J’ai eu peur quand j’ai vu que Devastator avait sorti un nouvel album. Même très peur…
On recadre, Devastator est un combo floridien de black/thrash comme il en existe pas mal, un émérite qui n’a cessé de sortir des albums depuis 2004 à raison d’un album par année, émérite car le groupe a toujours su proposer une évolution d’album en album.
Une évolution certes qui n’a rien d’une révolution à chaque fois mais on sentait bien la volonté du groupe de ne pas stagner dans ce qu’il faisait et cela malgré quelques déconvenues pour le moins violentes.
Comprendre que là où Devastator pouvait marquer des points il nous faisait à chaque fois le coup de déséquilibrer le disque avec des choix plus que douteux.
En veut pour preuve tangible de ce que j’avance un album comme Nuclear Proliferation, un brûlot âpre et féroce qui avait fini par vous achever après le premier titre, 8 minutes d’un rouleau compresseur qui perdait en route sa percussion et sa direction. Autant dire que l’album tout entier partait en vrilles plus ou moins contrôlées, puisque derrière ce premier titre d’autres s’enchainaient au même rythme avec en point d’orgue Into the Battle morceau qui, si vous l’aviez atteint pouvait vous faire ronfler en moins de 2 minutes.
Pourtant Devastator n’est pas non plus un profane, on reconnait facilement le goût qu’il peut porter à un Bestial Mockery ou même un penchant orienté pour l’école australienne du blast.
Heureusement un disque comme Morbid Force paru en 2007 nous avait fait espérer quant à l’avenir des américains.
Qu’en est il de ce The Summoning ? Hé bien c’est simple, c’est carré, c’est mieux.
On lorgne méchamment sur les terres oldschool d’un Hellhammer ou d’un Celtic Frost, pas la plus mauvaise école pour le coup, les séditieux ont toujours le ton rapide et burné qui va bien et fouettent généreusement la mesure histoire de faire suer leur rock’n’roll ténébreux.
Les titres sont plutôts courts et se développent avec facilité se décantant dans un parfum d’irascibilité généreuse.
La première fois que j’ai écouté le disque j’ai même eu l’impression d’entendre une version plus aboutie de l’imparable EP de Zemial : Face of the Conqueror, me demandant à quel moment ils lâcheraient leur « Full Moon Necrophilia ».
Il y a un peu de Heavy tapi dans le gosier de la marmite, un peu du rock poisseux d’un Mötörhead, une ambiance pour le moins séraphique n’est ce pas ? Et c’est bien là l’important, perdre les bourrelets superflus qui gangrenaient la silhouette de certains de leurs autres méfaits…
Avec The Summoning, Devastator nous revient en forme, à l’instar du dernier Darkthrone le groupe n’a pas hésité à laisser transparaître le rock qui émergeait de son caractère, et pour le coup l’album est réussi. Je suppose que le prochain reprendra l’autoroute des titres à rallonge. Profitons donc de ce qui nous est servi ici, ils n’ont pas loupé le coche, certainement leur meilleur album.
http://www.youtube.com/watch?v=mDFEgM9IAwk