Après avoir annulé (au moins) trois fois des concerts précédents prévus dans la capitale, les sales gosses de Chicago (ou plutôt L.A. maintenant) se sont enfin décidés à fouler le sol français, pour mon plus grand bonheur. Nachtmystium étant un de mes groupes fétiches depuis plusieurs années, je passai donc les portes du Glaz’art avec une anticipation non dissimulée.
A ma grande surprise en entrant dans la salle, premier constat: « Putain, mais … c’est moi ou il n’y a pas grand monde!? ». Bon, me dis-je, les gens arriveront certainement plus tard. Quelques bières plus tard (un peu après 22h), la lumière s’éteint et Sanford Parker monte sur scène. Il lance sa boucle d’effets et l’intro d’Instinct: Decay, les projos s’allument progressivement et il est suivi de peu par Charlie Fell (batterie), Aamonael d’Avichi (guitare) et Will Lindsay, ex Wolves in the Throne Room à la basse. Arrive enfin Blake Judd et nous voilà partis pour une cinquantaine de minutes de musique déchaînée servie à la sauce « fuck off and die » et accompagnée de délicats relents de whisky.
Ils attaquent d’emblée sur « A Seed for Suffering », au moins on ne pourra pas les accuser de ne pas être directs. S’ensuivront « High on Hate », « Addicts », « Chosen by No One », « Ashes to Ashes », « Hellish Overdose », « Shithole » (morceau du prochain album), « Assassins », puis en rappel « Ghosts of Grace ». La setlist était très bien choisie et équilibrée, offrant un panel large de leurs différents travaux anciens comme plus récents et ne négligeant pas l’excellent EP Doomsday Derelicts. Les américains ont déployé une énergie sans pareille tout au long du set. Le tout était dynamique, hyper prenant et parfaitement exécuté. Un concert sans un seul pain et délivré dans la plus pure attitude chère à Nachtmystium. Que du bonheur. Leur attitude sur scène est très pro tout en étant proche du public et communicative. Charlie Fell et Aamonael étaient hyper concentrés, Will Lindsay, fortement alcoolisé, prenait clairement son pied, quant à Blake et Sanford Parker, leur présence est plus proche de l’hydre à deux têtes que du leader et son « clavieriste-sonorisateur ». Blake a une attitude plus froide tout en étant à fond dans sa musique, il enchaîne ses parties guitares et voix sans une seule hésitation ni même un coup d’œil à ses doigts, tandis que Sanford Parker lui apporte un gros soutien en gérant le côté « je-m’agite-dans-tous-les-sens-et-je-fais-brailler-le-public ».
Dans tout ce secouage de tête et époumonage frénétique résident tout de même quelques sérieuses ombres au tableau. Deuxième constat: « ah merde, après Dark Fortress les gens ne se sont toujours pas pointés ». Voir Nachtmystium jouer devant le Glaz’art même pas à moitié plein, ça fait quand même mal au cul. Autre problème de taille: le son. Je sais bien que cette salle n’est pas réputée pour son acoustique fabuleuse mais il y a quand même des limites! Premier point, le volume. Tous les instrus étaient beaucoup trop forts, du coup tout sonnait bouillie hyper saturée et la basse grésillait par moments. Deuxième point: la voix. Elle était complètement bouffée par le reste et ne ressortait pas clairement comme sur les albums. Quant on sait que Judd prone en interview l’importance des paroles et qu’il fait toujours bien gaffe à articuler pour que les auditeurs puissent le comprendre, voir ses efforts saccagés comme cela refait bien mal au cul. Même sur les passages parlés entre les chansons ça sonnait bouillasse (non, ce n’était pas l’effet). Pourquoi l’ingé son a-t-il ignoré les gestes de Blake lui faisant signe de baisser sa guitare et pourquoi le volume global a-t-il encore augmenté en milieu de concert, je l’ignore. Ce que je n’ignore pas, c’est que j’ai pu être à fond dedans car je connaissais les morceaux sur le bout des doigts mais s’il se trouvait dans la salle un spectateur qui ne connaissait pas le groupe, je ne suis pas sûre qu’il soit rentré chez lui avec une idée fidèle de ce qu’est leur musique. Du coup, vu le son lamentable qui a quand même bien altéré l’écoute du morceau du prochain album, je ne suis pas en mesure de vous donner un compte-rendu fidèle de ce que sera le son sur Silencing Machine, tout ce que je peux vous dire c’est que ça reste du caractéristique de Nachtmystium tout en étant différent d’Addicts, ergo ça n’augure que du bon.
En bref un très bon concert pour les afficionados qui aurait pu être tout à fait génial si le son avait été décent et avait fait justice à l’excellente performance du groupe. En espérant qu’ils accepteront de revenir un jour…
Quelques photos (prises par Ghnös):
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Vidéo uploadée par FrankieSnow1 sur Youtube.