Du lourd ce mois-ci chez Black Market Activities ! Engineer, Ed Gein, Fit for An Autopsy et Khann, tous ont laissé l’accouchement de leur puîné aux soins du bon docteur Guy Kozowyk, chanteur de The Red Chord et accessoirement fondateur du label. Alors oui, évidemment, BMA n’a jamais vraiment été une maternité confidentielle, surtout depuis qu’ils travaillent main dans la main avec Metal Blade… mais tout de même…
A Khann donc l’honneur d’ouvrir le bal, avec un album qui s’annonce d’emblée comme l’un des plus laids de l’année. Non mais sans rire, qu’est ce que c’est que cet artwork ??? David J Hoskins (http://davidhoskinsart.blogspot.com/), auteur du méfait, n’est pourtant pas dénué de talent. Mais LA, cette sorte de monstre hydrocéphale aux membres disproportionnés, posé comme une merde sur un fond bleu sale en fumant de tous les côtés… non.
Même la typo est immonde. On dirait moi qui essaye d’écrire au typex de la main gauche. Franchement ça donne pas envie, et c’est d’autant plus rageant que celui de son prédécesseur, lui, était la classe incarnée.
Parlons en d’ailleurs un petit peu, de ce Tofutopia : un brûlot fou et hargneux entre sludge, hardcore, death et grind, jouissif par son excentricité et son incroyable violence. En somme, un véritable concentré de feu et de chaos diffusé sous des formes aussi variées que tranchantes.
Autant vous le dire de suite, Erode ne s’inscrit pas du tout dans cette philosophie. Ou tout du moins n’utilise pas le même arsenal pour parvenir à ses fins. Finie la formule rouleau-compresseur métallique, tous les instruments sonnent désormais étonnamment clair et les growls ont laissé la place à de lointains hurlements retenus. Pour vous donner une idée, c’est un peu comme la transition sonore entre Breather Resist et Young Widows. On retire de la matière tout ce qui était trop métal pour n’en garder que la moëlle épinière, une substance post-hardcore/screamo éthérée noisy et furieusement créative.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Là où le Tofutopia épatait par sa violence et son mélange des genres, Erode soumet par la qualité et la beauté de ses compositions. Attention, ce n’est pas pour autant gentillet : Les riffs restent durs, efficaces, et contrairement à d’autres qui ont montré des évolutions aussi radicales, on ne pense pas une seconde que les bourses de Khann ont souffert pendant la crise*. Car c’est un des aspects les plus surprenants de cet album, le fait que malgré tout, on reconnaisse sans hésitation la patte des Floridiens dans chacun des titres de l’album. Ils ont simplement trouvé le moyen de mettre plus en avant encore les structures redoutables et alambiquées de leurs morceaux, dans ce qui ressemble désormais bien moins à du The_Network qu’à du Gospel (le groupe, hein), auquel on pense même très franchement à l’écoute de Implosion et surtout Reflection.
Une transition particulièrement réussie pour un groupe qui présente pour le moment une discographie limitée mais qui frise la perfection.
A noter au passage qu’Andrew Lacour, gratteux et compositeur de Khann, se trouve être aussi le frère de Stephen Lacour qui officie à la basse chez les timbrés de Trap Them.
Ca doit être sympa les repas de famille.
« Downward » en écoute ici : http://www.noisecreep.com/2011/05/26/khann-downward-song/
Et pour revenir une dernière fois sur le sujet de l’artwork :
*j’irai probablement en enfer pour ce jeu de mots.
Interview d’Andrew Lacour qui en dit plus sur cette évolution :
http://www.smnnews.com/2011/06/16/khann-band-andrew-lacour-interview/
Excellente chronique, le jeu de mot mérite quelques coups de fouet, en effet! Merci quand même pour la découverte!
je te like !
Y a un petit côté Kylesa là-dedans… Pas mal en tout cas!
Je trouve vraiment une grosse ressemblance avec Gospel sur certains morceaux. Kylesa, je crois que je vois ce que tu veux dire… dans le son 90’s et le chant