Depuis As Everything is a tragedy, Comity s’est d’abord éteint pour ensuite être ravivé alors que la promesse d’un dernier concert parisien pendait depuis plusieurs mois sans jamais aucune nouvelle. Puis, l’annonce d’un nouveau batteur et de la prise en main de la basse par le chanteur raviva alors les espoirs de tout le monde, jusqu’à leur participation au festival Kill the Trend qui les vit reprendre les armes pour interpréter leurs deux derniers albums, As everything is a tragedy et ce mastodonte de dix-sept minutes dont il est question ici.
You left us here est un titre qui peut se comprendre comme une constatation de la part du public envers le groupe. La conclusion d’As everything is a tragedy pourrait être, en effet, l’introduction de ce nouveau morceau. Lent et parcouru par des hurlements maladifs, Comity délaisse le chaos alambiqué de ses débuts pour une approche toujours aussi complexe et riche en question/réponse entre les instruments. L’intensité dans la lourdeur. L’influence noise rock est beaucoup plus présente mais écrasée par un tempo doom. Une rencontre étrange et unique, à la fois nouvelle et pourtant très naturelle dans l’évolution du groupe quand on considère toutes les étapes traversées dans leur carrière jusqu’au monstre de quatre-vingt-dix neuf plages qu’ils nous avaient offerts avant leur résurrection.
Accueilli comme des fils prodigues dont on attendait plus le retour sur les planches, Comity continue sa vie comme si rien ne s’était passé. You left us here prouve que la réputation de ces parisiens n’est pas le résultat d’une hype alimentée par quelques fans bien placés mais la concrétisation d’années de travail et de connivence entre des musiciens pour obtenir un résultat aussi étonnant, vivant et unique dans une scène dite post-hardcore qui s’auto-référence bien trop souvent.
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