sois évincé d’ekleketik pour avoir commis cette chronique héhé…N’hésite pas à revenir faire un commentaire sur le disque une fois que tu l’auras écouté.
C’est marrant de lire ce genre de commentaires… Qu’est ce qu’y a? Vous comprenez pas ce qui est écrit? Il vous faut toujours la même chose? Toujours les mêmes chroniques bourrées de superlatifs, de « ouah sa démonte à mort! » et de rapels inutiles sur les antécédents du groupe en question? Pauvre métal…planète gangrénée!
Aaaah enfin qqn qui l’a compris, ce fabuleux album hehehe ! 100% d’accord avec cette splendide chronique (je fais semblant de l’avoir comprise, Guim, parce que je sens que c’est pas à ma portée de chier des trucs aussi masturbatoires, spèce de malsain va !). L’album est parfait et se dévoile après la quinzaine d’écoutes nécessaires à ce que l’inconscient assimile ces multiples soubresauts aussi pernicieux que jouissifs, non sans vitupérer avec véhémence dans une velléité toute satanique propre à ce groupe singulier. ça tue ! 19//20 et c’est sévère encore ;-)
Je viens de prendre le temps de lire la chronique et:
Métachro: à part la longueur, je salue la personne qu’a trouvé le p’tit Guim. Ceux qui pensent à la prétention des mots sont loins de l’héritage linguistique réfléchi. Après, simple conseil: diluer et fondre le mot dans la masse est presque un art à part entière. C’est comme le muffin avec beaucoup de groseilles dans un coin et pas assez dans l’autre, on préfère souvent que ca soit partout kif kif. Et quand y’a trop de groseilles, on oublie presque le muffin ;)
Le disque: J’en salue la musicalité et l’ambiance. On verra ce qu’en disent le temps et le cerveau réunis.
Hallu ou l’hallucination de lire des conneries ouais !
Cet album est magnifique de bout en bout, dans la continuité de « Si » et « Kenose », et contrairement à vous j’ai adoré dès la 1ère écoute
c’est plus ce qui me fait peur sur le long terme
Il n’empèche que 20/20
Chronique illisible. L’épure est et sera toujours préférable à la prolifération hyperbolique. La force de l’intuition est une chose, et je le comprends parfaitement, mais elle doit se subordonner, malgré tout, à une démarche didactique. Certaines intuitions sont valides (très belle analyse formelle), d’autres moins. Ainsi, ces quelques inexactitudes :
1°) « évitant les analogies bibliques » : ça tombe mal, rien que le titre de l’album renvoie à Matthieu, 25:41.
2°) « comme exalté par le mysticisme des cabalistes » : vague, gratuit parce qu’injustifié, en plus d’être sujet à une mésinterprétation majeure. Dans la mesure où DSO centre exclusivement son étude sur les Pères de l’Église (les gnostiques chrétiens du 1er siècle passant -heureusement- à la trappe) en pervertissant chacun de leurs messages ; je vois mal où il serait question d’inspiration hermétique, illumiste ou quoi que ce soit ayant attrait à la doctrine du Centrum Divin et de ses émanations successives, tel qu’exposé par l’abbé Trithème. Non : le point de départ de DSO concernant la quête du deus/diabolus absconditus (j’allie les deux : la révélation impie, telle qu’elle est ici traitée par ce Fas – Ite, annihile le fond divin de l’homme, sa liberté, en ce qu’elle remplace et supplante, dans son processus, la figure salvatrice de YHWH à celle du Dieu de Terreur, inspirant crainte, horreur, ayant maudit l’homme et destiné son sang à la perdition), c’est le monde sensible, la matière, la dégradation organique, la finitude humaine et ses germes de perdition, de perversion. Une démarche quasi « réaliste », en un sens (sans pour autant rattacher DSO à la théosophie prenant racines chez Boëhme et les mystiques allemands.) Inspiration Bataillienne j’imagine.
– sinon, concernant le disque : la composition quasi-systématique en glissandi, à défaut d’ouvrir de nouvelles brèches d’expression (enfin, « nouvelles », Yannis Xenakis l’avait déjà fait bien avant, et en bien mieux sur ses travaux orchestraux) dans le domaine du BM, en plus de procéder d’une véritable réflexion formelle ; souffre néanmoins d’un manque : celui de ne pas être assez loin dans ce mode d’expression, en laissant entendre quelques niaiseries mélodiques superflues en fin de morceaux (j’exclus absolument celle de « A Chore for the Lost, qui reste un instant sublime et primordial), parfois rehaussés d’une inintelligibilité confuse (même si cette dernière peut se jusifier vu l’esthétique générale) par un festival percussif syncopé un poil surmixé. Dommage, bien que cet essai demeure superbe et très éprouvant, aussi bien de la part de celui qui écoute que du concepteur, j’imagine.
