Young Jazz Rebels – Slave Riot

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Style: free jazzAnnee de sortie: 2010Label: Stones Throw

Treizième épisode du Yesterday’s Universe, Young Jazz Rebels où l’on trouve les noms de Melvin Hampson, Juggy Lewis, Lena Hamilton, Mary Jane, Tyrone Crumb, Lamont Parker, Monk Hughes et Brother Dave L. en lieu et place de ceux des véritables musiciens, Madlib, Karriem Riggins (batteur dans les groupes de jazz Ray Brown Trio et Mulgrew Miller Trio ainsi que producteur de rap au côté de J Dilla et rappeur) et le musicien de jazz bresilien Ivan « Mamao » Konti (habituellement membre du trio jazz / funk Azymuth). Madlib y tient le rôle de producteur et d’arrangeur pour une exploration du jazz des années 60 et 70. Celui ci n’en est donc pas à son coup d’essai puisque les premiers disques de la série composé sous le nom de Yesterday’s New Quintet le mettait déjà dans les chaussures de tout les noms des musiciens qu’il avait inventé pour l’occasion. Par la suite, il a continué à produire les disques solos de chacun d’entre eux, sous différents noms de groupe, où il continuait à la collaborer avec d’autres musiciens, ou « simplement » à tout composé.

Focalisé sur un déluge rythmique libéré, mais empreint du feeling de l’époque (soutenu par des craquements de vinyle et l’empreinte de celui-ci sur la pochette), Young Jazz Rebels est à la fois une tentative de créer un disque de free jazz dans le moule d’une époque. Libre mais pas tant que ça. L’exercice de style mérite pourtant plus le détour qu’une curiosité passagère grâce aux talents de chacun pour reproduire avec brio le même type d’expérimentation que celle de John Coltrane en compagnie de sa femme, Alice Coltrane (piano), Jimmy Garrison (basse) et Rashied Ali (batterie) pour l’enregistrement d’une jam session sorti sous le nom de Stellar regions.

A l’image de cette expérimentation studio qui n’était à l’origine pas destiné à sortir, les multiples plages de Slave riot sont de courtes expérimentations ne dépassant pas trois minutes pour la plupart. Les musiciens se frôlent et expérimentent avec divers rythmes et mélodies pour des résultats plus (« Themes from illusion suite ») ou moins intéressant et souvent très vite interrompu. Défaut et avantage à la fois, les titres s’enchainent très vite pour une musique qui aurait pu bénéficier de plus d’espace ou partir dans de plus fortes interactions mettant en valeur l’un des musiciens. Madlib et ses compagnons se refusent donc à tout solo et échangent lignes de basse (celle de « Happy headed history » est somptueuse) et frétillement de baguettes en se stabilisant très vite sur de légère mélodies de basse et de piano avant de changer de titres et de direction.

Le disque en lui-même ne manque cependant pas d’atmosphère et dégage une énergie créatrice dévorante fidèle à l’état d’esprit dans lequel les musiciens ont enregistrés les disques auxquels celui-ci rend hommage. La pochette même est un clin d’œil à ceux-ci, de même que les deux citations au dos de la pochette contenant le disque, « I can pray all day, & God won’t come. But If I call 991, the Devil be here in a minute » accompagné d’un dessin d’un policier menacé d’un revolver dans la bouche. L’intérieur du disque présente aussi le dessin d’une panthère noire dont la signification ne laisse rien à l’imagination.

Bruitiste (le « For brother Sun Ra » rappelle le solo de clavier de celui-ci sur Live in Cleveland) dans les trois dernières plages du disque, deux dépassants six minutes, l’atmosphère prend alors un tournant plus étrange proche de l’atmosphère décalée de l’extra terrestre jazz Sun Ra. Un revirement assez brutale qui conclut le disque pourtant avec justesse puisque ces expérimentations cadrent parfaitement dans le cadre de l’hommage. La vision du free jazz par Madlib et ses deux compagnons n’est pas aussi radicale que d’autre mais elle procure au voyage du Yesterday’s Universe dans l’histoire du jazz un chapitre nécessaire et satisfaisant.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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