Enhancer – DéSobéIr

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Style: rap rockAnnee de sortie: 2008

En 2000, quand je lisais encore Rock Sound et faisais encore partie de la street team Nowhere, j’étais fan de Enhancer. J’ai beau dire aujourd’hui que mon premier « vrai » concert était celui de Meshuggah au Trabendo en 2003 mais la vérité est tout autre. J’ai vu par deux fois Enhancer en show case à la Fnac pour la sortie de leur premier album, Et le monde sera meilleur, ainsi que lors de la fête de la musique après avoir vu Aqme le même soir. J’adorais le style, les fringues et l’attitude du groupe. J’étais fan. J’étais adolescent.

Cela fait huit ans de cela et je n’ai plus retouché à leur disque après l’avoir usé pendant tout un été et même encore un peu plus. Huit ans d’exil pour un retour aujourd’hui par curiosité morbide histoire de voir si le groupe de mon adolescence compose encore la même musique.

Surprise et air décontenancé sur mon visage au début de « Debout » quand un des trois chanteurs tente de me faire croire qu’il sait chanter. Enhancer a laissé tomber le core et le neo metal pour le rock et les voix claires façon chanson française actuelle. Le résultat les fera peut être passer sur les ondes mais ce geste vient de faire perdre le peu d’espoir que je fondais en ce disque.

Depuis mon départ de leur univers, les musiciens d’Enhancer ont eux aussi grandi. Passé l’époque de la bière, des filles et des délires entre pote. Maintenant proches de l’âge d’être pères (peut être le sont ils ?), les trois chanteurs/rappeurs ont découvert le journal de 20H de France 2 et les troubles politiques, économiques et sociaux d’aujourd’hui. Ils ne parlent donc plus de faire la fête et de se soutenir au sein du collectif Nowhere mais de créer un mouvement de « petites mains » contre les politiques. Si ils parlent de rues ce n’est plus pour y glander et y trainer leurs baggys mais, pour saisir les pavés et les jeter contre ce qui leur déplait dans la société de consommation.

Désobéir est le mot d’ordre de ce disque qui se veut engagé. Une rébellion mélangeant Gandhi, Martin Luther King et les faucheurs d’OGM. Des symboles de l’opposition dont se réclame tous ceux qui manifestent leurs frustrations vis à vis des inégalités blablablablabla. Je m’endormirais presque en récitant la litanie de tous ces clichés que l’on ressasse. Je n’ai rien contre les intentions, elles sont louables, mais le discours quant à lui est imbuvable.

Assorti à ces clichés on trouve du côté des compositions des samples de violons et de piano, histoire de faire plus mature et plus grave. La distorsion n’est plus autant de rigueur. Les chansons ne sont plus autant écrite pour faire sauter le public et sont bien souvent lentes. Et longues. Très longues. Pourquoi écrire des titres de six et cinq minutes quand on a si peu à dire ? Les morceaux s’allongent presque tous au-delà d’une durée tolérable et s’aventurent même dans des seconds départs inexplicables comme ce poème récité en fin d’album. Symbole d’une nostalgie ? Symbole d’une maturité ? Symbole d’un besoin de se revêtir d’une parure d’adulte alors que l’on sait à peine de quoi l’on parle plutôt.

Le titre le plus malin et le plus efficace sur les quinze qui composent ce disque est « SUPERficiel » où une voix de garçon et une voix de fille racontent leurs journées d’adolescent. « Sexe, frime, maille et gadget, c’est ce que j’ai dans la tête, tout ce que j’ai dans la tête ». Une chanson pour souligner la superficialité des adolescents d’aujourd’hui vivant au rythme de la mode. Une mentalité que les membres d’Enhancer connaissent bien pour l’avoir pratiqué sur tout un disque. Mais aujourd’hui le temps est passé et c’est l’heure des regrets (sur la chanson du même nom). L’album se conclut toutefois sur une note optimiste, « Banlieue pavillonnaire », où l’on sort les guitares acoustiques pour chanter les souvenirs d’une enfance dorée à l’abri de tout soucis. La chanson est mièvre, fade et finit de confirmer tout le mal que je pense de ce groupe en 2008.

  1. intro
  2. debout (feat. toma)
  3. rock game (feat. la fouine)
  4. petites mains
  5. désobéissant
  6. www.desobeir.net (feat. xavier renou)
  7. qu’est ce qu’on va laisser
  8. 4444 (feat. dadoo)
  9. a vendre
  10. rêver sa vie (feat. soprano)
  11. 52 ème
  12. superficiel (feat. neva et léo)
  13. ma planète
  14. nos regrets
  15. banlieue pavillonnaire (feat. mr berliner)

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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6 Commentaires

  1. kaizermilou says:

    tout a fait d accord avec toi ,cet album est une merde infame ,limite sur electrochoc il y avait qq morceaux qui ressortait qd meme tandis que la on touche le fond du fond, par contre pour une prochaine chronique preter une grande oreille au dernier album de BABYLON PRESSION ,travaille consomme meurs,une vraie turie!!! et pour les fans d enhancer avec cet album c est plutot R.IP

  2. mugwump says:

    c’est marrant, il y a quelques jours on se demandait, avec un ami, si Enhancer était toujours « dans l’sec-teur »; apparemment oui…c’est moche…

  3. Rémi says:

    « Désobéir » qui se veut être une protestation envers l’industrie du disque ainsi que certains artistes (BB Brunes, Indochine, blablabla…), en sortant un album pareil, faut être sacrément gonflé! Bravo les gars, vous avez tous compris! Vive le rock, le vrai!!! Vous êtes des vrais vous au moins, des purs et durs! à mourir de rire…

  4. craipo says:

    Dingue ce skeud… complètement dingue. Étron de l’année, de très très loin.
    Ce qui m’emmerde le plus dans cette histoire c’est que, finalement, ils réussissent encore à faire parler d’eux en plus de trouver le moyen d’être largement distribués alors qu’il y a un millier de groupes qui n’attendent que ça d’avoir une petite opportunité.
    Triste monde tragique.

  5. fuzo says:

    « Rêver sa vie » comme le dit le dixième titre si c’est pas mignon tout plein ça ! Ces mecs feraient bien de redescendre un peu sur terre et prendre conscience du mal qu’ils font à la musique ! Moi aussi je rêve d’une vie sans Enhancer !!!

  6. jc says:

    y sont tous papa pour info et j ne pense pa que c est pour passer a la radio,enfin question de point de vue!!!

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