Et sinon tu aimes l’album ou pas, Zotrar?
Plutôt partagé, comme dit un peu plus haut. D’un côté, j’admire l’intention générale et sa mise en forme, que je reconnais séminale et propice à en inspirer quelques-uns ; de l’autre, je ne peux m’empêcher de penser, bien malgré moi, que certaines digressions mélodiques pas forcément justifiées (booouuuh la fin de The Repellent Scars), certains breaks tombant un peu par défaut, entachent plus la démarche de composition qu’ils ne l’affirment véritablement : un arrière goût de : « on a pas osé aller jusqu’au bout », si je voudrais faire mon provocateur. – Alors oui, pour beaucoup, DSO signe là sa plus grande œuvre. Paradoxalement, je ne suis pas loin d’y souscrire ; sa place épicentrique marquant une étape essentielle dans la démarche du groupe, son caractère de « champ de bataille psychologique » foncièrement … baroque ? (le souci de faire saillir explicitement les angles en moins). Car là où l’univers du « Si Monumentum » demeurait organique et inséré dans les chairs ; celui du Fas – Ite m’apparaît comme étant plus … abstrait, intériorisé, individualisé : ce disque, c’est une représentation sonore dénudée, quasi-calviniste dans l’esprit, d’une Apocalypse intérieure, au sens étymologique du terme (en grec, le « dévoilement »), du processus d’une révélation subie, de son incorporations insoutable, et des conséquences en dérivant. Celle d’un homme jeté dans cette tempête aux forces et aux tensions opposées, implacables, qui l’écartèlent en tout sens, masses dont les convergences surpassent tout ce que le corps peut supporter. (merci à cette production, extrêmement LOURDE, quoique ciselée). Évidemment, on est loin d’une extase où l’âme communie et dialogue dans l’amour de Dieu, bien au contraire …
ah ouais en fait Zotrar c’est Guim -_-
@ Zortar : Effectivement il y a une coquille, je voulais parler d’analogies bibliques « faciles », comprendre que la réflexion s’articule autour d’un thème mais qu’elle ne se nourrit pas de citations et d’imageries plus pittoresques dont on a l’habitude; dans la tradition de DSO en somme, mais beaucoup plus personnel sur cet album, le contresens est d’autant plus remarquable qu’avant ça je parle de théo-belligérance et d’un gosier littéraire emprunt de religiosité. Pour le second point : « le mysticisme des cabalistes », c’est juste un clin d’oeil à la Greek Qabalah de Crowley en rapport à la terminaison du nom du groupe et son Oméga fondateur. Pour ce qui est de l’explication de texte je laisse le choix de l’interprétation à l’auditeur le cheminement est personnel, j’ai évité l’écueil Bataille, à chaque chronique on le ressert pour les albums de DSO. « L’épure est et sera toujours préférable à la prolifération hyperbolique. », ça par contre c’est peut être un truc que tu devrais appliquer si ça te tient à coeur, mais ne reproche pas aux autres ce que tu n’arrives pas à mettre en place dans tes commentaires, merci en tout cas pour ton intervention, c’était assez savoureux et enrichissant.
@ Darkanti : héhé
Bataille n’est pas un écueil, loin de là. Ce n’est pas parce qu’il est cité sans développement dans pas mal de propos que c’est une inspiration – réelle, ici – à ignorer, de même que certaines observations typiquement sadiques. Après pour la question du style, je refuse d’enculer des mouches, mais je le dis et le répète, j’admire les personnalités dont l’écrit marche à l’intuition : cela témoigne d’une sensibilité et d’un rapport à l’œuvre que j’oserai qualifier de mystique, puisque procédant d’une contemplation. Avec ce qu’elles comportent de lyrismes, de phrases à rallonges, et d’ornements superflus, évidemment. J’ai donné mon avis (qui n’a pas plus de valeur qu’un trou du cul ; chaque être humain s’en coltinant au moins un) MAIS j’ai pris la peine d’expliquer le pourquoi par la suite, en veillant à rester clair quoique abstrait – à l’image du sujet musical qui m’y contraint, j’imagine. Bonne continuation tout de même. :)
Ce n’est pas Bataille l’écueil, loin de là, juste sa fonction systématique dans une chronique de DSO, j’ai préféré me focaliser sur d’autres aspects plutôt de tabler sur le côté institutionnel de cette association.