Ce groupe tchèque originaire de Brno pratiquait à ses débuts (il y a de cela plus de 15 ans (!!!)) un black metal assez cru quelque part entre Bathory et Celtic Frost (loin des pérégrinations futures de la scène norvégienne) pour s’orienter ensuite vers un style difficilement descriptible, un genre de dark epic heavy metal. Le genre de truc qui peut plaire aux fans du Wolfheart de Moonspell (pas étonnant que Fernando Ribeiro cite les tchèques comme étant une de ses principales influences) ou à ceux de Candlemass, de Celtic Frost ou des albums les plus mélodiques de Rotting Christ, voir du Paradise Lost d’Icon ou de Draconian Times. Même les fans de heavy metal les plus ouverts pourraient s’y retrouver, en particulier ceux de Mercyful Fate et de sa majesté King Diamond. Et pour compliquer le tout, les Tchèques ne font jamais deux fois le même disque. Bref on a affaire à un OMNI metal que seul une poignée de fidèles suit à chaque nouvelle aventure musicale.
Pour ne rien vous cacher, je fais moi-même parti des inconditionnels de la troupe moldave et j’aurais aimé vous faire nombre d’éloges sur ce Daemon Viam Invenient. Mais voila, cet objet est loin de correspondre à mes attentes et à ceux de certains fans du groupe. Ne tournant pas autour du pot : Daemon Viam Invenient est décevant, surtout après avoir sorti 3 disques absolument fantastiques.
En fait, D.V.I. fait parti de ces skeuds étranges dont on ne sait pas trop quoi penser et qui déstabilise l’auditeur, même après un grand nombre d’écoutes. Pour sûr, on ne s’y ennuie pas car durant les 53 minutes et 13 morceaux de cette galette, le groupe semble toucher à tous les styles de metal possible et inimaginable et expérimenter des trucs assez délirants et abscons parfois. En particulier les vocaux de Big Boss, passant de sa voix de baryton habituelle très théâtrale et emphatique à la Messiah Mercolin (la voix du vieux petit gros de Root étant beaucoup plus grave et gutturale que celle du vocaliste de Candlemass) à des vocaux plus extrême. On adore ou on déteste, en tout cas les vocaux ne laissent pas indifférent (ça devient rare dans le metal).
Niveau musique, après une intro folk type « Nick Cave sous acide », on aura droit à tout et n’importe quoi si bien que parler de thrash par ici, de heavy metal par là, de death là, de dark metal atmosphérique ou de doom épique ailleurs perd tout son sens à l’écoute de ce disque frappadingue. « Human » prouve que les Tchèques maîtrisent grave niveau gratte, preuve en est le solo ébouriffant qui termine le morceau. « She » donne dans l’intimiste. « Who’re They » tape dans un genre de metal extrême primitif : vocaux grognés et tordus, riff punk-thrash cru et sommaire puis solo de gratte bruitiste. « Immortals (Tears of Stone) » démarre avec un riff lourd, que n’aurait par renié certains groupes dans le sillage d’un Pantera, puis se finit de façon plus mélodique. « Strange Beauty of Fright » est une ballade, le morceau le plus commercial du disque, ou Big Boss accompagne de murmure le chant d’une demoiselle à la voix grave. « Sonata Of The Chosen Ones » possède un rythme sautillant que n’aurait pas renié System of a Down. Riff sautillant aussi sur « What Will Be Next » avant une fin plus atmosphérique où Big Boss, le Mike Patton du dark metal, y trouve un espace pour nombre de ses délires incantatoires. « Hope Dies at Last » donne dans le doom des enfers : glauque. « Awakening » groove sa race ; Root ou le premier groupe de groovy dark metal ? Quant au final déjanté, on se demande si ce diable de Big Boss n’a pas invité quelques uns de ses potes des enfers histoire de scander la phrase finale de ce concept album démoniaque : « because we are demons ».
Vous comprendrez aisément qu’avec un disque aussi varié, fouillé, délirant et bizarre, il est difficile d’avoir un avis bien tranché tellement on a du mal à comprendre ce qui nous tombe dessus. Ce n’était pas le cas avec les précédents albums, mieux construits et plus cohérents. Les profanes de la troupe moldave seraient bien avisés de jeter une oreille à des merveilles telle que The Book ou Madness of the Graves s’ils tiennent à découvrir cette équipe de talent dans ses meilleures heures. Sans aucun doute, D.V.I. est audacieux et osée, mais pas sûr que beaucoup de monde s’y retrouvera.
- black dove & white raven
- human
- she
- who’re they
- awakening
- immortals (tears of stone)
- strange beauty of fright
- and they are silent
- sonata of the chosen ones
- what will be next
- hope dies at last
- a good affair turned up
- we shall never surrender