C’est bien malheureux d’avoir à descendre un groupe dont j’apprécie beaucoup les premiers albums, dont je trouvais même l’image d’inconsistance qui a pu leur être apposée inappropriée; les voir s’enfoncer eux-mêmes là où leurs détracteurs les caricaturaient déjà…
Nightmares était une petite bombe haineuse, tendue de bout en bout entre excitation mathcore hystérique et screamo déchirante, Ruin poursuivait en optant pour des inspirations punk/hardcore et la puissance d’un son énorme, Hollow Crown accentuait encore plus cet aspect, misant tout sur l’impact de riffs martelés avec acharnement, appuyé par une production phénoménale, tout en se permettait également quelques refrains en chant clair relativement bien intégrés. Pour moi jusque là le parcours des anglais d’Architects était sans faute, et impressionnant pour un groupe dont aucun membre n’avait encore 25 ans.
C’est peut-être là où le bât blesse, mais je comprend mal comment la maturité des membres du groupe peut dès lors se manifester par une musique qui m’apparait comme beaucoup plus « jeune ». Ce 4ème album en 5 ans ne ressemble pas du tout à ce à quoi le groupe nous avait habitué jusqu’à maintenant. Même les morceaux les plus calmes de Hollow Crown ne pouvaient être décrit comme du punk/hardcore à cheval entre Comeback Kid et Alexisonfire mais The Here And Now se rapproche clairement plus de la musique de ces groupes, sans en avoir la fraicheur et le savoir-faire. La puissance et la technicité des riffs sont gommés, troqués contre une musique plus positive, moins compliquée, avec des refrains mélodiques rageurs que seuls des ados découvrant ce qu’ils pensent être le hardcore arriveraient à reprendre en coeur. Ils y gagneront sûrement un nouveau public, les anglais ayant une scène juvénile bien plus développée qu’ailleurs, mais combien par ailleurs d’anciens fans ne suivront pas cette évolution?
Les acoustiques « An Open Letter To Myself » et « Heartburn » tout aussi joliment composés soient-ils font même carrément pitié à lorgner vers le rock gentillet qui accompagne les séries télé pour ado, et ce ne sont pas quelques hurlements rageurs qui y changeront quoi que ce soit. De même pour « Year In Year Out/Up And Away », qui ne rattrape rien malgré la présence rafraîchissante de Puciato des Dillinger Escape Plan, avec qui ils ont tourné l’année dernière, en guest vocal.
A mon avis, Architects perdent sur tous les tableaux, ils oublient l’aspect screamo qui sous-tendait leurs morceaux et apportait une dose d’émotions fortes, l’aspect technique qui faisait sortir leurs riffs du lot des groupes officiant dans le style pour proposer un album des plus banals. Seul point positif, je ne doute pas qu’en concert le mélange des genres entre ces morceaux et ceux des albums précédents doit aérer l’ensemble, et encore…
Très déçu par cet album, qui se vautre dans le déjà entendu au point que j’ai décroché avant la fin. Comme le dit Jonben, restent Nightmares et Ruins, deux très bons albums, et Hollow Crown déjà sur la tranche à attendre la pitchenette qui les ferait basculer… du mauvais côté pour ma part…
Incroyable qu’après un album comme Ruin, ils soient capables de sortir une soupe pareille. Il en faut pour tous les goûts mais quel grand écart quand même.
Heureusement Beecher remet le couvert…
Très bonne nouvelle ça la reformation de Beecher, merci pour l’info.