Le son est gros, brut, dense. La rythmique est lourde, la frappe puissante et le chant déchiré. La claque est énorme. On nous calle directement la tête sous l’eau. On étouffe. On manque d’air, on manque de tout.
Pour le dire autrement, dans cette atmosphère très noire, les lyonnais vous assomment d’entrée de jeu. On est soufflé puis plaqué au sol. Rien ni personne ne pourra nous relever, surtout pas eux. D’ailleurs, il se trouve qu’en live le groupe prenne un malain plaisir à jouer dans la pénombre la plus complète possible. Une manière de joindre le fond et la forme.
La musique de Celeste fracasse. C’est à la fois le marteau qui s’abat sans relâche et l’enclume qui subit sans bouger. C’est malsain et horriblement entraînant. La conjonction du son brut et épais, des dissonances et de la rythmique implacable fait émerger un sentiment de nausée et d’écrasement indescriptible. Un goût de sang et d’acides stomacaux envahissent votre bouche. C’est douloureux, singulier et palpitant. On reste subjugué par tant de violence, d’horreur, de négativité explosive; par ce bloc monolithique assommant.
On pourrait facilement parler de Celeste comme du cousin de Time To Burn. De nombreuses choses sont parallèles entre ce Nihiliste(s) et le is.land des parisiens. L’année de sortie, le style pratiqué, le pays d’origine… Mais comme le diable se trouve dans les détails, il convient de voir que le Time To Burn est peut-être un poil plus produit, plus écorché, plus « fin ». De son côté, Céleste est plus direct, plus sombre. Céleste disloque, pile et pulvérise. Rapprocher simplement Céleste et Time To Burn serait trop facile. C’est pourquoi je citerais également les noms d’Iscariote, d’Unfold, et de Shora… En dépit de ces « rapprochements », l’essentiel à retenir est la forte personnalité de Céleste. Une telle personnalité qu’elle nous perd dans les étiquettes entre post-hardcore/hardcore/screamo voire même noisecore…
Un grand album nous est proposé ici. Un album dont on reparlera dans plusieurs années; pour ses qualités musicales mais aussi pour sa promotion. En effet, l’album est écoutable et téléchargeable gratuitement depuis plusieurs mois sur le site web du label (Denovali)… avant d’être très bientôt disponible en LP. L’une des meilleures « sorties » française de 2007. Et d’ores et déjà l’une des meilleures de 2008!
- on prendra les femmes et les enfants en premier
- au feu le savoir
- mais va vendre ton dédain
- abandonner tout espoir à vingt ans
- pour maintenir encore une fois la distance
- a jamais dénudée
- tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop f
- mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme
- de sévices en amitié
- comme s’il suffisait de lever le doigt pour refaire
C’est bien en rapport avec mon humeur du moment cette musique. Hate de voir ça en concert.
Vraiment bon ce disque. J’aime beaucoup la description que tu fais de la musique de Céleste Fewz.
Total accord avec la chronique, album monstrueux qui va laisser des traces. Le concert dela maroquinerie était culte, j’espere que ce sera aussi bon à la scène bastille.