Tout jeune groupe californien, Vampire Squid est tellement prolifique qu’il donne l’impression de brûler les étapes. Nautilus World est en effet déjà leur troisième album long-format en seulement deux ans d’existence ! En parlant de brûler les étapes, c’est un peu un comble de la part d’un groupe dont le thème de prédilection est la flotte, ou plus particulièrement les fonds marins qui leur vaut une autoproclamation de style assez farfelue, en effet Vampire Squid joue de l' »oceangrind ».
En fait de grind, le groupe joue plus dans la cour du death technico-core un peu à la manière des premiers albums de The Faceless, soient des influences venant à la fois des classiques du techno death que sont Cynic et Atheist et assimilées à la scène actuelle deathcore progressif. L’un des morceaux schématisant parfaitement cette rencontre de deux styles est Black Ink Hole, entre harmonies de chorus de guitares et quelques inattendus pig squeals rappelant l’EP de Job For A Cowboy. De la cover aux thématiques traitées, Vampire Squid peut aussi être rattaché à Orbweaver même si l’angle d’attaque des californiens reste beaucoup plus compréhensible, beaucoup moins brouillon que ces derniers…
Mais il ne faut pas s’en tenir qu’à cela car la musique de Vampire Squid est d’une densité telle qu’il faudrait énormément de temps pour disséquer chaque compos ! Chacune d’entre elles part en effet dans tous les sens, ouvrant des pistes puis changeant d’avis, déstabilisant l’auditeur tout en sachant rester digeste grâce à l’appui de mélodies guitaristiques parfois virtuoses (Alliance Proposal To The Squids From Saturn, Big Fang Theory) et d’un discret synthé évoquant à eux seuls la plongée au cœur des tréfonds océaniques (les accalmies pendant Deathstarfish), mais aussi un aspect spatial confirmé autant par certaines ambiances que par les lyrics (Stabbing The Stratosphere). La navigation du vaisseau du désormais quartet (piloté par le chanteur/guitariste Andrew Virrueta, secondé par son frère Joey à la seconde guitare) se veut donc très agitée, les cahots sont nombreux, les tempêtes se succédant tandis que l’équipage montre qu’il sait garder le contrôle, même sous substances illicites (ce qui vaut des paroles délirantes et certains passages encore plus barrés lorsque par exemple la batterie s’emballe un peu trop, comme pendant Free Floating (Lost In The OMZ)).
Nautilus World est un album qui n’échappe parfois malheureusement pas au côté trop démonstratif du style, un peu usant sur la longueur. Ces petits défauts mis de côté, on peut s’imprégner de cet album à la puissance dévastatrice, à l’inventivité inouïe et à l’atmosphère singulière, entrainant dans son tourbillon (ou son trou noir, on ne sait plus très bien) tous ces groupes de deathcore générique ayant amorcé tout seul leur déclin. Du mathcore extrême et technique réalisé par des fils spirituels du commandant Cousteau version sci-fi, ça vaut le détour !
- Nautilus World
- Deathstarfish
- Free Floating (Lost In The OMZ)
- Alliance Proposal To The Squids From Saturn
- Stabbing The Stratosphere
- Black Ink Hole
- Xenocephalopod
- Big Fang Theory
- Edge Of The Gooeyverse
- Emerging Hope I: Bioluminescent Skies
- Emerging Hope II: Cuttle Telescope
Merci pour la découverte, très bon album de Death technique-mais-pas-trop, bien produit, et en name your price sur bandcamp : aucune excuse de ne pas lâcher quelques ronds pour une galettes vraiment bien fichue.