La mouvance hellénique n’a pas à proprement parler de rapport direct avec l’inspiration maligne de la musique métallique Nord Européenne, de son Black à l’élégante pauvreté, âpre et tortueuse, battue par les rafales des vents du Nord tombés depuis la verte Toundra comme un signe de la dureté de ces régions enfiévrées par le froid et l’isolement.
Pourtant sur ce deuxième album, les grecs de Nocternity insufflent dans la tourmente un vent d’un bleu à geler Athanor de leurs compositions grisonnantes à la fibre aiguisée jusqu’aux pointes de ces guitares aussi perçantes et stridentes que les cris des Harpies, contextualisant cet effort de la manière la plus âpre possible et délivrant dans le même temps une des perles de la mouvance atmosphérique.
Derrière cette approche et ce choix technique on voit se dessiner tout le spectre du black du Nord de l’Europe dans sa genèse sombre et asphyxiante, caverneux et enrichi de salves ambient à la manière d’un Burzum, Onyx se place dans un contexte où l’histoire du black métal a fait de lui ce qu’il est devenu, une des plus belles réussites du genre.
Car il faut bien le reconnaitre, cet album est de loin bien identifiable et possède une personnalité assez complexe, singulière et forte pour se forger sa propre légende avec distinction et panache.
Ultra hypnotique, sa structure instable, fumeuse, ne laisse pas présager de la solidité de sa matière, car derrière le brouillard de sa musique, d’où émergent de grands mats nonchalants balancés par la force du ciel et son inconstance qui tient presque du mirage, le groupe a mis en place un décor qui n’a rien d’abstrait, c’est a contrario son concret intangible qui étonne, sa force brute et ondoyante se mêle de légèreté et de vapeurs éphémères, derrière la complainte de Merkaal véritable soufrier du groupe, placé en retrait pour laisser l’arborescence musicale de la horde envahir le paysage acoustique de l’auditeur bercé par cet inquiétant jeu de dupes.
Là où l’aigreur et la dureté de la stridence se fait chirurgicale, Onyx s’enorgueillit de textures ambient aux claviers pour amoindrir le mal, pour laisser l’auditoire pénétrer un tableau beaucoup plus vaste et entêtant, le voyage alors se fait dans toute sa dimension épique, les lointaines résonances s’amenuisent pour laisser l’esprit vaquer à son imagination dans la célébration du lointain, comme pour oublier les plaintes du levant.
Habile mélange, à la fois brouillon et pointu, solennel et dépouillé, dont le panorama déconcertant ne cesse de se dissoudre dans cette épaisseur suggérée par la brume de ces échos immatériels et dont la nébuleuse présence accompagne l’oreille tout du long.
La réussite est bien là, rappelant un Hendrick Avercamp sous le pinceau cette fois-ci de la saturation, percée par l’ire de la Bête…
Et c’est à travers cette érosion constante et génératrice de paysages sonores aussi forts que désolés, que Vinterriket vient clore la profession de foi des grecs par ce « Schwarz Nacht » caractéristique de la production de l’allemand, fermant ainsi les pages de cette aventure atmosphérique qui a tout du disque culte, que ce soit au niveau de ses intentions ou de son résultat plus qu’arrogant, Onyx restera cette rivière glaciale sortie de cette plaine blanche et aride percutée par l’embrun, sur laquelle se dessine le sentiment pur d’une morale ou l’Homme n’a plus sa place.
L’étoile brille dans la nuit, on voit son halo se dessiner à travers la buée…
http://www.youtube.com/watch?v=j_6_B1CDBAs
Album grisant, du même tonneau que son successeur « A Fallen Unicorn », issu de la même session d’enregistrement.
Pas grand chose à rajouter sur cet album, indispensable pour qui aime ce genre de black.
Pour le reste, il est toujours de bon ton sur le net de critiquer la chronique et/ou le chroniqueur, là j’aimerais au contraire souligner que j’ai trouvé cette chronique très plaisante à lire. Ca change des chroniques « tout pour la technique et rien pour le ressenti ». Merci à toi! :-)
C’est dans les vieux tonneaux que l’on fait les meilleurs vins ;).Je te remercie Hoover,on s’expose souvent à la critique,quand nous ne sommes pas en amont nous sommes fatalement en aval,ça fait parti du jeu;en tout cas ça a le don de motiver ce genre de commentaires!En attendant la prochaine livraison du groupe qui j’espère comblera nos attentes héhé
Ma doulce posséde ce disque, faudra que je lui emprunte à l’occase. On murmure aussi dans les milieux autorisés que le dernier EP « Harps of the Ancient Temples » est de fort bon goût aussi.
De rien, c’est sincère.
Pour l’EP, je le trouve un peu court (deux chansons seulement), même si la deuxième est fameuse dans un style très dépouillé. Mais pas besoin de beaucoup pour faire monter la mayonnaise quand on a le talent pour.
C’est moi où j’ai vu l’image de la pochette quinze fois?
tu as sans doute cliqué 15 fois sur la chronique :D
Ca doit être toi MK,c’est l’effet psychotrope de l’isolement dans ton bunker.
mon album de black préféré un chef d’œuvre intemporel ( hé ouais que ça ) 25/20
là on tient une oeuvre d’art du Black métal ! chapeau bas les Grecs