Quand Amanda Woodward, qui est pour moi à l’origine d’un des albums les plus marquants de la scène rock française de ces dernières années, La Décadence de la Décadence, ont commencé à moins faire parler d’eux (qu’est-ce qu’ils branlent?), un autre groupe a pris le relai : Aussitot Mort, les 2 groupes partageant certains membres (avec quelques The Apollo Program en plus), et leur EP Six Songs, était une sortie plus que consistante dans le contexte de la scène screamo, et pas seulement française.
Montuenga est le premier album de ce groupe de Caen. Je n’en ai découvert la sortie que très récemment, alors qu’il est disponible depuis plus de 6 mois en vynil, entre autres sur le label américain Level Plane, et le groupe a déjà eu le temps de tourner pour le promouvoir, y compris au Japon (et presque aux US, la tournée prévue a été annulée). Ou la promo m’est passée dessus, ou j’avais la tête ailleurs.
Montuenga voit le départ du chanteur présent sur l’EP, et sans un chant prédominant, perd donc logiquement une partie de l’intensité screamo du groupe. Même si d’autres membres du groupe s’occupent de meubler à ce niveau, les voix sont maintenant plus en retrait. Un tournant au niveau vocal mais également dans la musique, qui prend une tournure plus éparpillée, on y retrouve désormais une sorte de noirceur post rock rappelant ces autres représentants émérites du screamo français, Gantz, surtout sur le titre introductif et son violoncelle déprimant, alors que d’autres embrayent sur un gros son lourd et puissant qui tranche avec le screamo post-Amanda Woodward de leur démo.
En fait, le style du groupe a pas mal évolué, vers une musique plus psyché, toujours aussi énergique, mais souvent plus lente. Certains passages aux effets delays bien présents, limite dub, rappellent les derniers moments de Amanda Woodward, d’autres fois le tempo semble divisé par deux, ce qui les amène à des riffs bien pesants, et on arrive plus à une sorte de post-hardcore façon Isis et consorts aux riffs tranchants, même si on garde toute la tension du screamo.
On retrouve un peu plus le son auquel le groupe nous avait habitué sur des titres comme « Une Heure Plus Tard » ou « On a qu’à se Dire qu’on s’en Fout », les paroles étant donc, comme le nom du groupe, en français. Ce n’est pas vraiment la langue par où le bât blesse, mais les voix, qui ne me satisfont qu’à moitié, je les trouve la plupart du temps un peu banales, et souvent assez loin dans le mix, comme si le groupe cherchait à les camoufler. Les paroles mi-criées sont un peu pénibles sur « Une Heure Plus Tard » où on se laisse à penser que le chanteur d’Amanda Woodward, ou l’ancien de Gantz (sur Les jours se suivent et ne se ressemblent plus), auraient retourné ce morceau par ailleurs réussi au niveau musical. Je trouve par contre le chant mélodique, même bancal, de « Que le Veilleur Gagne » réussi, il colle vraiment bien à l’esprit de ce morceau, court hymne rock français bien prenant.
Sur 8 titres dont 2 interludes, on a donc des morceaux assez différents les uns des autres pour une bonne demi heure de rock intelligent, personnel, souvent un peu brouillon, inégal mais l’album pose une vraie ambiance. Le groupe se fait manifestement plaisir à jouer, ça lui permet de tourner à l’autre bout du monde, il vit sa passion à fond et c’est bien ça qui compte.
- mort! mort! mort!
- une heure plus tard
- que le veilleur gagne
- huit (part one)
- huit (part two)
- le kid de la plage
- on a qu’à se dire que l’on s’en fout
- le prophète de malheur
drommy approved