Collectif belge actif sous cette forme depuis une quinzaine d’années, Thot multiplie les sorties, remixes, EP et trois albums avant ce Delta. Célébrant pour le coup son arrivée chez l’excellent Pelagic Records (The Ocean), le groupe mené par Grégoire Fray ne cherche pas à stagner mais à toujours rechercher des façons de se réinventer.
Faisant matcher post-rock et electro avec un soin tout particulier apporté aux atmosphères faussement paisibles, Delta s’illustre en comparaison avec ses prédécesseurs par cette capacité de créer une tension réelle grâce à l’apport des synthés. Il règne en effet ici une ambivalence entre ce sentiment d’urgence et l’hypnose créée par ces atmosphères immersives aux mouvements perpétuels.
Car plutôt que de rester sur des plans répétitifs inhérents aux groupes de post-rock, Thot surprend à bien des égards, Fray passant du français (majoritairement employé sur la première partie de l’album) à l’anglais sans aucun problème de transition hasardeuse (même lorsque ça se passe dans un même morceau comme « Supercluster », à la thématique évoquant le covid) tandis que la voix de son acolyte Juliette Mauduit intervient de temps en temps, voire plus franchement (sur le superbe « Hüzü »),donnant par là quelques teintes de Chelsea Wolfe à leur univers.
Un univers, gagnant en largesses, allant du trip hop habité (« Sleep Oddity » avec en guest la chanteuse tchèque Lenka Dusilovà pour un résultat particulièrement envoûtant) aux survoltés « Bateleur » ou « Morning Waltz », tout en intégrant la chorale Le Mystère des Voix Bulgares (collaboration enregistrée tout spécialement pour l’occasion). De quoi enrichir ce nouvel album s’articulant autour de progressions finement composées, entre frénésie et moments poétiques et mélancoliques. Superbe !
- Euphrate
- Céphéïde
- Sleep Oddity
- Bateleur
- The Last Solstice
- Hüzün
- Blind Streets
- Supercluster
- Morning Waltz
- Estuaire