The Ruins Of Beverast – Foulest Semen of a Sheltered Elite

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Style: black metalAnnee de sortie: 2009Label: Ván Records

Et voilà l’Allemand de retour.
Avec son 3ème méfait, Alexander von Meilenwald assoit sa position de vorace du saint ralentissement, dans une posture toujours aussi singulière.

Foulest Semen of a Sheltered Elite s’inscrit dans la tradition liturgique du teuton, comprendre que pour pénétrer la paroisse de l’enténébré il faut au moins avoir une accointance avec son style de prédilection, un black metal à la limite du genre, lorgnant méchamment sur le dark ou le doom.
Froides et sereines comme un mois de Décembre, les ambiances que dégagent ce troisième album reposent les brumes parfaites aux mouvements intangibles sur le paysage acoustique de l’auditeur, campant le brouillard pour mieux distiller les émanations terriennes et les effluves de tourbe des parterres de feuilles mortes à l’entrée de l’Église où le prêtre sombre a élu domicile pour sa messe exceptionnelle.

Il est évident qu’à l’écoute du disque on retrouve directement la patte et le mouvement créateur de l’allemand, les plages se liquéfient dans la longueur, absorbent dans leurs convulsions les traits si caractéristiques à la musique de The Ruins of Beverast : une certaine foi dans le trafic progressif et une humeur solennelle presque désobligée trainant dans leurs sillages les harmonies moribondes que dessine le musicien dans sa nuit de fête.

Foulest Semen of a Sheltered Elite reprend dans son escarcelle l’impulsion atmosphérique d’Unlock the Shrine premier opus au relief morne et à la dialectique noire sans partage, on retrouve donc cette accessibilité qui avait disparu de l’hypnotique Rain upon the Impure et son flux à l’ondulation équivoque et son imperméabilité magique.
Ici von Meilenwald distribue les cartes avec une idée précise en tête, on sent bien que l’allemand sait ce qu’il y a de remarquable et d’observable dans sa musique et l’exposé tourne majoritairement autour d’un schéma plus descriptif qu’introspectif avec ce sentiment de disque de bon élève.
C’est dans cette expansion nuancée que finalement The Ruins of Beverast retrouve une accroche un peu plus lisible mais perd forcément en mystère.

Dans sa cadence enfiévrée Foulest Semen of a Sheltered Elite manœuvre entre un propos mystique légendaire et une crispation fantasque qui a tout de la morsure glaciale, entre le bruissement et le chœur triste de l’abandon c’est dans une sorte de résilience religieuse que ce troisième album va puiser son inspiration, sa sève œcuménique désaxée, c’est aussi finalement dans ce calme en devenir que la lugubre personnalité du disque se matérialise.
Mais ce Foulest Semen of a Sheltered Elite c’est aussi un ton plus complaisant, une approche plus naturelle certainement, Von Meilenwald assurant une partie du spectacle en osant plus de voix claires derrières les shrieks qu’on lui connaissait plus volontiers, la structure des morceaux elle aussi même si elle reste un tremplin idéal pour l’office ne génère pas le ravissement qu’avait pu générer celle d’un Rain upon the Impure par exemple où les lendemains de pleine lune chantaient les louanges de l’éternité, le monarque a finalement rendu les armes pour prêcher dans la vallée.

Le tableau est bien noir me direz vous, ça n’est pas tout à fait exact.
Car à côté de ces légers désaveux me concernant, je dois avouer qu’au niveau de la production de son disque Von Meilenward a réalisé très certainement son meilleur travail, que ce soit au niveau des samples ou des nappes qui participent à la narration de cet effort de dévot inspiré, les arrangements laissent respirer l’ouvrage à ciel ouvert, la double grosse caisse accompagne la chevauchée vers d’illustres cieux quand derrière un blast le teuton s’en va chasser les Valkyries, la matière noire bruyante est maitrisée derrière l’effroi d’un péché d’orgueil et c’est souvent par le feu que Von Meilenwald dompte les dissonances de ses désespérances électriques de quoi vous rafraichir l’ouïe dans ses rugissements sourds suggérés. Les riffs n’ont jamais sonné aussi clairement, comme les plus parfaites cloches de bronze pour accompagner le rite contemplatif de l’esthète.
Entre intempérance et foudroyance l’allemand a su trouver un ton singulier pour exprimer sa musique, un peu comme quand Lunar Aurora fait transpirer les cordes de son arc, l’impression d’un parfum monastique en plus dans la cible.

Foulest Semen of a Sheltered Elite est un album riche, organisé, qui rugit derrière son climat atmosphérique dicté par un cénobite de l’ombre.
Un album qui parait un poil convenu à la vue du caractère de celui qui l’a précédé, mais ciselé à la perfection pour récolter, qui sait, à l’avenir les louanges qui lui reviennent.
Dans la forme en tout cas, bien plus que sur ses autres travaux on sent une certaine sérénité et une individualité plus volubile, à la croisée des genres, dans le noir sacré de tous les questionnements métaphysiques, The Ruins of Beverast continue de sortir de très bons albums.

 

 

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2 Commentaires

  1. Silenius says:

    Parfaitement en phase avec Guim.La paysage se dévoile trop là ou le grand Rain Upon The Impure avec son monde plus hermètique et glauque méritait une plongée en apnée complète pour faire corps avec lui.
    Et comme pour son illustre prédécesseur c’est le titre le plus lancinant et doom qui m’envoie directos en extase à savoir « mount sinai moloch ».
    Un lègère déception globalement.

  2. ellestin says:

    pareil que les deux entités malfaisantes ci-dessus

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