L’un des bons côtés d’Aorlhac, c’est que, bien que partageant avec le groupe un périmètre géographique sentimental, je ne suis même pas forcé de vous faire le coup du chroniqueur improvisé camelot qui vient placer quelques lignes à l’enthousiasme un peu gonflé pour faire plaisir au groupe de son village. Aorlhac n’ont pas besoin d’avocat bien intentionné. En matière de bons côtés, Aorlhac sont un polygone dont je n’arrive pas à quantifier le préfixe. Quitte à me montrer aussi expéditif que la guillotine qui fait du petit bois sur un de leurs meilleurs titres, je dirais que la musique des trois jeunes cantalous exauce un vœu que nous étions beaucoup à formuler : celui d’un metal extrême à la fois pointu, sauvage, enraciné et authentiquement “pluriel” ; un creuset des genres sans sectarisme, mais sans le syndrome foire-fouille qui vient souvent avec les cornes d’abondance. Tout cela au service d’un propos aussi captivant que vaste et instructif : la relecture de l’histoire et des mythes du Pays d’Oc.
La mission a un avantage simple mais critique : on sait que derrière chaque morceau se trouve une histoire bien particulière, une ambiance, des couleurs, des personnages, des contextes qui évoluent… et cet aspect transparaît très clairement jusque dans la musique, truffée de riffs emblématiques et tous très différents les uns des autres. On n’est pas dans la bête déclinaison stylistique mais dans la création absolue, le non-linéaire poussé à son paroxysme ; et tandis que les vocaux ravagés de Spellbound naviguent façon funambule entre les coups de boutoir, la guitare et sa colonne rythmique cisèlent en nombre des micro-hymnes torrides et intenses, fricotant parfois non sans tendresse – mais sans abus – avec de vieilles connaissances de chevet. On pourra qualifier le son de rugueux, voire “roots”, mais sans occulter le fait qu’il souligne parfaitement le caractère des morceaux, et est aux antipodes de la bouillie ou de la maîtrise aléatoire. J’espère d’ailleurs que les sorties à venir d’Aorlhac bénéficieront de la même griffe sonore. La trilogie que nous promet le groupe s’annonce déjà, roulez tambours, comme un fragment majeur du patrimoine underground français – et francophone. Voilà c’est dit.
Signalons à toutes fins utiles que cet Opus I reprend dans son intégralité le contenu de l’album – a priori épuisé – A la Croisée des Vents, paru tantôt chez Eisiger Mond Productions, augmenté du très, très (très) bon morceau “Mémoires d’Alleuze” et d’une reprise de “Wolf & Fear” sans les coups de canif dans les amplis. Plutôt que de battre campagne à la recherche d’un pauvre bougre à dépouiller moyennant éviscération de son exemplaire de l’album, dépêchez-vous donc de filer sur le site de Thor’s Hammer Productions pour sécuriser Opus I pendant qu’il est temps !
- à la croisée des vents (intro)
- la guillotine est fort expéditive
- la mort prédite
- le charroi de nîmes
- 1693-1694 – famine et anthropophagie
- aorlhac
- mémoires d’alleuze
- hymn i – wolf & fear (ulver cover)
Bon ben sécurisation faite.Je connais rien de ce groupe.Je dégaine mon cimeterre en plastoque en cas de déception ;)