L’aventure Do Make Say Think a débuté en 1996 à Toronto sous l’impulsion de trois potes d’enfance. Après un premier album éponyme autoproduit en 1997, le groupe est rapidement contacté par le label Constellation Records (Godspeed you ! Black Emperor, Fly Pan Am, Silver Mt Zion, Exhaust) qui flaire déjà le potentiel du combo et rééditera cette première production en 1998.
Depuis, nos Canadiens ont sorti trois albums (Goodbye enemy airship the landlord is dead (2000), & yet & yet (2002), Winter hymn country, hymn secret hymn (2003), un EP intitulé Besides (sorti en 1999 sur le label Resonant Records – uniquement disponible en vinyle –), et prêté leurs compositions à de nombreuses bandes originales de films comme Syrianna de Stefen Gaghan, ou encore The Corporation de Mark Akbar.
C’est en février dernier que le gang de Toronto à lâché sa cinquième production, et autant vous dire que les amateurs du genre se doivent d’y jeter une oreille, car nous tenons là un album qui sort des sentiers battus du post-rock traditionnel (tout comme leurs précédentes productions) et qui propose à l’auditeur d’embarquer dans un véritable voyage sonore.
Une des particularités de Do Make Say Think réside dans le fait qu’il est composé de huit membres et que trompette, saxophone, violon, clavier, et flûte sont des instruments qui ont une place à part entière dans les compositions. Le groupe évolue donc dans divers registres musicaux allant du jazz, à l’électro, en passant par le psych-rock, la country, ainsi que le post-rock pur et dur, pour proposer des titres d’une richesse indéniable et remplis d’émotion.
Comme ce groupe ne fait rien comme les autres, il n’a, par exemple, pas de bassiste attitré ; les trois guitaristes se relèguent donc à tour de rôle à la quatre cordes et peuvent aussi se charger d’agrémenter les compositions en jouant un véritable jeu des chaises musicales : Ohad, au saxophone et à la flûte, Charles à la trompette, et Justin aux claviers.
Je vous laisse donc imaginer qu’avec une configuration pareille – qui compte aussi deux batteurs à part entière – le groupe ne se fixe aucune limite et peut très bien passer d’un titre très jazzy et aérien à un autre tantôt plus lourd et noisy, tantôt flirtant avec l’électro sans aucun problème et avec une facilité déconcertante, tant sur album qu’en live.
L’avantage, c’est que l’auditeur ne sait vraiment pas à quoi s’attendre d’un morceau à l’autre et c’est d’ailleurs ce qui fait la force du groupe et qui rend cette production si agréable à écouter. Bien entendu, le premier contact avec la galette peut paraître déconcertant au début, car on a l’impression de se retrouver face à une sorte de fourre-tout musical, mais cette sensation ne dure pas longtemps, car après deux ou trois écoutes, il devient difficile de ne pas se passer cet album en boucle.
La petite nouveauté sur cette nouvelle production est l’apparition de voix sur deux des huit titres composant l’album. On retrouve donc les voix d’Alex Lukashevsky (Deep Dark United) et de Tony Dekker (Great Lake Swimmers) sur A with living, ainsi que celles des membres de Do Make Say Think sur le titre In Mind, qui clôt les hostilités.
Au final, on se retrouve avec un album comme on souhaiterait en entendre plus souvent et qui propose un véritable patchwork musical qui déconnecte tout simplement l’auditeur de la réalité.
Les amateurs du genre risquent bien de succomber au charme de nos huit Canadiens, et c’est tout à fait compréhensible, car ce disque est une véritable bouffée d’air frais dans un style qui à tendance à tomber dans la redite et à tourner en rond.
D’ailleurs, je pense que toute personne curieuse et un tant soit peu ouverte d’esprit musicalement se doit de donner une chance à ce You, you’re a history in rust, car il ne s’agit pas d’une simple succession de titres, mais d’une véritable expérience sonore.
- bound to be that way
- a with living
- the universe !
- a tender history in the rust
- herstory of glory
- you, you’re awesome
- executioner blues
- in mind
Tous les albums de DMST sont superbes ; j’ai une préférence pour Winter Hymn Country, mais ils ont tous leur propre monde à proposer. DMST est en quelques sortes le Poulidor du Post-Rock mais par sa constance dans la qualité, mérite une belle place dans toutes les cédéthèques.
Absolument du même avis de shaq!
De ce que j’avais écouté des précédents, je voyais ça plus expérimental. En fait c’est du post-rock bien paisible et positif, très estival, avec de petites touches jazzy bienvenues, idéal pour dorer au soleil sur l’herbe.