Architects est un groupe anglais aux membres encore jeunes et précoces, ils ont à peine 25 ans en moyenne, mais Daybreaker est déjà leur 5ème album. Le groupe a une certaine notoriété en Angleterre, on les voit en couverture de magazines ou en tête d’affiche, mais ils sont peu connus en dehors de leur terre natale. J’ai apprécié leur musique dès le premier album, Nightmares, mélange intelligent et maîtrisé entre hardcore chaotique et screamo. Le groupe a ensuite évolué après un changement de chanteur, vers des influences plus punk/hardcore, version moderne au son métallisé hyper massif, jusqu’au réussi Hollow Crown en 2009.
Les 3 premiers albums sont donc très bons dans le genre… jusqu’à The Here And Now, le 4ème album sorti en 2011 qui les voit plonger dans les travers classiques de ce genre de groupes quand l’inspiration peine à venir, déviation vers des compos plus simplistes, plus « rock », plus de mélodie « bateau », de chant mièvre, et en général un son qui perd en maturité et semble calqué sur les goûts d’un public adolescent. Grosse déception donc.
Daybreaker a le mérite de redresser la barre, mais à moitié. Ce nouvel album retrouve la fougue et les riffs complexes des débuts tout en gardant quand même les travers pop du précédent. Album mi-figue mi-raisin, dont certains titres sortent quand même du lot, avec quelques déchets gênants aussi. Au rang des réussites, le single « These Colours Don’t Run », bon exemple de la nouvelle direction sociale/politique prise par les paroles, hurlées avec une rage retrouvée, sur un morceau assez épique, tout en tension. « Alpha Omega » les voit renouer avec le hardcore chaotique, riffs en tapping, bon morceau avec un refrain mélodique réussi. Musicalement le groupe a su retrouver une certaine inspiration, les arrangements fouillés, clavier, pianos, passages atmosphériques posent une ambiance urbaine, mélancolique et créent le liant entre metal/hardcore arraché et pop/rock feutré.
Comme souvent, ce sont les voix qui pêchent parfois par niaiserie. Pas que Sam Carter soit un mauvais chanteur mais il se complait trop souvent dans des mélodies gentillettes. Elles ne rendent bien qu’au sein d’instrumentations lui apportant un contraste net, par exemple sur la balade enragée qu’est « Devil’s Island », à la fois très mélodique mais jouée avec une rage phénoménale, avec un refrain à l’impression mélodique lumineuse, quasi-religieuse. En comparaison, les ballades pop électro « Behind the Throne » ou « Unbeliever » font un peu pitié…
Purée, un album avec que des titres de la trempe de « These Colours Don’t Run » et ça aurait été la grande classe! Dommage…