Krallice – Dimensional Bleedthrough

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Style: black metalAnnee de sortie: 2009Label: Profound Lore

Des ailes et la tête d’un oiseau, un morceau de visage et quelques feuilles. Le biennommé Dimensional bleedthrough se démarque à la fois du visuel presque traditionnel du premier album, mais aussi de l’héritage black metal d’une manière générale. Les riffs, maintenant immédiatement reconnaissables par leur utilisation du trémolo poussée à l’extrême, deviennent plus metal en créant plus qu’une atmosphère mais un voyage dessiné par des structures beaucoup plus variées.

Assurément, ce premier jet était un essai tant les premiers pas de Mick Barr (Orthrelm), de Colin Martson (Dysrythmia, Behold… the Arctopus) et Lev Weinstein (Astomatus) sonnent aujourd’hui dépassés, désormais accompagnés qu’ils sont de Mick McMaster (ex. Solecism, Astomatous) à la basse, compositeur de « The mountain » et auteur de la pochette. Peut-être est-ce sa présence ou simplement l’expérience acquise sur la route mais Dimensional bleedthrough marque une évolution décisive dans la vie de Krallice.

Précédemment comparés à Weakling, le groupe continue avec ce deuxième disque à imposer les particularités de la scène black metal américaine. Moins sombre, moins focalisé sur la création d’une atmosphère, beaucoup plus technique (mais jamais trop démonstratif) et aussi beaucoup plus narratif. Burzum était une référence à Tolkien mais Krallice dépasse le clin d’œil et accompagne en musique les aventures de la confrérie de l’anneau (minus les intermèdes consacrés aux jérémiades d’un nain magique).

Le dernier morceau, de dix-huit minutes s’écoute comme le récit triomphal d’une troupe de guerriers, de retour de campagne. Tragique, violent mais toujours glorieux. La dépression et la mélancolie qui caractérisaient jusqu’alors la scène suicidal black metal américaine sont remplacées par des aspirations plus nuancées. La batterie a aussi une place beaucoup plus importante et offre des variations bienvenues au blast ininterrompu censé soutenir les plages de guitares. Après avoir démontré leur maitrise des codes du genre, Krallice s’en affranchit et aménage son territoire en abattant les murs qui le gênent. Une sorte de réinvention du genre sans pour autant parler de fusion comme sur l’excellent mélange post hardcore/black metal du White tomb d’Altar of Plagues.

A l’instar de Marcel Duchamp qui interrogea la communauté artistique sur la nature de l’oeuvre d’art au moyen d’un bidet signé et déposé dans un musée, Krallice interroge à son tour le genre black metal. S’il y a un logo presque illisible et des trémolos à gogo, est-ce réellement du black metal ? Cependant, contrairement à Duchamp dont le message devait être assimilé et non pas célébré et imité inlassablement, Krallice dépasse cette question et propose une vision unique du genre. De quoi faire parler les gardiens du temple alors trop occupés pour voir les hordes venues célébrer à leur manière leurs idoles chéris s’introduire et prendre possession des lieux. A classer au même rang que Deathspell Omega pour leur capacité à réinventer tout en restant somme toute, fidèles au genre, et pour avoir écrit un album encore plus intense que leur déjà formidable, premier disque éponyme.

  1. dimensional bleedthrough
  2. autochton
  3. aridity
  4. the mountain
  5. intraum
  6. untitled
  7. monolith of possession

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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2 Commentaires

  1. drazorback says:

    merci pour ces chroniques instructives, cher Hororo
    vais de ce pas écouter ce nouveau projet même si j’ai du mal à faire aux elans un poil trop technicistes des projets de ce cher Colin Marston.

  2. SamC says:

    Merci pour cette chronique, maintenant j’ai les deux albums de Krallice qui tournent en boucle chez moi !!
    J’etais pas fan de Behold the arctopus mais je trouvais ça quand même interessant.
    Là j’adhère à fond : )

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