Burden of Life – The Makeshift Conqueror

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Style: Melting Pot Improbable Heavy/Melodeath/ThrashAnnee de sortie: 2020Label: NOIZGATE Records

Nous sommes à peine à la moitié de l’année 2020, et la liste des albums de qualité déjà en lice pour le podium de fin d’année ne fait que s’allonger… Et autant le dire tout de suite, ce n’est pas The Makeshift Conqueror qui va venir simplifier la tâche des mordus de listes de fin d’année…

Voilà en effet des aliens dont le seul objectif, outre de produire de la musique de grande qualité, semble être une fois de plus de faire tout ce qu’ils peuvent pour se rendre le plus inclassables possible… Et ils y parviennent brillamment, car s’ils sont habituellement étiquetés dans le death mélodique, on va vite se rendre compte écoute à l’appui, que les allemands de Burden of Life qui existent depuis 2002, livrent avec The Makeshift Conqueror un 5ème album qu’il serait extrêmement réducteur d’associer simplement à ce genre. En effet ce que proposent ces allemands est plutôt un meting pot improbable mais ô combien jouissif et super bien branlé… Leur démarche pourrait en un sens être rapprochée de celle d’un Between the Buried and Me, mais dans des registres plus « heavy/metal ».

Pourtant, après un premier contact via le calme introductif « The Makeshift Conqueror, Pt.I » qui ne donne pas beaucoup d’indications sur ce qui va suivre, c’est bien avec ce qui ressemble à un morceau de melodeath que le groupe va débuter les choses sérieuses. En tout cas c’est ce que l’on va croire au démarrage de l’incroyable « Geistesblitz » et ses 8 min 10 qui vont nous balader dans tous les sens, évoquant par moments un Amorphis en grande forme (ce que l’on pensera à nouveau en entendant le superbe « Pisces » un peu plus loin) avec un petit côté folk voir viking (ces chœurs guerriers) qui va bien, pour mieux nous emmener sans prévenir du côté d’un quasi Devin Townsend avec ce break atmosphérique instrumental d’une autre planète sur lequel le guitariste soliste du groupe va nous montrer l’étendue de son talent, le tout avant un final tout simplement épique en diable…

Le melodeath est donc là c’est vrai, comme sur le couplet de « Regression (Goddess Return) » sur lequel plane le spectre de Dark Tranquillity jusque dans le registre vocal de Christian Kötterl, mais à l’image de « Geistesblitz », chaque pièce qui constitue cet album va virevolter de style en style, enchaînant les passages énormes tapant dans un genre puis un autre et très vite il apparaît que le melodeath n’est au final qu’une des nombreuses facettes du groupe qui ne suffira absolument pas à définir le style pratiqué par Burden of Life.

En effet les allemands ne s’interdisent rien : on entendrait presque Biffy Clyro avec ces chœurs qui introduisent « Anthem of the Unbeloved » avant qu’une flûte ne se joigne à la fête sur ce même titre et puis une rythmique quasi bossa nova, tandis qu’un peu plus loin c’est même un piano qui vient conclure la pièce… Heavy, prog, thrash, death, tout y passe et tout réussit au groupe dans cet amalgame toujours cohérent et parfaitement agencé sans qu’on ait à aucun moment une impression de collage artificiel et mal foutu, écueil dans lequel certains groupes qui veulent mélanger les genres tombent parfois.

Instrumentalement aussi c’est carrément impressionnant de variété, voir par exemple ce clavecin (qui rappelle un peu son utilisation chez Diabolical Masquerade) sur un « Sealing our Fate » qui paraît de prime abord être un pur morceau de thrash/death, la flûte sur « Anthem of the Unbeloved », les synthétiseurs très présents en arrière-plan qui contribuent aussi magistralement à apporter cette richesse et cette variété et qui jouent un grand rôle dans la capacité du groupe à ne pas lasser. D’un point de vue technique c’est également un festival avec en particulier comme on l’a évoqué, un guitariste soliste plus que compétent (les solos sont d’ailleurs très beaux et jamais surabondants ou superflus, c’est un non amateur de solos en temps normal qui l’écrit) et même par moments proprement époustouflant, tout en restant mélodique et ne se perdant jamais dans la démonstration stérile et pénible.

Un tel groupe caméléon ne serait évidemment rien sans un chanteur capable de varier les registres à l’avenant. Ainsi ce cher Christian est-il capable de hurler dans un registre melodeath à la Dark Tranquillity (comme sur le dernier titre) mais aussi de s’illustrer à merveille de sa très belle voix claire à de nombreuses occasions, dans un registre qui se rapproche parfois du power metal, les couinements suraigus et le côté kitsch en moins. Résultat, les refrains sont souvent épiques à souhait, à l’image de celui de « Sealing Our Fate », mais on aurait au final facilement pu citer tous les titres. La ballade au piano « Trust My Own Heart » permet de bien se rendre compte des capacités vocales de ce chanteur surdoué, même si ce n’est pas le titre le plus intéressant de l’album et s’il est pour l’occasion accompagné d’une certaine Luisa Funkenstein pour un duo qui a au moins le mérite de calmer le jeu et de permettre de reprendre son souffle avant le grand final de la pièce éponyme numéro 2.

Cet album est une réussite insolente, et l’on s’étonne de n’avoir jamais jusqu’alors eu l’occasion de laisser traîner nos oreilles sur un des 4 précédents albums du groupe, même s’il semble bien que ce nouvel album représente un aboutissement artistique pour le groupe qui enterre sans mal ses précédentes livraisons… Alors ne vous laissez pas arrêter par cette pochette plutôt quelconque (voire moche) et ne passez pas à côté de ce qui sera clairement un des albums de l’année tout simplement.

Tracklist :
1 – The Makeshift Conqueror, Pt.I
2 – Geistesblitz
3 – Goddess of the River
4 – Anthem of the Unbeloved
5 – Sealing our Fate
6 – Pisces
7 – Regression (Goddess Return)
8 – Trust my Own Heart
9 – The Makeshift Conqueror, Pt.II

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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