Lorsque, en 2011, Infestus sort son 3ème album Ex|ist, j’ai presque du mal à faire le lien avec son prédécesseur direct Chroniken des ablebens tellement l’évolution est marquée. Des structures et une ambiance beaucoup plus travaillées laissaient préfigurer une sortie majeure de l’année que ma fainéantise n’a pas permis de mettre en avant à travers une chronique. Dans la mesure où, 3 ans plus tard, les progrès sont encore plus flagrants et que l’album tourne en boucle chez moi, je suis contraint de me retrousser les manches !
Quand on regarde le parcours du groupe, de quoi s’aperçoit-on ? D’une chose assez simple, en fait : Infestus est une illustration des sentences vantant les mérites de la solitude comme : « on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », « je me les sers moi-même avec assez de verve et ne permets pas qu’un autre me les serve » et autres « il vaut mieux être seul que mal accompagné ». En effet, il apparait évident que dès qu’Andras s’est mis à tout gérer de A à Z pour l’entité qu’il a mise au monde, tout s’est enchainé à merveille (depuis Ex|ist). Et le moins que l’on puisse dire c’est que le bonhomme ne ressent pas vraiment la nécessité de nous faire partager sous forme musicale ses joies et ses espoirs.
The reflecting void fait partie de ces sorties que l’on a envie de qualifier d’œuvre, véritable production de l’esprit au sens le plus noble et le plus admirable possible du terme. Ceux qui seraient rebutés par une incursion dans le monde des forêts putrides jonchées de cadavres éviteront de passer à côté d’un incontournable de la musique ténébreuse (mais ont-ils seulement lu cette chronique les malheureux ?) ; ceux qui ne jurent que par les atmosphères guerrières ou occultes ne perdront pas leur temps à essayer de chier sur un album « traitre » à leurs yeux.
On est donc, vous l’aurez compris, beaucoup plus proches de structures chères à Shining (voire Silencer ou Doom:vs sur le déchirant « Constant soul corrosion ») que des harangues putrides d’Archgoat. Inutile de brandir les warpaints et les ceintures cartouches, vous sortirez plus déprimé que belliqueux de l’écoute de The reflecting void. Vous devriez presque même essayer de faire fi du vocable « black » pour lui préférer celui de « dark ». La production est claire et puissante, presque propre, mais permet de souligner les subtilités d’un album remarquable qui nécessite de multiples écoutes pour prendre toute sa dimension.
La musique d’Infestus nous enchaine et nous emporte dans un tourbillon de noirceur mélancolique. Je suis même prêt à faire un rapprochement audacieux mais, selon moi, pertinent avec le Katatonia de la période Brave murder day dans la mesure où, comme lui – et dans un registre plus « extrême » rappelons-le, The reflecting void fait la part belle aux atmosphères lancinantes et torturées (« Devouring darkness »).
Bien qu’il soit tout de même peu probable que cet album d’Infestus atteigne un jour le même statut culte que celui des Suédois, une place de choix doit lui être réservée au moment de se souvenir ce qui a fait de 2014 une belle année métallique.
Tracklist :
01-A Dying Dream
02-Spiegel der Seele
03-Constant Soul Corrosion
04-Cortical Spreading Darkness
05-Fractal Rise of the Fall
06-Innere Reflexion
07-Devouring Darkness
08-Origin
Pas mal du tout en effet. Un black original et bien foutu