Eisiger Mond a eu le nez fin à l’époque en signant Aorlhac, jeune groupe français originaire d’Aurillac, après les très bonnes surprises que furent Sühnopfer et Héritiers de la Haine qui ont vu leur premier jet signé chez le label nordiste. À la croisée des vents, première sortie CD de la bande composée de Julien (batterie, guitares), Ashcariot (basse) et Spellbound (vocaux) foule les terres occitanes durant 28 minutes et témoigne d’un héritage ancestral des plus sincères.
A la première écoute, la production nous frappe tant la clarté et la puissance sont de rigueur. Un tantinet accentuée sur les percussions et les trèbles, elle met en valeur le dynamisme sonore du groupe auvergnat. Cependant, pas d’ambigüité à l’horizon, Aorlhac joue un black metal vif et accrocheur. Les pointes heavy se font clairement ressentir sur « 1693-1694 Famine et Anthropophagie » où la horde nous invite à reprendre à gorge déployée l’hymne guerrier: l’ennemi ne passera pas les portes d’Aurillac, chacun défendra sa chair et son sang jusqu’au dernier souffle. Du souffle justement, il en faut pour braver la cavalcade du « Charroi de Nîmes » entraînante et catchy à souhait dont les riffs épiques transcendent l’auditeur dans l’unique but de le mêler au combat des valeureux hommes. L’ambiance qui hante À la croisée des vents correspond quelque peu à celle du fameux Storm of the Light’s Bane de feu Dissection : rageuse, entêtante et combinant ingénieusement heavy et black metal.
Prometteuse, la musique des français l’est de par sa capacité à digérer diverses influences. Il y a du Peste Noire dans la voix éraillée et haineuse de Spellbound soutenue parfois par des backing plus caverneux. Vorace et varié, le chant est l’un des points forts des auvergnats (comme en atteste « La mort prédite », palette vocale à lui tout seul) mais l’atout principal du groupe réside dans la qualité des compositions. Il y a du Taake voire du Drudkh dans l’esprit et dans ces riffs de guitares mélodiques savamment mélangés à l’agressivité du jeu de batterie. Les deux ensembles sont taillés sur mesure et constituent l’ossature musicale d’Aorlhac. L’exemple le plus probant n’est autre que le titre « La guillotine est fort expéditive », où le riffing se joue avec habileté de l’implacable exécution des percussions.
Aorlhac parvient avec À la croisée des vents a se hisser parmi les groupes au talent prometteur qui dès leur première sortie en jettent suffisamment pour gravir les échelons très rapidement. Ne leur manque plus qu’un peu de personnalité et le tour sera joué. C’est tout le mal que nous pouvons leur souhaiter.
http://www.myspace.com/aorlhac
Tracklist:
1- À la croisée des vents (0:56)
2- La guillotine est fort expéditive (6:26)
3- La mort prédite (5:19)
4- Le charroi de Nîmes (4:26)
5- 1693-1694 Famine et Anthropophagie (5:17)
6- Aorlhac (6:01)